Tout conflictualiser et provoquer le chaos : quelle efficacité possible pour la stratégie des Insoumis (et comment leur répondre…) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les députés de La France insoumise lors de la rentrée parlementaire.
Les députés de La France insoumise lors de la rentrée parlementaire.
©JULIEN DE ROSA / AFP

Extrême gauche

La stratégie de rupture prônée par Jean-Luc Mélenchon, basée sur la conflictualisation, peut-elle faire preuve d'efficacité électorale ?

Christophe Boutin

Christophe Boutin est un politologue français et professeur de droit public à l’université de Caen-Normandie, il a notamment publié Les grand discours du XXe siècle (Flammarion 2009) et co-dirigé Le dictionnaire du conservatisme (Cerf 2017), le Le dictionnaire des populismes (Cerf 2019) et Le dictionnaire du progressisme (Seuil 2022). Christophe Boutin est membre de la Fondation du Pont-Neuf. 

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Bruno Cautrès

Bruno Cautrès est chercheur CNRS et a rejoint le CEVIPOF en janvier 2006. Ses recherches portent sur l’analyse des comportements et des attitudes politiques. Au cours des années récentes, il a participé à différentes recherches françaises ou européennes portant sur la participation politique, le vote et les élections. Il a développé d’autres directions de recherche mettant en évidence les clivages sociaux et politiques liés à l’Europe et à l’intégration européenne dans les électorats et les opinions publiques. Il est notamment l'auteur de Les européens aiment-ils (toujours) l'Europe ? (éditions de La Documentation Française, 2014) et Histoire d’une révolution électorale (2015-2018) avec Anne Muxel (Classiques Garnier, 2019).

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Atlantico : Jean-Luc Mélenchon s'appuie, depuis plusieurs années désormais, sur une stratégie de la conflictualisation telle que théorisée notamment par la philosophe Chantal Mouffe et Sophia Chikirou. En quoi consiste-t-elle, concrètement ? Comment se manifeste-elle sur les réseaux sociaux ou devant les médias, par exemple ?

Bruno Cautrès : Il s’agit d’une stratégie politique à double facette. Sur la forme, il s’agit de montrer que l’on ne baisse jamais la garde et que le combat politique de long terme prime sur les données de l’actualité de court terme : toute concession faite serait un aveu de faiblesse et trahirait le message politique le plus important à préserver, celui de l’insoumission, du refus de se soumettre. Ce n’est pas seulement l’insoumission vis-à-vis du système capitaliste, c’est aussi l’insoumission vis-à-vis du système politique et médiatique dominant. Cela se traduit d’ailleurs par des prises de parole qui veulent régulièrement pourfendre cette « pensée unique » médiatique, qualifiée de « doxa » des classes dominantes. Et cela se traduit par une forte présence de Jean-Luc Mélenchon non seulement dans l’espace médiatique « classique », pour porter ce combat mais aussi dans les plateformes des réseaux sociaux : chaine Youtube de Jean-Luc Mélenchon, chaine de télé Le Média (d’ailleurs bientôt présente sur un canal TV). Sur le fond, c’est l’idée que la politique c’est le conflit et que seule la conflictualisation permet la politisation, la prise de conscience militante et l’affirmation des choix.  L’imbrication du fond et de la forme est ici très importante dans l’expression du mélenchonisme et de Jean-Luc Mélenchon : colère, expression verbale très forte, prise de position clivante, « le bruit et la fureur » sont omniprésents chez Jean-Luc Mélenchon, tout comme d’importantes références historiques, notamment issues de la Révolution française. 

Christophe Boutin : Un mot d’abord pour dire qu’il me semble relativement difficile de confondre Chantal Mouffe, avec toutes les réserves que l’on peut formuler sur l’approche de la politique faite par la philosophe d’outre-Quiévrain, et Sophia, Chikirou, conseillère en communication n’ayant pour l’instant pas fait véritablement la preuve de la qualité de ses conseils, spin doctor du pauvre dont les voyages n’ont visiblement pas formé la jeunesse. Chantal Mouffe, avec son mari, Ernesto Laclau, avec lequel elle a écrit Hégémonie et stratégie socialiste : Vers une démocratie radicale, remet en cause certains éléments du marxisme, mais aussi par la suite (Le paradoxe démocratique) un certain nombre des principes de nos démocraties libérales et délibératives, notamment en ramenant au centre du politique la notion de conflit (Agonistique : Penser politiquement le monde).  Cette notion de conflit a pu évoluer au fil de ses analyses, et si elle tente d’éviter que sa radicalisation ne conduise à la destruction des structures politiques et, au-delà, à celle de la Cité, elle reste pour elle un élément clef de la spécificité d’un débat politique, qui ne saurait reposer, comme l’écrivent certains auteurs libéraux - on pense bien évidemment à Tocqueville, à Constant ou à Stuart Mill -, sur les seules confrontations rationnelles et les débats organisés. Quant à la part de populisme qui existe chez Mouffe et Laclau, et se retrouve chez Jean-Luc Mélenchon, elle vient de ce que populisme là, de gauche, vise à créer un nouveau peuple, et non pas, comme le populisme « de droite », à pérenniser les caractéristiques d’un peuple qui préexiste – on se reportera au Dictionnaire des populismes publié avec Olivier Dard et Frédéric Rouvillois.

Ce que Sophia Chikirou ajoute, c’est cette banale évidence que la politique moderne doit tenir compte des médias sociaux, mais avec cette surinterprétation selon laquelle ils devraient être utilisés pour contourner les médias classiques et diffuser une pensée bannie de ces derniers – une analyse qui est le lot commun de n’importe quelle « influenceuse » et de nombre de délirants sur le net. C’est dans ce sens d’ailleurs d’un contournement qu’elle pilota la campagne présidentielle du candidat Jean-Luc Mélenchon, dirigeant son site Internet et veillant à abreuver les réseaux sociaux de commentaires du leader maximo de la France insoumise. Comme toute démarche destinée à « générer du buzz », cela suppose mécaniquement une radicalisation des propos dans la durée pour compenser la lassitude des « followers ».

Pour autant, peut-on dire que l’attitude actuelle de Jean-Luc Mélenchon relève uniquement de l’influence philosophique de Chantal Mouffe et des choix stratégiques de sa très proche conseillère ? Pas seulement, car cela fait maintenant des années que l’extrême gauche qui est devenue son fonds de commerce est passée de la défense des droits des Palestiniens à un antisionisme parfois difficilement séparable de l’antisémitisme. Il est donc permis de penser que cette « rupture » affirmée est sur ce point au moins autant la conséquence d’un discours organisé que celle d’un choix stratégique disruptif visant à faire du leader de la France Insoumise et des membres de son parti qui le suivent des éveilleurs de conscience sur TikTok.

La stratégie de rupture prônée par Jean-Luc Mélenchon peut-elle faire preuve d'efficacité électorale ? Peut-il encore agréger autour de lui ? 

Bruno Cautrès : Une première réaction consisterait à répondre non. Celui qui clive à ce point-là pourrait-il incarner l’unité et le rassemblement, notamment de la gauche ? Les tensions considérables qui existent à présent entre les composantes de la NUPES et au sein même de la FI sembleraient accréditer cette thèse. Mais c’est plus compliqué que cela : la forte polarisation d’une parole politique peut aussi conduire à renforcer l’adhésion à cette parole pour les soutiens les plus acquis à la cause. Si l’élargissement de la base électorale peut se trouver compromis par la conflictualisation à outrance, la solidité du socle électoral peut s’en trouver renforcée. Tout se passe comme si la stratégie politique du leader insoumis consistait à considérer comme acquis qu’il sera le candidat unique de la gauche en 2027 ou qu’à défaut de cette situation (qu’il espère tant) il bénéficiera à nouveau du « vote utile » des électeurs de gauche. Mais la situation actuelle ne peut que pousser les autres formations de gauche à se présenter sous leurs propres couleurs en 2027 et à accentuer l’expression de leurs différences. Il n’est donc pas du tout certain que 2027 ressemble à 2017 et 2022. 

Christophe Boutin : Pour l’instant, cette stratégie réussit surtout à désagréger. Elle a, d’abord, désagrégé l’alliance de gauche formée derrière Jean-Luc Mélenchon à la suite de la présidentielle de 2022, la NUPES, déjà mise à mal auparavant à cause, là aussi, de la radicalité, des propos du chef de la France insoumise ou de l’attitude des membres de cette formation à l’Assemblée nationale. Cela avait conduit à des tiraillements importants au sein du Parti socialiste, entre les partisans du maintien de l’alliance et ceux qui, au contraire, souhaitaient la quitter, tiraillements qui sont maintenant de vrais écarts, et qui se sont étendus au Parti communiste de Fabien Roussel, très critique, et aux réserves des écologistes. Mais non content de fragiliser cette alliance, l’attitude de Jean-Luc Mélenchon et de ses principaux suiveurs, qu’il s’agisse de Danièle Obono, pour laquelle le Hamas est un simple « mouvement de résistance », ou de Mathilde Panot, incapable de prononcer le mot « terrorisme » en parlant de l’attaque menée par ce même Hamas contre des civils, a aussi fragilisé le parti de la France insoumise. À preuve, les déclarations de François Ruffin ou de Clémentine Autain et les réserves, pour ne pas dire plus, qui ont pu être émises. 

Est-ce que cela peut avoir malgré tout une efficacité électorale ? En apportant à LFI un nouvel électorat ? Cela supposerait qu’existe en France une frange de la population importante pour laquelle, lors d’élections nationales, les choix se feraient sur des critères de politique internationale, une frange plus préoccupée de solidarité avec des populations étrangères qu’avec ses concitoyens. Il est bien évident que cela ne peut concerner qu’une petite minorité réunissant militants d’extrême gauche et tenants d’un islamisme radical, et que cela ne fait pas une base électorale permettant la conquête du pouvoir. A contrario, ces déclarations vont éloigner de Jean-Luc Mélenchon un électorat qui ne se satisfait pas de cette radicalité – ce qui était d’ailleurs déjà en train de se passer, les Français considérant dans les sondages que l’outrance des députés de LFI écarte cette formation de la direction du pays. 

La stratégie de Jean-Luc Mélenchon peut-elle déboucher sur autre chose qu'une révolution violente, si elle était menée à son terme ? Qui, aujourd'hui, croit encore à la possibilité d'un tel soulèvement ?

Christophe Boutin : Jean-Luc Mélenchon ne se cache pas de vouloir une révolution, mais il rencontre ici le vœu profond des Français de « renverser la table » politique. En 2017, faisant le constat que les alternances de la « droite de gouvernement », pour reprendre cette formule, et de la « gauche de gouvernement » ne changeaient finalement rien, qu'aucune de leurs interrogations et de leurs inquiétudes majeures, qu'il s'agisse de pouvoir d'achat, d'immigration, de sécurité, de maintien des avantages sociaux, n’était véritablement traitées, ils ont fait le choix de la Révolution que proposait Emmanuel Macron en titre de son ouvrage-programme. Ils se sont rendus compte ensuite que la rupture annoncée par celui-ci était simplement l’accélération de la fuite en avant engagée par ses prédécesseurs, et il y a toujours cette demande importante de changements. L’autre solution des Français, et on peut le regretter, est dans cette abstention qui ne cesse de progresser : dans un sondage récent, seule une petite majorité de 52 %, estimait qu’elle ne s'abstiendrait pas aux prochaines élections, les autres étant certains de s’abstenir ou estimant qu’au vu de la dégradation de la situation ils pourraient le faire. 

Quant à la possibilité d’un soulèvement « surprise », faut-il rappeler le cas des Gilets jaunes, incontrôlables et incontrôlés – le mouvement n’ayant pas réussi à créer sa propre force de direction ou à choisir des dirigeants politiques pour le mener plus loin, et terminant pour cela entre la violence de l’extrême gauche et celle de la répression policière ? Mais si un tel mouvement peut resurgir en France, il est par contre beaucoup plus douteux qu’il le fasse derrière Jean-Luc Mélenchon, quand bien même une partie de l’extrême gauche, formée en milices de combat, s’entraîne pour cela de manière régulière. À preuve, elle espérait récemment pouvoir entraîner derrière elle les « révoltés » des banlieues, mais ces derniers visaient plus l’appropriation privée des biens produits que celle collective des moyens de production, et ne comptaient pas se lancer dans une entreprise politique derrière les jeunes blancs en rupture de classe sociale qui constituent les forces vives de l’extrême gauche. 

Bruno Cautrès : Je ne suis pas sûr que cela soit le projet de Jean-Luc Mélenchon, il me semble être plus proche de l’idée d’un soulèvement populaire, obligeant le système économique et politique à changer radicalement. Ce soulèvement populaire, appelé tant de fois de ses vœux (la « marée humaine » dont il a parlé à plusieurs reprises lors de grandes mobilisations sociales) a été peu suivi d’effets pour le moment….Ce sont les syndicats qui ont réussi à mobiliser contre la réforme des retraites et la « marée humaine » n’a pas eu lieu lorsqu’Emmanuel Macron a réformé le code du travail lors de son premier mandat. En revanche, il existe dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon un important soutien à l’idée d’un changement politique et social radical. Au Cevipof, nous mesurons régulièrement l’adhésion à l’idée d’un changement en profondeur du système capitaliste : en 2022, 39% des personnes interrogées par notre Baromètre de la confiance politique adhéraient à cette idée, ce qui est déjà très important. Mais c’était 57% parmi les sympathisants de la FI. 

Comment répondre à La France Insoumise ? Quel est le plus grand danger ? Alimenter leur machine à clashs ou les ignorer tout en prenant le risque d’arriver à une société fracturée, isolée en silos totalement polarisés ?

Christophe Boutin : La première réponse est politique et surtout juridique : lorsque certains propos sont condamnables ils doivent être condamnés, qu’il s’agisse de Jean-Luc Mélenchon ou de n’importe qui d’autre. Quant à envisager de leur répondre dans un débat, c’est sans doute de peu d’intérêt tant certains d’entre eux semblent enfermés dans la vision d’un monde mythique, sans grand rapport avec la réalité vécue au quotidien par la plus grande partie de nos concitoyens. C’est toute la question des réseaux sociaux qui les fidélisent et qui créent par leurs dialogues en miroir de messages de quelques mots des communautés hors-sol finissant par se persuader d’être le monde. Certains insoumis ressemblent à ces adolescents japonais devenus incapables de sortir : si, eux, sortent bien de leur chambre d’adolescent bourgeois pour aller casser l’immobilier urbain et attaquer la police, leur méconnaissance du monde extérieur – et leur peur de ce monde – est la même. Les ignorer les laisse tourner en rond et progresser dans leurs outrances, ce qui les conduit, dans le meilleur des cas pour eux, à se ridiculiser, et, dans le pire, à se montrer tellement odieux qu’ils sont rejetés par une majorité de la société. Il leur restera toujours le petit plaisir nombriliste de se croire la pointe de diamant de la Révolution. 

Bruno Cautrès : En tant qu’expert de la vie politique et chercheur universitaire, je ne prononce pas de jugement de valeur sur les personnalités politiques. Je remarque néanmoins que comme toutes les formations politiques qui présentent une candidature à la présidentielle, la FI accepte de fait les règles du jeu électoral. En tant qu’expert de l’opinion publique, je vois bien que l’image de la FI et de son leader est moins positive que celle d’autres formations politiques dans plusieurs enquêtes d’opinion, notamment notre Baromètre de la confiance politique en 2023 qui comparait ces images avec celles du RN et de Marine Le Pen. 

Sur le second aspect de votre question, redisons des choses simples mais importantes : d’une part, il est bon et sain que le débat démocratique soit vivant, avec des personnalités fortes et des propositions qui font discuter dans l’espace public. Le jeu de la machine à clash se joue à plusieurs : celui qui clash et qui clive voit des micros se tendre vers lui, des caméras se tourner vers lui et des bandeaux de chaine d’infos passer toute la journée après ses déclarations. Ceci explique aussi peut-être aussi cela… Le mieux qu’il puisse arriver en démocratie est que ce jeu s’exerce dans la liberté de chacun et le respect de la diversité des opinions. Là où le bât blesse aujourd’hui, par rapport à ce tableau idéal, c’est qu’à force de clashs et de clivages sur-joués, on assiste à des formes de « polarisation affective » : on ne s’écoute plus, chacun reste dans sa bulle de certitudes et tout ce qui est dit par l’autre camp est perçu comme cynique et mensonger.  Des chercheurs américains ont montré que si la polarisation et le clash avaient comme vertu de capter l’attention des électeurs, passé une certaine dose et exprimés avec trop de violence le mécanisme s’inversait, produisant chez les électeurs un sentiment de dégoût et de rejet pour l’incivilité de la vie politique.

Le député LFI, Louis Boyard, reconnaît vouloir créer « des paniques générales » à l’aide des réseaux sociaux tout en cherchant à manipuler les journalistes. Qu’est-ce que vous en pensez ? 

Bruno Cautrès : Il faut peut-être mettre cela sur le compte de la jeunesse de Louis Boyard et du style de flash mob très prisé dans sa génération. Mais c’est vrai que cela traduit une idée plus générale : faire parler dans l’espace public, créer l’évènement et cliver. On peut s’interroger sur la portée de cette stratégie car il n’est pas certain que cela ait attiré beaucoup de soutiens parmi les lycées et que cela ait fait date. 

Christophe Boutin : La stratégie de Louis Boyard fait écho à la méthode de Sophia Chikirou sur les réseaux sociaux. Le député LFI explique qu’ils mènent une stratégie pour manipuler les médias, en sachant que la radicalisation est souvent nécessaire sur les réseaux pour éviter de perdre ceux qui vous suivent.

Louis Boyard dit souhaiter promouvoir les troubles, comme ce fut le cas avec l’exemple qu’il cite, le "blocus challenge" dans les établissements scolaires. On retrouve ici une émulation qui existe aussi lors des émeutes urbaines ou avec les incendies de voitures et a un impact réel. À partir du moment où cela est abordé sur les médias et les réseaux sociaux, certains se lancent dans un concours pour être celui qui aura brûlé le plus de poubelles ou de voitures. Le blocage des établissements, soutenus par LFI et Louis Boyard avec le "blocus challenge", participait à ce phénomène : l’incitation aux blocages devait conduire à une émulation entre les jeunes des différents établissements scolaires.

Il y a néanmoins une fausse contradiction dans le système qui est préconisé par la France insoumise. Il est difficile de dire que leur solution médiatique ne vise qu'à permettre un contact avec les jeunes, reposant pour cela sur les réseaux sociaux parce qu’ils ne sont plus sur les médias classiques. En fait la radicalisation politique sur les réseaux sociaux, ainsi favorisée, conduit aussi et surtout à ce que les médias classique s'emparent d'un sujet qu'ils ignoraient, et les jeunes des réseaux sociaux  ne sont ici qu'un moyen d'obtenir cet effet, les idiots utiles permettant d'accéder enfin au véritable but : trouver des tribunes plus vastes que celles que permettrait d'obtenir l'activisme des seuls militants.

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Dans quelle mesure faut-il craindre l'avènement, si on laisse faire, d'une France fractionnée, incapable de faire société ?

Christophe Boutin : Il ne faut pas craindre cet avènement, il faut constater cet état de fait. La France se montre de plus en plus incapable de « faire nation » pour reprendre cette formule qu’affectionne tant le président de la République, qui ne concourt pourtant pas peu avec sa politique à déconstruire ce qui rassemblait les Français - l’école, l’histoire, la langue, la culture, les acquis sociaux, les paysages… Emmanuel Macron n’est pas le premier fautif : il continue, avec certes un brio manifeste, une politique qui a été menée avant lui par d’autres, et pensée par d’autres encore.

Mais cette société dans laquelle les écarts économiques s’accroissent de manière stratosphérique, cette société qui n’a plus de langage commun et n’accepte plus d’évoquer certains sujets ni même seulement d’en rassembler les données, cette société dans laquelle une police de la pensée vise à interdire les débats aussi bien dans les médias que dans l’enseignement, y compris universitaire, cette société dans laquelle des catégories de population nouvellement arrivées sur le territoire entendent bien refuser toute intégration au monde qui préexistait, cette société n’en est plus une, elle n’est plus qu’un conglomérat humain divisé en groupes rivaux auxquels on n’applique même plus la même loi. Cette société « fractionnée » c’est bien celle dans laquelle nous vivons déjà au quotidien, et qui ne semble pas prête de disparaître au vu des politiques qui sont menées.

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