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Voilà comment les changements de nos régimes alimentaires ont façonné l’évolution de l’espèce humaine. Mais où nous mènera notre alimentation actuelle ?
©Allociné

Tout un plat

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es... et qui ta descendance va devenir ! Car oui, les changements alimentaires ont changé l'homme dans l'Histoire. Raison de plus pour regarder ce qu'il y a dans notre assiette (ou celle du voisin).

Antoine Balzeau

Antoine Balzeau

 Chercheur CNRS au Muséum national d'Histoire naturelle, et travaille au Musée de l'Homme.

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Atlantico : L'anthropologue John Hawkins de l'Université du Wisconsin dans un article du Smithsonian Magazine parle de l'importance capitale de nos régimes alimentaires dans l'évolution de notre espèce. Que sait-on aujourd'hui concrètement de l'impact de la modification des régimes alimentaires dans l'évolution de l'espèce humaine ?

Antoine Balzeau : On sait qu'il y a eu des évolutions majeures chez Homo samiens en raison des changements alimentaires. Les changements induits par le développement de l'agriculture ou l'élevage dans l'évolution d'Homo sapiens est gigantesque. Il faut toutefois rester humble dans ce qu'on interprète, surtout à la lumière de ce que l'on a pu simplifier avant dans l'évolution de l'Homme au sens large.

La persistance de la lactase chez l'adulte ou les gènes de la digestion du lait sont un bon exemple. Ils sont répartis de manière disparate dans des populations qui sont toutes post- élevage mais sans qu'il y ait des liens évidents. Même dans les zones sur terre où l'élevage est présent depuis longtemps il y a des populations entières qui ne sont pas tolérantes ou qui n'ont pas développé ces gènes qui permettent de bien digérer le lait. En Europe on est globalement tous issus d'une histoire assez similaire pourtant il y a des disparités en fonction des populations qui est importante. Les italiens me semble-t-il digèrent moins bien le lait que d'autres. La questions des évolutions alimentaire qui ont joué un rôle dans l'évolution de l'espèce sont donc bien plus compliquées qu'il n'y paraît car l'évolution contrairement à l'image simplifiée que l'on en a n'est pas un phénomène qui a un effet direct avec une adaptation qui resterait indéfiniment.

Ce sont des contraintes complexes qui vont entraîner des modifications complexes et c'est au final une histoire de compromis. Au fil de l'évolution ce que l'on conserve n'est donc pas forcément ce qu'il y a de plus utile mais quelque chose qui fonctionne globalement.  On peut donc se retrouver avec des populations qui ont toutes fait de l'élevage et consommé du lait et pourtant il y aura des disparités du simple au triple dans l'apparition des gènes qui permettent de digérer le lait. Chez des populations certains allèles vont être conservés contrairement à d'autres.

Un bon exemple d'illustration est la débat qu'il y a eu il y a peu de temps sur la couleur de peau. Pendant très longtemps nous avons eu une vision simpliste de la chose qui se résumait à un raisonnement qui reposait sur l'ensoleillement. Cela avait un sens mais n'était démontré par aucune donnée. On s'est rendu compte que le schéma était plus complexe car il y a des gènes de spécimens anciens qui évoluaient en Europe et en Asie qui avaient une peau très sombre. Aujourd'hui d'autres travaux sur les premiers peuples agriculteurs semblent indiquer que les gènes qui ont induit une couleur de peau plus claire ont aussi été mis en place grâce aux changements alimentaires et une agriculture plus développée.

Certains disent que l'alimentation étant moins diversifiée et moins riche en vitamine D aurait conduit à la prévalence d'allèles qui permettent une peau plus clair qui permettrait de mieux synthétiser la vitamine au soleil. C'est à nouveau un raisonnement logique  mais qui ne repose toujours sur aucune donnée. L'alimentation a donc certainement joué un rôle dans la diversité des couleurs de peau que l'on peut observer sans pour autant que l'on puisse vraiment expliquer pourquoi ou comment.

Peut-on déjà dire comment les récentes évolutions de nos régimes alimentaires pourraient faire évoluer anatomiquement notre espèce ou rendez-vous doit-il être pris d'ici à 20 000 ans pour avoir une idée de la réponse ?

On ne peut évidemment pas prédire les évolutions qui auront lieu car on ne peut pas prédire l'effet que pourra avoir un changement de gène, une nouvelle sélection… Penser que l'on sera plus ou moins tolérant au gluten ou autre est bien audacieux. Cela relève du hasard et il n'y a pas de direction indiquée. Par contre on peut tabler sur le fait que la famine va globalement augmenter sur terre et les maladies qui sont liées à ce que nous ingérons vont augmenter dans les pays riches à cause de l'inclusion de produits non naturels en grande quantité.

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