CIA : John Brennan, le "monsieur drone" justifie leur utilisation devant le Sénat<!-- --> | Atlantico.fr
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Le futur patron de la CIA a justifié les attaques de drones
Le futur patron de la CIA a justifié les attaques de drones
©Reuters

Mieux avertir pour mieux frapper

L'architecte de la campagne des drones contre Al-Qaïda a longuement défendu le recours à ce type de frappes. Mais il a aussi reconnu le besoin d'être plus "ouvert" vis-à-vis du public sur ces programmes secrets.

John Brennan devrait bel et bien être le futur patron de la CIA. La polémique autour de l'utilisation des drones dans la lutte contre le terrorisme n'aura pas eu raison de sa nomination. C'est en tout cas ce qui ressort de son audition ce jeudi devant le Sénat. Au cours de celle-ci, l'architecte de la campagne des drones contre al-Qaïda, a ardemment défendu le recours à ce genre de frappes ciblées. Seule concession de sa part : il reconnaît que le public n'est pas assez mis au courant de la mise en place de ces programmes secrets. Pas de quoi donc empêcher John Brennan de devenir le directeur de l'agence de renseignements. Même si beaucoup voyaient cette audition comme l'occasion de forcer l'administration à rendre des comptes sur une guerre secrète qui lui fournit le pouvoir de tuer, y compris des citoyens américains à l'étranger, sans en référer à quiconque.

Car cette guerre clandestine est inlassablement dénoncée par les organisations de défense des droits de l'homme. Preuve en est : certains opposants n'ont pas manqué l'occasion de perturber brièvement l'audition devant la commission du Renseignement du Sénat. "Pakistan, Yémen, Somalie, et où encore ? Ils ne disent même pas au Congrès quels pays ils bombardent", a dénoncé une femme dans le public avant d'être évacuée. À cinq reprises, un membre du groupe Code Pink a lancé des slogans hostiles à John Brennan avant d'être lui aussi chassé de l’hémicycle. Imperturbable, John Brennan a dit comprendre les "désaccords" avec le programme d'éliminations ciblées par les drones. Cette opposition est "saine et est une composante nécessaire de la vie démocratique", a-t-il fait valoir.

"Mauvaise impression chez les Américains"

De son bureau à la Maison-Blanche où il a dirigé pendant quatre ans la lutte antiterroriste, John Brennan, 57 ans, dont 25 à la CIA, a orchestré et supervisé les frappes de drones, qui se sont largement intensifiées sous la présidence Obama. John Brennan a ainsi coordonné une "liste de personnes à abattre" appartenant à Al-Qaïda et supervisé les frappes de drones au Pakistan, en Somalie ou encore au Yémen. "Il y a une mauvaise impression chez certains Américains qui croient que nous recourons à ces frappes pour punir des terroristes pour des actes passés. Rien n'est plus éloigné de la vérité", a-t-il plaidé.

"Nous ne recourons à de telles actions qu'en dernier recours pour sauver des vies là où il n'y a pas d'autre alternative pour réduire cette menace", a-t-il expliqué aux sénateurs, rappelant les efforts de l'administration pour minimiser les victimes civiles. La CIA doit publiquement plaider pour la nécessité de ce programme, a-t-il ajouté, disant être un "ardent partisan d'être aussi ouvert que possible". Il a mis en parallèle le besoin de transparence et de protection nécessaire du secret : "Nous devons optimiser la transparence sur ces questions, mais en même temps optimiser le secret et la protection de notre sécurité nationale. Ce n'est pas l'un ou l'autre".

Le recours aux drones fait également débat dans la presse, qui s'interroge sur l'effet des frappes sur l'opinion des populations locales vis-à-vis des États-Unis et sur leur pertinence : quelle est la menace réelle pour les États-Unis que représentent les personnes ciblées et quelle est leur importance dans la hiérarchie d'Al-Qaïda ? Mais cet aspect n'a pas fait débat lors de l'audition jeudi. S'il reçoit l'aval du Sénat, John Brennan succédera à l'ex-général David Petraeus, contraint de démissionner en novembre après la révélation d'une liaison adultère avec sa biographe. Une nomination qui ne devrait pas bouleverser tant que ça le fonctionnement de l'agence.

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