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"Les Revenants" (Canal +)
"Les Revenants" (Canal +)
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Ne zappez pas !

La morosité économique de 2013 ne devrait pas affecter la qualité des séries télévisées de 2014, et l'influence américaine sur les productions françaises ne devrait qu'améliorer les crus de l'année. Bilan des tops de cette année 2013, qu'on savourera encore à la rentrée.

Vincent   Colonna

Vincent Colonna

Vincent Colonna est consultant en séries télé. Il est l'auteur de deux volumes sur la technique narrative de la série télé : L'art des séries télé, tome 1 et 2, Payot éditeur.

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Atlantico : L'année 2013 a été marquée par les séries télévisées à succès, surtout américaines. Se classent parmi les meilleures, The Walking dead, The Mentalist, Game of Thrones, Homeland. Mais ne risquent-elles pas de voir leur audimat baisser en 2014 ?

Vincent Colonna : Le risque est faible. Les séries qui n'ont cessé de progresser vont sans doute continuer sur leur lancée.

Alors que les Français découvrent  The Walking Dead, ils connaissent déjà des séries plus anciennes comme The Mentalist. Pourtant, les audiences ne cessent de monter. Deux bonnes raisons expliquent ce phénomène : d'abord, normalement c'est une série qui n'est pas "feuilletonnante", les épisodes sont bouclés. Mais les épisodes reviennent sur le fil conducteur qui est un tueur en série – John le Rouge – qui a tué la femme et l'enfant du Mentalist. Cette série devient donc "feuilletonnante". Ensuite, les gens la connaissent, donc elle progresse. Le caractère "feuilletonnant"  oblige les gens à ne pas manquer des épisodes. Cela verrouille l'audience ce qui explique la progression. C'est une série très populaire et grand public avec des codes stéréotypés. Quand le héros est lui-même impliqué, il est meilleur et les épisodes le sont d'autant plus. Cette série va progresser.

The Walking Dead est dans un autre domaine. C'est une série sophistiquée qui touche des petits publics – alors que The Mentalist touche 8 millions de personnes. Cette série vise donc une autre cible. On ne la regarde pas à la télé mais en ayant acheté le coffret ou illégalement en streaming. Là encore de plus en plus de gens la connaissent, ce qui va engendrer une progression. The Walking Dead a l'air d'une série d'horreur mais en réalité c'est bien plus que cela. Sous prétexte que les zombies ont envahi l'Amérique, ça nous montre finalement comment les gens vivent ensemble, menacés par un danger commun. Comment ils survivent, comment ils concilient la vie en communauté sans loi, sans règle, sans police, sans armée. Ce thème est fort, il dépasse largement la thématique de l'horreur. Cela attire beaucoup de gens qui ne sont initialement pas intéressés par les films d'horreur.

Game of Thrones est encore diffèrent. On est dans un genre assez typé qui a ses fans mais peut également en écarter beaucoup d'autres. On se situe dans le fantaisiste, dans un monde médiéval. Cette atmosphère n'est pas pour tous. Parallèlement,  il y a une poésie et beaucoup de grands moments. Malgré la faible cible, c'est aussi une série qui devrait progresser.

Enfin, l'avenir de Homelandest plus incertain. C'est un concept qui est difficile à poursuivre pour plusieurs raisons. C'est un peu comme Prison Break finalement. Il s'agit de concepts qui normalement ne marchent qu'une fois, une saison. Or les producteurs ont réussi une seconde saison. C'est à chaque fois un pari. Il faut trouver une bonne idée qui permet au concept de continuer à vivre alors qu'il ne devrait pas fonctionner. Dans Homeland, ce principe d'avoir une sorte de traitre, un faux héros, un imposteur n'est pas vendeur. Or la série a eu du succès, peut-être du fait que dans la seconde saison, l'acteur est agent double. Cette duplicité fait la force de la saison 2. Dans la saison 3 il fuit après un attentat. Vont-ils trouver quelque chose pour rendre cette saison intéressante ? On l'ignore encore. La troisième saison de Prison Break était ratée. Le risque que prend Homeland est semblable. Dès qu'on poursuit un concept plus loin qu'il ne peut être poursuivi en principe, on prend un risque. Le génie c'est de savoir le faire. Même les scénaristes américains peuvent se tromper. Au-delà du talent, il faut du génie.

A contrario, y a-t-il des séries dont la diffusion va être stoppée en 2014 ?

En général les séries qui ne fonctionnent pas sont arrêtées en cours de route. Les Américains travaillent en flux tendu. A la différence de la France, ils ne prévoient pas de faire une ou deux saisons. Ils font des blocs d'épisodes, par exemple quatre ou huit, et si ça ne fonctionne pas, ils arrêtent. Il existe toujours des cas particuliers où les producteurs trouvent un mode de financement qui permet de faire des miracles. Par exemple la série Damages a toujours eu des audiences mitigées. Pourtant, les producteurs ont trouvé le moyen de poursuivre grâce à des modes de financement secondaires.

La France s'est également démarquée avec la réussite de séries telles que Tunnel ou encore Les revenants. 2014 va-t-elle être une année charnière pour la production française ? Quelle est la recette du succès à la française ?

La France va également progresser en termes de séries télévisées. 2013 a été une bonne année, aussi bien pour les séries populaires sur TF1, que pour des séries plus sophistiquées sur Arte ou Canal +. Comme séries à succès, on peut citer Les Revenants sur Canal +, Ainsi soit-il sur Arte, Fais pas ci fais pas ça et les Hommes de l'ombre sur France 2, ainsi que No Limit sur TF1.

Ça va continuer car on voit aujourd'hui qu'il n'y a plus de séries maladroites, imparfaites, avec des épisodes ratés. On peut bien sûr toujours discuter sur l'inventivité de la série. Par exemple, la série Candice Renoir sur France 2 est parfaite, irréprochable. Maintenant, est-elle assez inventive dans ses intrigues ? Ça se discute. Les intrigues sont classiques, on n'est pas dans le déchiffrement de la réalité comme le font les Américains. En revanche, pour la série Les revenants, on a les deux : perfection sur le plan technique, et inventivité.

Il y aura de plus en plus de bonnes séries. La suite est d'ailleurs prévue pour presque toutes les séries qui ont fait de l'audimat.

La recette du succès, ce sont des séries qui marchent, des séries populaires, même s'il manque de l'inventivité. En effet, cela permet à l'industrie de la série de bien se porter, pour qu'elle puisse faire travailler du monde et qu'il y ait des jeunes qui se forment. Ce sont ces jeunes qui feront des choses géniales plus tard. Tous les grands Américains cités ci-dessus viennent des séries populaire s et parfois même de séries de "day-time", celles qui passent en journée (peu regardées et très industrielles). C'est là qu'on apprend le métier, c'est le banc de l'école pour tendre vers des productions plus inventives, originales, moins stéréotypées.

De nouveaux concepts vont-ils voir le jour ? Peut-on encore être surpris par une nouvelle série télévisée ?

Les patrons de chaînes ont compris que la série était avantageuse pour la télévision. En effet, la série est un rendez-vous. De ce fait, quand une série fonctionne, les producteurs peuvent garantir aux annonceurs un certain public. A l'inverse, lorsque l'on produit un" 90 minutes", l'audience est imprévisible.

 Aujourd'hui il y a une prise de conscience globale dans le paysage audiovisuel français de l'importance de la série. La série est rentable économiquement. Il faut être inventif car le public est plus exigent, il veut des choses nouvelles. On va ouvrir les vannes et on va permettre aux scénaristes d'être inventifs. On a fini par comprendre qu'il fallait s'aventurer sur les terrains qui fâchent. Avant, il ne fallait pas parler de religion, de la mort, de la guerre. Maintenant, on a compris que les sujets qui fâchent sont intéressants et vendeurs.

Propos recueillis par Marianne Murat

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