Ce que l’usage des pronoms révèle de votre personnalité<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Selon James Pennebaker, ces mots grammaticaux seraient des indicatifs importants de l’état psychologique d’une personne.
Selon James Pennebaker, ces mots grammaticaux seraient des indicatifs importants de l’état psychologique d’une personne.
©Reuters

Dis moi ce que tu dis...

James Pennebaker est l’auteur du livre "The Secret Life of Pronouns : What Our Words Say About Us" (La vie secrète des pronoms : ce que les mots disent sur nous). Selon lui, l’emploi de certains termes grammaticaux sont révélateurs de l’état psychologique d’une personne.

Et si les termes grammaticaux (pronoms, articles, prépositions) que nous employons étaient bien plus révélateurs que leur contenu lui-même ? C’est en tout cas la théorie développée par James W. Pennebaker, le directeur du département de psychologie de l’université du Texas à Austin. Il est aussi l’auteur du livre "the Secret Life of Pronouns : What Our Words Say About Us" (La vie secrète des pronoms : ce que les mots disent sur nous).

Dans les années 1990, James Pennebaker a contribué à développer un programme informatique qui a recensé et classé les mots de milliers de textes. Le programme a distingué deux types de mots : les mots lexicaux qui désignent les noms, verbes ou adjectifs et mots grammaticaux c’est-à-dire les pronoms, articles, prépositions, soit tous les termes qui lient les mots du langage.

Dissertations, dialogues de messageries instantanées, retranscriptions de conférence de presse, c’est au total quelques 400 000 textes qui ont été ainsi disséqués. Et selon James Pennebaker, ces mots grammaticaux seraient des indicatifs importants de l’état psychologique d’une personne.

Selon le professeur, les mots lexicaux forment la base de la conversation. Ils nous permettent d’exprimer des idées. Les mots grammaticaux permettent de former et de synthétiser le langage. Ces mots sont la clé pour comprendre les relations entre les orateurs, les objets et les autres individus. Ces mots sont analysés par le cerveau différemment. Ainsi, James Pennebaker affirme que lorsque l’on analyse l’usage des mots grammaticaux d’une personne, on peut entrevoir son état émotionnel, sa personnalité et même son âge ou sa classe sociale.

A la simple question "Quel temps fait-il dehors ?", on peut répondre tout simplement "Il fait froid" ou bien "Je pense qu’il fait froid". Le "Je pense" peut paraître sans importance  et pourtant : il indique que la personne est centrée sur elle-même. Les personnes dépressives emploieraient davantage le pronom "je" que des personnes plus stables émotionnellement.

Déceler quelqu'un qui ment

James Pennebaker estime également que l’on peut même déceler si quelqu’un ment rien qu’en observant l’usage de ces mots. "Une personne qui ment à tendance à employer le pronom "nous" ou à faire des phrases sans jamais dire "je"". Les menteurs prononceraient davantage des mots comme "mais", "sans" ou "jamais". Pour aboutir à cette conclusion James Pennebaker a analysé de nombreuses retranscriptions de témoignages lors de procès.

Le psychologue s’est lui-même prêté à l’exercice avec des résultats qu’il juge surprenants. Il s’est équipé d’un petit enregistreur se déclenchant toutes les 12 minutes pendant 30 secondes. Après avoir analysé ses conversations il s’est rendu compte qu’il s’adressait de façon plus informelle et personnelle avec sa femme et sa fille alors qu’il parlait à son fils de façon plus détachée. "J’ai réalisé que je m’écartais de lui, que je n’étais psychologiquement pas présent, analyse-t-il. Nos relations étaient tendues alors je réagissais en étant plus détaché, comme le sont souvent les hommes quand ils sont préoccupés. Lorsque je m’en suis rendu compte, j’ai essayé d’être plus humain et honnête avec lui."

Nous employons aussi différemment les mots selon notre genre. Nous aurions tendance à croire que les hommes, plus narcissiques et autocentrés, utiliseraient davantage le pronom "je". C'est pourtant le contraire : les femmes se servent davantage des termes "je" ou "moi" alors que les hommes prononcent plus les articles "le", "la", "un" ou "une" car ils parleraient davantage d’objets et de choses. Les femmes sont plus attentives à leur état et évoquent plus les personnes et les relations.

Il est alors tentant d’essayer d’analyser les discours de ceux qui nous entourent. Mais la tâche risque d’être bien compliquée sans le logiciel adapté. "Prenons une personne dépressive, explique James Pennebaker, le mot "je" comptera pour 6,5% de ses mots contre 4% pour une personne non-dépressive. C’est une énorme différence statistique mais nous ne pouvons pas le déceler à l’oreille."

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !