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Tweet de Trierweiler : il est temps 
d’encadrer juridiquement 
le statut de Première Dame
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La normalisation, c’est maintenant !

Suite à l'affaire du tweet de Valérie Trierweiler, Sophie de Menthon explique que la Première Dame doit être encadrée par un statut qui lui donnera le poids de ce qu'elle peut dire et ne pas dire.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Atlantico : Qu'est-ce que vous évoque cette affaire ?

Sophie de Menthon : Je pense qu'il y a deux façons de considérer cette "affaire" : l'éclat de rire que peut susciter le tweet incontrôlé d'une femme jalouse et on en reste alors là. Mais il y a une deuxième façon de voir toute cette histoire selon moi. C'est quelque chose qui va beaucoup plus loin que ça et qui ne peut pas ne pas avoir de conséquences.

Pourquoi cette histoire va-t-elle très loin selon vous ?

Toutes les femmes des présidents précédents ont eu un rôle discret, plutôt consacré à des associations caritatives comme les pièces jaunes, ou à des fondations, comme celles de Carla Bruni-Sarkozy. Elles ont tenu un rôle traditionnel. Mais elles ne se sont jamais mêlées de politique. Or ce tweet, il faut voir la réalité en face, est un désaveu de la position du président de la République François Hollande. Comment peut-on ignorer ou faire semblant de considérer que ça n'a pas d'importance ?

C'est une femme libre, qui envoie des tweets. Pourquoi pas ? Mais il se trouve qu'elle vient de désavouer le président de la République. C'est un désaveu car le président de la République a donné son aval à Ségolène Royal en disant qu'il ne soutenait qu'elle. Il a même probablement demandé à Martine Aubry et Cécile Duflot, ministre en exercice, d'aller la soutenir ce matin. Toutes les télévisions les filmaient … et qu'est ce que fait Valérie Trierweiler ? Elle dit bonne chance aux concurrents. Ca reste éthique car la liberté d'expression reste un droit fondamental mais ce qu'elle a fait n'est pas correct. Ce n'est pas correct, car contredire aussi publiquement le président de la République alors qu'on en est "la femme", ce n'est jamais arrivé dans aucune démocratie. On prend donc immédiatement la dimension de ce que pourraient être les tweets de son opinion politique appliquée à d'autres registres. Je pense qu'étouffer l'affaire ne serait pas une bonne chose. La droite va s'en emparer, la gauche s'amuse. C'est très français comme réaction.

Qu'est-ce qui devrait alors être fait pour empêcher que cela ne se reproduise ?

Je crois que nous venons d'être confrontés à un problème institutionnel majeur. Actuellement, la femme du président de la République ou sa compagne, ce qui est déjà inhabituel, n'a pas de statut juridique en France. Le vrai problème aujourd'hui est donc qu'il n'y a aucun recours face à ce type d'interventions politiques. On ne peut rien faire. Face à cela, il faudrait ainsi immédiatement lui donner un statut qui l'empêche de s'exprimer. Il faut notamment un devoir de réserve pour ce statut. Il faut apporter immédiatement une position, sinon ce n'est pas possible. Imaginons que dans trois semaines le président décide de rentrer en guerre avec la Syrie, on peut avoir un tweet en disant qu'elle n'est pas d'accord ?

Je pense qu'elle doit avoir un statut, car ce statut lui donnera alors le poids de ce qu'elle peut dire ou ne pas dire justement. Là, c'est probablement une femme mal dans sa peau qui ne sait pas très bien où commence son rôle, où il finit et quelle est sa place.

Certains pensaient qu'elle pouvait rester chez Paris Match mais ce tweet montre que la réponse est non. Elle pourrait faire de la peinture, chanter, avoir une activité qui n'a rien à voir. Mais avoir une activité de journaliste, envoyer des tweets, ça certainement pas. Même s'il s'agit de sujets culturels. Imaginons qu'elle fasse des critiques d'expositions, la parole d'une femme de président de la République peut mettre un peintre à la mode. Les conséquences de la parole d'une Première Dame sont donc très importantes, et je pense qu'on n'a pas pris ça en considération avant aujourd'hui car ce cas ne s'était jamais présenté. Valérie Trierweiler n'est pas une femme "normale", hélas pour elle. Elle ne peut pas vivre dans le XVe arrondissement de Paris, envoyer des tweets et être journaliste chez Paris Match. C'est ce genre de choses que le statut doit encadrer.

Par ailleurs, si elle estime que ne pas être une potiche, c'est se mêler et donner son avis, qui n'a aucun intérêt sinon celui de sa notoriété, alors vive les potiches !

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