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Tiraillements à Berlin : le gouvernement d’Angela Merkel, victime collatérale du dossier grec ?
©Reuters

Dr Merkel et Mister Schäuble

Des tensions semblent apparaître entre la chancelière Angela Merkel, et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, les deux ne partageant pas la même vision sur le cas grec.

Ulrike Hermann

Ulrike Hermann

Ulrike Hermann est journaliste à la TAZ-Die Tageszeitung.

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Atlantico. Des tensions semblent apparaître entre Angela Merkel et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble. Quelle crédibilité donner à ceux qui affirment qu'il existe une différence de point de vue sur la question grec entre la chancelière allemande et son ministre ?

Ulrike Hermann : Je ne pense pas qu'il faille spécialement parler de différences de point de vue. En revanche, Wolfgang Schäuble et Angela Merkel ont des rôles différents, et sont des personnes différentes aux personnalités différentes. Wolfgang Schäuble est juriste, et a donc une mentalité de juriste. Il part du principe qu'il faut se tenir aux règles et qu'elles sont la base de tout. Et il est évident que dans la crise de l'euro, les règles du traité de Maastricht ont été bousculées. Mais au lieu de se demander si ce n'est pas les règles qui sont mauvaises, il essaye d'adapter la réalité aux règles, même si cela ne fonctionne pas, l'économie est changeante. Par exemple, si on se tient aux règles, on ne doit pas faire de dettes, mais si l'on ne fait qu'économiser pendant une crise économique, ça ne fera qu'empirer la crise après coup.

Merkel est physicienne, et est beaucoup plus à même d'accepter la réalité telle qu'elle est. Elle se bloque beaucoup moins sur les règles. Elle s'intéresse bien plus à des solutions politiques. C'est elle la pragmatique des deux. Voilà leur différence dans leur personnalité.

Leur différence dans le rôle peut-être décrite avec la formule : good cop, bad cop. A l'étranger on ne le remarque pas vraiment, mais en Allemagne il existe une minorité importante justement chez les conservateurs qui se prononce contre un plan de sauvetage et contre la zone euro. Ils ont un parti, l'Alternative pour l'Allemagne. Ces euro sceptiques s'y sont rassemblés et font 10% dans certains états-régions. Ce sont des électeurs que la CDU veut récupérer. La CDU a donc besoin de quelqu'un, dans ce cas Schäuble, qui se pose en dur, et en défenseur des intérêts allemands, en tout cas de ce qu'il croit être les intérêts allemands. En réalité c'est une folie, mais qu'importe.

Pendant que Schäuble s'occupe de la politique intérieure, Merkel va elle se préoccuper de la politique européenne.

Au sein du gouvernement allemand et de l'opinion publique, qui est le plus populaire ?

La majorité des Allemands est pour un Grexit, ce serait certes une catastrophe économique, mais ne faut pas oublier que le gouvernement allemand n'a jamais pris la peine d'expliquer à la population le fonctionnement de la crise de l'euro.

Au sein de ce gouvernement de coalition, on pourrait s'attendre que les socialistes et Sigmar Gabriel soient plus du côté de Merkel ?

Oui c'est le cas. Bien sûr, les socialistes sont en grande partie favorables à l'idée d'aider les Allemands. Mais Gabriel fait face à un dilemme stratégique. Beaucoup de députés ne sont pas en faveur d'une aide pour la Grèce, bien que la SPD milite en ce sens.  Derrière, le risque c'est de voir la CDU récupérer tous les électeurs eurosceptiques. Gabriel a donc l'impression qu'en aidant la CDU, il va élargir l'électorat du SPD.

Peut-on s'attendre à une crise gouvernementale réelle ?

Non,  cela n'aboutira en aucun cas sur une crise gouvernementale allemande. Ce n'est pas un phénomène assez important.

Quel est l'avis qui primera ?

Comme je l'expliquais il n'existe pas de réelle différence, simplement un jeu en coulisses. En revanche, ce que Merkel veut absolument éviter, c'est que la faute d'un Grexit (une sortie de la Grèce de la zone euro ndlr) soit imputée à l'Allemagne. C'est sa préoccupation principale. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est farouchement opposée à un Grexit, craignant que l'Allemagne soit montrée du doigt et accusée de ne pas en avoir fait assez pour éviter la sortie de la Grèce de la zone euro.

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