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Un islam de France ? Des mots pour ne rien dire
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Digressions byzantines

On en parle, on en discute, on projette. Tout ça pour la dernière tarte à la crème du débat à la française.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Malek Chebel et Claude Sicard ont livré sur Atlantico des considérations tout à fait raffinées et argumentées sur ce que devrait être un islam de France. Une cocarde tricolore sur le drapeau vert du Prophète. Du « made in France » dont – n’en doutons pas – Arnaud Montebourg se chargera d’assurer la promotion et l’exportation, histoire de rééquilibrer notre balance des paiements. Des imams bien de chez nous, indépendants de toute « influence étrangère », etc.

Leur dissertation est intelligente, mais le sujet est sans fondement ! Beaucoup d’érudition et de culture gaspillées pour parler d’un objet aussi peu identifié que les soucoupes volantes. De la même façon, à une autre époque et dans d’autres lieux, les théologiens de Byzance discutaient du sexe des anges, alors que les Ottomans étaient aux portes de la capitale de la chrétienté d’Orient. Mais rassurons-nous quand même : Paris ne deviendra pas Constantinople. L’islam de France… Ça veut dire quoi ? Y a-t-il chez nous un catholicisme de France ? Un protestantisme de France ? Un judaïsme de France ? Un bouddhisme de France ? Apparemment non. Alors si on se croit obligé de parler d’un islam de France, c’est qu’il y a un problème spécifique, particulier avec cette religion professée par plus d’un milliard d’individus. Le simple énoncé de cette notion (islam de France) tendrait à l’évidence à démontrer qu’il y a pour le moins craintes, suspicions et inquiétudes concernant cette pratique religieuse.

Bien sûr qu’il n’y a pas – et qu’il n’y aura pas – d’islam de France. Cette religion, diversement appliquée là où elle règne, est une. S’interroge-t-on sur un islam de Papouasie, un islam de Russie, un islam de Pologne, un islam du Liechtenstein, du Luxembourg ? En revanche, il y a un islam en France. Il n’a rien à voir avec l’islam pratiqué au Pakistan, où le blasphème est puni de mort. Il est éloigné de l’islam des coupeurs de mains de Tombouctou et des coupeurs de têtes d’Arabie Saoudite. Il ne peut être assimilé à l’islam régnant au Yémen où l’on marie les fillettes de 11 ans. Rien non plus ne peut le rapprocher de l’islam pratiqué au Qatar, notre ami et notre bienfaiteur, où une Norvégienne violée écope de 6 mois de prison pour « conduite indécente ». Enfin, il ne doit pas être confondu avec l’islam de Tunisie où les Femen vont en prison.

On conviendra donc qu’il est modéré. Modéré parce qu’il n’est pas, en France, au pouvoir. Modéré car la société française rejette des usages et des pratiques qu’elle a en horreur. Modéré car il y a en France des lois qui interdisent chez nous ce qui se fait au Yémen, au Pakistan, en Arabie Saoudite et ailleurs. Tout est là. Et le reste – c’est-à-dire l’islam de France – n’est que vaine littérature.

S’agissant de l’organisation de ce culte, un organsme spécifique est censé s’en occuper. Lors du précédent quinquennat, Sarkozy, croyant bien faire (et ce ne fut pas sa meilleure idée), avait initié un Conseil français du culte musulman (CFCM). Ses membres sont élus par les fidèles des mosquées, les représentants étant désignés curieusement en fonction de la surface des lieux du culte. C’est assez bizarre. Mais c’est ainsi. Au CFCM siègent des hommes a priori sages et pacifiques. Ils se querellent fréquemment selon qu’ils sont proches du Maroc, de l’Algérie, de la Turquie. C’est parfois très animé. Leurs disputes sont aussi acharnées que celles qui opposaient les jésuites et les jansénistes du temps de Louis XIV. La comparaison s’arrête là car il n’est pas démontré qu’on ait trouvé parmi eux un Blaise Pascal. Et on peut comprendre qu’ils soient bien trop occupés pour condamner les crimes qui sont commis au nom de leur religion, dont ils ont la charge en France…

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