Vivre dans un logement mal ou pas assez chauffé affecte la santé et voilà comment <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Une femme règle le thermostat d'un radiateur à gaz à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 26 octobre 2022.
Une femme règle le thermostat d'un radiateur à gaz à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 26 octobre 2022.
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Crise énergétique

Les personnes qui ont du mal à se chauffer, faute de moyens, sont plus exposées à certaines maladies que le reste de la population. Les rhumes, les angines, la bronchite chronique et l'arthrose sont plus fréquents chez les personnes qui vivent dans des logements mal chauffés et mal ventilés.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

Voir la bio »

Atlantico : Vivre dans un logement mal ou pas assez chauffé peut affecter la santé. Pourquoi les maisons froides peuvent-être nocives et parfois mortelles pour les occupants ?

Christophe de Jaeger : Une maison froide et non chauffée va favoriser l’humidité. Il y aura donc deux phénomènes délétères qui vont être synergiques : le froid et l’humidité. Cette situation sera d’autant plus dangereuse et préoccupante qu’elle touchera une population fragile et sensible, comme les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et même les jeunes enfants. Ceux-ci seront plus exposés à des troubles avec un risque accru d’infections pulmonaires, de problèmes cardiaques ou cérébraux. L’exposition durable au froid provoque des réactions physiologiques de défense de l’organisme consistant à lutter contre la déperdition de la chaleur corporelle. Le froid va provoquer une contraction des vaisseaux sanguins et une augmentation de la pression artérielle avec un risque accru d’accident vasculaire cérébral et/ou coronarien. Pour les personnes âgées, lutter contre le froid peut amener aussi à multiplier les couches de protection avec le risque de rendre les mouvements quotidiens moins précis et augmenter le risque de déséquilibres et de chutes pouvant être à l’origine de fractures parfois graves.

De plus, une bonne nutrition est un des moyens de lutter contre le froid et d’aider son corps à le maintenir à la bonne température. Or là, dans le cadre de la grande précarité énergétique peut se rajouter le risque de dénutrition. Les personnes peuvent avoir des rations caloriques insuffisante et de plus être amenées à manger des plats froids. Ce qui peut engendrer des risques accrus de dénutrition mais aussi d’infections pour les nouveau-nés comme pour les personnes âgées. Tout ceci est terriblement délétère. Chez les plus âgés qui ont des altérations des fonctions cognitives, cela est encore plus grave car ils ne savent pas comment réagir ni même comment se protéger efficacement du froid. Ce qu’il se passe actuellement, est un lien direct entre pauvreté et précarité énergétique. Aujourd’hui, même avec un toit, les personnes sont laissées à l’abandon et se retrouvent véritablement en danger. Se chauffer doit être un droit élémentaire. Dans nos pays tempérés, c’est rarissime d’avoir ce genre de problématique et pourtant, une partie importante de la population risque d’être touchée par le froid. C’est terrifiant.

À Lire Aussi

Cette fraude délibérée qui a plombé deux décennies de recherche sur Alzheimer

Que provoque le froid sur le corps humain ?

L’être humain est une personne homéotherme. C’est-à-dire qu’elle doit maintenir à tout prix sa température aux alentours des 37 degrés. Si celle-ci est amenée à augmenter ou descendre de façon significative, alors il y a un risque vital. Lorsque la température chute trop, on se retrouve dans une situation identique à des alpinistes bloqués en montagne par exemple. Les premières réactions face à cela sont l’apparition d’engelures et de nécroses sur les extrémités. Le corps, qui a fait ce qu’il pouvait pour maintenir la chaleur interne, va diminuer la vascularisation des extrémités. De plus, le sang va devenir plus visqueux, le cerveau sera moins alimenté et rentrera dans une espèce de somnolence qui risque de mener à la mort.

Quelles sont les limites acceptables pour le corps en termes de température ?

A partir de 35 degrés, la personne passe en hypothermie. Dans cette situation-là, le corps ne peut plus fonctionner correctement et il y a un risque de décès. Cependant, il y a plusieurs degrés d’hypothermie. Avant d’être à 35 degrés, la personne ne se sent pas bien, c’est une situation d’inconfort. En dessous, entre 32 et 35, le corps essaie de lutter contre cela, ce qui provoque des frissons. Les muscles se contractent et deviennent de véritables usines à chaleur. En revanche, le système sanguin est en train de délimiter des zones non essentielles. C’est-à-dire que certaines extrémités deviennent froides (nez, oreilles, doigts, orteils). Puis, des engourdissements se mettent en place dans le corps et la personne touchée devient maladroite. Lorsque l’on se trouve entre 28 et 32 degrés, alors il y a un vrai manque de coordination et des difficultés à parler. Dans cette situation, on a une atteinte de notre jugement, on est confus. L’hyperventilation commence à apparaître, le cœur s’accélère, ce qui engendre une tachycardie. Lorsque l’on passe la barre des 28 degrés, c’est tout simplement la mort qui nous attend. Le corps n’a plus de réaction, on perd conscience, la respiration va ralentir jusqu’à l’arrêt cardiaque.

À Lire Aussi

Un "entraînement respiratoire" quotidien peut être aussi efficace que les médicaments pour réduire l'hypertension artérielle

Avec la crise énergétique, les ménages seront de plus en plus amenés à faire des économies d’énergie cet hiver. Que faire pour essayer de préserver sa santé lorsque l'on est contraint de vivre dans le froid ?

Lorsque vous êtes exposés au froid, le premier conseil est d’avoir un maximum de protection pour conserver la chaleur du corps. C’est-à-dire de porter des vêtements adaptés à la situation. Le second conseil, c’est de pouvoir bouger. En étant actif, les muscles travaillent et cela va venir protéger le corps. Puis, la nourriture jouera aussi un rôle essentiel. Pour résister à ce froid, il faut forcément que le corps soit nourri de sucres et de graisses afin de combattre les basses températures. Ce sont les principaux éléments. En tout cas, ce sujet montre à quel point nos sociétés sont fragiles. Qui aurait pu penser un jour qu’on serait dans cette situation-là ?

À Lire Aussi

À quelle heure faut-il prendre ses médicaments (ou se faire vacciner) pour en maximiser l’efficacité ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !