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"Vieux con" de Christophe Alévêque : un humour qui ne fait pas dans la dentelle !
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Les vieux cons modernes, ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît !

Jean Ruhlmann

Jean Ruhlmann

Jean Ruhlmann d’abord professeur d’histoire en collège, est actuellement enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’université de Lille – Charles de Gaulle. Le théâtre est une passion qui remonte à sa découverte du Festival d’Avignon ; il s’intéresse également aux séries télévisées. Il est, avec Charles Edouard Aubry, co-animateur de la rubrique théâtre et membre du Comité Editorial de Culture-Tops.

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THÈME

• Christophe Alévêque est désormais père d’un marmot de deux ans - « Mon petit ange, que du bonheur... Je me demande quand même si j’ai pas fait une connerie... ». Il a laissé l’enfant dormir sagement dans la loge pendant que son “vieux con“ de papa se produit sur scène.

• Le problème n’est pas de savoir si Alévêque junior va réclamer son père pendant le spectacle, mais bien plutôt celui-ci : comment expliquer à ce jeune enfant le monde tel qu’il est et, pire, tel qu’il risque de devenir quand le fiston aura grandi ?

POINTS FORTS

• Voilà un humoriste qui ne mâche pas ses mots et n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Alévêque n’hésite pas à s’en prendre aux fétiches de ce qui nous tient lieu de « civilisation » : les injonctions à la « parole libérée », les appels incessants et incantatoires au « débat » (aseptisé), le prêt-à-parler (« Nous sommes en guerre [contre le COVID]... Planquez vous ! »), les cellules de soutien psychologique à discrétion et la victimisation à gogo... Et le trait porte : la bien-pensance et ses « couloirs de pensée » - sur fond d’incessants « pia pia pia » relayés par les réseaux sociaux - sont ridiculisés jusqu’à plus soif.

• Irrévérencieux, Alévêque l’est sans aucun doute, mais avec talent, panache et goût du risque, lui qui a pour adversaires toutes les formes de superficialité et d’aliénation contemporaines. L’idéologie du « care » en prend pour son grade, avec ses qualificatifs empathiques (« surcharge pondérale » pour « obésité », « anciens » pour « vieux », « mobilité réduite » pour « handicap », etc, etc...).

• Bien peu de ses collègues humoristes osent s’aventurer là où le « vieux con » va croiser le fer, n’hésitant pas à convoquer aussi bien Michel Fourniret et Nordhal Lelandais, que les homos vindicatifs et les féministes castratrices. Le bretteur, et c’est tout à son honneur, joint le geste à la parole, et se dépense sans compter, soucieux qu’il est d’utiliser son langage corporel à l’appui de ses piques les plus dévastatrices.

• Ainsi se dresse, sous nos yeux embués par les larmes d’un rire décompensateur, la figure du « vieux con moderne » : nullement réactionnaire ou conservateur, quoiqu’un chouïa nostalgique (ah, le “tiercé des cochons“ jadis en Bourgogne !), il incarne une résistance intraitable envers la bien-pensance contemporaine dégoulinante et envahissante, et il rend coup pour coup...

QUELQUES RÉSERVES

• Bien pensants et fervents macronistes s’abstenir, vous prendrez cher, rirez jaune.... mais rirez beaucoup !

ENCORE UN MOT...

• Christophe Alévêque n’est pas un rebelle en peau de lapin. Il reprend le flambeau tenu un temps par des figures plus (Coluche) ou moins (Patrick Font) connues pour leur humour sans (presque) aucune retenue ni limite, n’hésitant pas à faire dans la grossièreté, mais laissant la vulgarité à d’autres (Bigard).

• De plus, il a le courage de dénicher le risible (la matière de son propos) là où tant de comiques hésitent à venir le chercher, sans doute par manque d’inspiration et/ou peur pour leur si précieuses carrière et réputation.

• Vieux con nous exhorte à retrouver l’esprit critique - dans le fil du « non » gaullien en juin 1940 - mais aussi le sens du « n’importe quoi », tel qu’il put se manifester ici ou là par le passé.

UNE PHRASE

« J’ai choisi de faire payer ceux que j’aime... Merci d’être venus ! »

L'AUTEUR

• Christophe Alévêque commence à faire des siennes en 1988 dans Les stagiaires, puis il commence à sévir avec Philippe Sohier, qui restera son complice. Repéré par Laurent Ruquier, il intègre l’équipe de Rien à cirer, sur France inter, émission séminale au ton qui lui convient parfaitement, et réciproquement...

• S’ensuivent des collaborations à On a tout essayéOn va s’gêner, et, on s’en doute, Nulle Part ailleurs.

• Alévêque débute les seuls en scène avec Même pas peur en 1998 ; il met ensuite en place le personnage de Super rebelle et toute une série de spectacles éponymes (- candidat libre, - président). Parallèlement, il tient une Revue de presse bien plus cinglante que celle - d’abord réputée, puis paresseuse et prévisible - du regretté Guy Bedos.

• Vieux con a été écrit par lui durant le confinement (source d’inspiration puissante pour l’humoriste) et ce spectacle se donne dans toute la France depuis septembre 2021.

• Notez au passage que Christophe Alévêque fait les choses bien : le recueil de ses pensées est publié sous le titre d’Éloge du vieux con moderne aux éditions du Cerf (en vente à la librairie du théâtre où il se produit), et il entend fédérer ses semblables dans un [email protected], qui distribue des cartes d’adhérents. Il y en aura pour tout le monde !

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