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Xavier Niel, Vincent Bolloré et Stéphane Richard : les trois hommes qui préparent la France de demain
©Reuters

Atlantico Business

Alors que le gouvernement est incapable de proposer une vision de l’avenir de ce pays, qui est donc en train de s’enliser, le monde des affaires français est à la manœuvre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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A Francfort, à Londres, à New-York comme à Singapour, les milieux d’affaires internationaux ne tarissent pas d’éloges sur la qualité des chefs d’entreprise français. La presse anglo-saxonne le répète depuis des années et les participants au dernier symposium de Davos se sont rués sur les membres de la délégation française. Avec une question, comment font les Français pour être aussi inventifs et performants sur les marchés innovants du monde entier ? Comment font-ils alors qu’ils ont des semelles lestées par une fiscalité record au niveau du capital et des investissements ?

Hormis l’attractivité du crédit d’impôts, recherche qui fait des jaloux partout dans le monde, hormis la qualité de l’enseignement dans les grandes écoles d’ingénieurs, le monde entier se demande comment ce pays qui fait rêver les touristes, peut-il encore respirer sous la gangue administrative absolument opaque, avec  la complexité du modèle social, avec un système de redistribution des revenus qui dissuade le plus grand nombre d’aller gagner leur vie dans des fonctions de productions de richesse.

Ce qui était assez amusant à Davos, la semaine dernière c’est que la question du « comment on fait » était posée principalement à Emmanuel Macron. Le monde du business international n’a pas compris que Macron était un des principaux ministres du gouvernement responsable de l’asphyxie qui guette l’Hexagone.

Les hommes d’affaires internationaux ont bien compris que le pays était dominé par un conservatisme dans ses structures et ses organisations qui le rendait incapable de se réformer pour s’adapter aux mutations internationales qui ont bouleversé la planète depuis dix ans.

Ils ont aussi compris que nous avions des industries de base encore très puissantes, capables de rayonner partout dans le monde. L’industrie hôtelière avec le groupe Accor qui est beaucoup plus équilibré et solide à terme que les grandes chaînes américaines ou asiatiques. L’industrie du Luxe avec toutes les entreprises qui appartiennent aux grands groupes historiques que sont LVMH, François Pinault, Channel, Hermès, qui vivent et qui prospèrent sur le marché du luxe à la manière des pays producteurs de pétrole. Ils ont d’ailleurs avec eux une galaxie d’entreprises florissantes qu'ils ont regroupées dans le comité Colbert. Ils vivent sur cette rente que leur apporte le luxe à la Française. Cette fortune n’est sans doute pas immortelle. Comme dans le pétrole, le marché peut se déséquilibrer au profit de cultures extérieures à la culture et au crédit de la veille Europe. Ceci,  n’est pas pour demain.

La France a aussi une agriculture puissante et diversifiée qui si elle réussissait à assumer la modernité et la concurrence mondiale pourrait redevenir la première du monde. Beaucoup plus intéressante et imaginative que l’agriculture de l’Ukraine ou des deux Amériques. Encore faut-il que les agriculteurs acceptent le changement.

En dehors de ces deux secteurs traditionnels, le potentiel économique français est pauvre. Il est certes lourd dans les services que portent les banques et les assurances. Mais tellement fragile compte tenu des possibilités du digital qui peut menacer leur activité à tout moment, Google, Facebook, Orange peuvent faire de la banque demain matin.  Il est faible en potentialité dans les nouvelles technologies, la communication et le digital dans la mesure où les milliers de start-ups qui se créent en France s’expatrient très vite faute de liberté, faute de capitaux propres. Parce que dans un pays comme la France qui cumule 2000 milliards de dettes publiques pour financer son fonctionnement administratifs et social, l’essentiel de l’épargne s’engouffre dans les assurances vies lesquelles servent à financer l’état. Les entreprises peuvent toujours se pointer sur le marché obligataire, elle n’apporteront jamais les garanties que Bercy apporte.

Dans ces conditions comment fonctionne le pays ? L’essentiel du pays fonctionne très mal et à crédit. La partie visible de l’iceberg tient grâce à ses grandes entreprises pour la plupart du Cac 40. Et quand le monde des affaires épluche le CAC 40, il est admiratif des performances d’une dizaine d’entreprises d’origine française. Pas plus.

Sur le marchés des « utilities » c’est à dire des infrastructures, Veolia, Suez , Edf  sont devenus incontournables sur les marchés mondiaux.

Sur les marchés agroalimentaires, la France ne peut compter que sur Danone et Yoplait une entreprise d’origine coopérative ? Ces deux groupes tiennent le coup, certes grâce à la qualité de leurs produits mais surtout grâce a l’histoire qu’ils racontent. L’histoire sociale et solidaire. Ce qui leur donne une valeur et une image bien différente de celle que diffusent les maîtres de la planète que sont Coca Cola, Nestlé ou Kraft foods.  

En dehors de ces particularités, deux secteurs retiennent l’attention des internationaux.

Le secteur automobile français qui a su se redresser après le crise de 2008… grâce à l’aide de l’Etat français, mais surtout grâce a une politique de gamme et des systèmes de production plus compétitif. Ce qui bluffe les étrangers c’est la qualité du management Carlos Ghosn d’uncôté et Carlos Tavarès de l’autre. Des managements qui ont su gérer et brider les freins qui ont toujours perturbé leur développement. L’état chez Renault, la famille Peugeot chez PSA. Fallait le faire. Mais ce sont deux groupes qui sont prêts à rentrer sur le créneau de la voiture connectée, de la digitalisation en général et de l’électrique. Dans ces trois domaines, les constructeurs français sont au  niveau mondial.

Le secteur de la communication avec trois grandes entreprises qui pourraient à terme se transformer en conglomérat. Avec trois managers qui ont parfaitement compris la mutation opérée depuis dix ans sur la planète et qui dans leurs stratégies colle à ces enjeux. Ils jouent la mondialisation, ils jouent la concurrence et ils jouent le progrès technologique.A Londres comme à Francfort, à Singapour comme à New York, les milieux d’affaires considérant que Xavier Niel, Vincent Bolloré et Stéphane Richard sont sans doute les trois hommes d’affaires français qui ont le mieux compris comment tournait la planète et les contraintes que l’économie française devait assumer comme autant d’opportunités d’avenir.

Xavier Niel a bâti un empire à partir de son entreprise de téléphonie mobile. il a commencé par déclarer la guerre des prix pour se tailler une jolie part de marché national. Il va maintenant la conforter en participant au démantèlement de Bouygues Telecom ce qui lui permettra de fabriquer de la marge. Mais parallèlement il s’est positionné sur tous les fronts en Europe. Il est à la chasse en Grande-Bretagne, pour récupérer des actifs qui appartiennent à Three, il est surtout à la manœuvre de l’autre côté des Alpes pour s’attaquer à Telecom Italia, l’opérateur historique. Tout le monde l’attend un jour ou l’autre dans l’anti-chambre de Patrick Drahi quand celui-ci, sera submergé de dettes.

Vincent Bolloré n’appartient pas à la même génération, mais lui a déjà construit un conglomérat qu'il faut désormais rendre plus cohérent. Vincent Bolloré est dans la communication avec Havas et vivendi, il est dans les solutions à la mobilité avec Auto Lib qui lui permet d’étudier la mise au point des batteries c’est-à-dire le stockage de l’électricité, il est en Afrique dans le transport de marchandises et la production de matières premières. Il est en Italie avec un pied chez Generali l’assureur et un autre chez Telecom Italia.  Tous les secteurs investis par Bolloré sont des secteurs, à haute technologie et dans des pays en forte croissance.

Stéphane Richard, à la tête d’Orange, est en train de transformer l’opérateur historique français pour en faire un opérateur présent dans le monde entier, sur les marchés matures comme sur les émergents, mais il a compris qu'avec la téléphonie mobile, il avait le contrôle de la relation client. Il pourra donc, demain rentrer sur le marché de la publicité digitale, sur le marché de la télévision et sur le marché de la banque, la banque qui n’est rien d’autre qu'une énorme machine à faire circuler de l’information puisque l’argent n'est rien d’autre qu'une information sur la valeur des biens et des services.

Plus que d’autres, ces trois chefs d’entreprise ont compris que l’avenir passait par l’Europe, par des structures mondiales, par une capacité à affronter la concurrence et par la maîtrise de l’innovation technologique.

Comme le soulignait les observateurs de business week, dommage que la France n’ait pas dix ou vingt entreprises comme ces trois-là. dommage surtout que le gouvernement français n’a toujours pas compris que la croissance, la valeur ajoutée, l’activité, la performance ne tombaient pas du ciel, mais étaient le résultat du travail des entreprises. Ce sont les emplois, les entreprises, la valeur créée qui fabriquent la croissance et non l’inverse. le résultat (la croissance ) est la résultante du travail.

Tout est possible quand quelqu'un se lève et va travailler.

Le rôle du gouvernement est simplement de ne pas freiner le processus de création de valeur.

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