Et la palme du sondage le plus idiot de l'été revient à...

C’est la période des vacances. En cette morte saison de l’information, les médias rivalisent d’imagination pour tenter de vendre quelques exemplaires. La presse féminine proclame que vous allez perdre 5 kilos (10 kilos pour les hebdos les plus audacieux) et vous conseille sur la manière de faire l’amour sur la plage. La presse masculine (oui, ça existe) explique à ses lecteurs quels sont les moyens les plus sûrs pour se faire un max de filles. Quant aux hebdos généralistes, ils scrutent les mystères de l’univers et s’intéressent aux continents engloutis.

L’hebdomadaire Marianne ne mange pas de ce pain là. Courageusement il fait de la politique. C’est ainsi qu’il publie un sondage renversant et totalement révolutionnaire. Et ce sondage fait apparaître que, dans l’hypothèse d’une élection présidentielle, Manuel Valls battrait Nicolas Sarkozy ! La belle affaire ! Ne nous attardons pas sur le fait que le ministre de l’Intérieur ne sera pas candidat en 2017 (ce sera Hollande). Il est évident, tout comme la Terre tourne autour du Soleil, que Valls terrasserait n’importe quel candidat de droite. En effet, une grande partie des sympathisants de gauche pensent- peut-être à tort- qu’il est de gauche. Et une grande partie des électeurs de droite estiment –peut-être pas tout à fait à tort- qu’il est de droite.

Mais peut-être faut-il voir dans le jouissif « Sarkozy serait battu ! » de Marianne un reliquat de son anti-sarkozysme passé qui, pendant des années, a boosté ses ventes ? Mais pas du tout. Car l’hebdomadaire annonce dans le même sondage, dans un louable souci d’équilibre, que Nicolas Sarkozy écraserait Jean-Luc Mélenchon. Ne nous attardons pas non plus sur le fait que le leader du Front de Gauche ne figurera évidemment pas au second tour d’une élection présidentielle. Sarkozy battrait Mélenchon ? Mais n’importe qui- et même n’importe quoi- battrait le pathétique démagogue d’extrême gauche !

Et c’est comme ça qu’on fait de l’info. De la bonne info. Il semblerait que la canicule ait frappé plus fort à Marianne qu’ailleurs. Ce qui ne nous empêche pas d’attendre, avec une impatience gourmande, les prochains sondages dont nous gratifiera l’hebdomadaire. Du genre « Qui selon vous de Quasimodo ou d’Esmeralda a le plus de charme ? ». Ou « Pensez-vous que votre patron va vous inviter quand il partira en vacances aux Seychelles ? ». Ou encore : « Croyez-vous que les journaux racontent n’importe quoi ? » (pardon, ça m’a échappé !). Il se murmure qu’à la conférence de rédaction de Marianne, un stagiaire naïf a demandé : « Au fait, pourquoi il n’y a  pas Hollande dans votre sondage ? ». Plié en deux de rire la hiérarchie à ricané : « Hollande ? Mais c’est qui ça ? ».