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Sondage exclusif : et les 2 mesures les plus convaincantes de la campagne aux yeux des Français sont...la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des ménages et la fin provisoire de l'immigration légale
©Reuters

Info Atlantico

A deux jours du premier tour de l'élection présidentielle, un sondage Harris Interactive pour Atlantico et RMC dévoile les mesures émises dans la campagne qui semblent les plus intéressantes pour les Français, qui sont encore 30% à ne pas savoir pour qui ils voteront dimanche.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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Atlantico : Quels sont les principaux éléments de ce sondage ?

Jean-Daniel Lévy : Le premier aspect est qu'une thématique a fortement marquée les Français, du moins plus que les autres : c'est l'exonération de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, qui est portée par Emmanuel Macron. Elle arrive en première position, devant la fin provisoire de l'immigration légale en France. Ce qui est intéressant, c'est qu'au moment où ce sondage a été fait, ce sont les deux propositions qui correspondent aux deux candidats arrivant en tête des intentions de vote. Il y a une forme de cohérence entre l'idée de pouvoir potentiellement redonner un peu de pouvoir d'achat aux Français et de l'autre, le fait que Marine Le Pen arrive à être présente de manière nette sur l'immigration et la sécurité. En troisième position, on trouve le revenu universel, qui est vraiment la thématique révélation de la campagne. Personne n'en parlait avant les primaires de la gauche. Benoît Hamon a réussi à gagner là-dessus, il a réussi à marquer, il a réussi à créer une forme d'intérêt de la part des Français, même si au final ça ne s'est pas transformé pour lui en potentiel électoral.

Les deux propositions en tête le sont-elles car elles sont portées par leurs candidats respectifs, en tête dans les sondages, où les deux candidats sont-ils en tête justement car ils proposent de telles mesures ? On voit que la candidature de Benoît Hamon n'a pas pris dans l'opinion, malgré la popularité de sa mesure…

Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit des Français qui ont plutôt regardé les thématiques des campagnes, et la manière dont ils jugent les responsables politiques, plus que les propositions à proprement parler. Concernant l'exonération de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, par exemple, les Français ne savent pas toujours qu'elle vient d'Emmanuel Macron. Quand ils nous parlent de Macron, ils nous parlent plutôt de son passé politique, du fait qu'il soit jeune, qu'il renouvelle le genre, qu'il rassemble un peu la gauche et la droite, etc. Pas du fond politique.

A l'inverse, donc, de la fin provisoire de l'immigration ou du revenu universel, très rattachés à leur candidat ?

Absolument. Si le revenu universel était aussi haut, Benoît Hamon serait en troisième position, et l'on sait que ce n'est pas le cas.

 Beaucoup des thématiques qui ressortent viennent de candidats de gauche (6e République, revenu universel, interdiction des licenciements), mais on trouve aussi la fin provisoire de l'immigration et la réduction du nombre de fonctionnaires. Les Français seraient-ils schizophrènes ?

Cela veut dire que pendant la campagne, les propositions marquantes venaient plutôt de la gauche que de la droite. Il faut aussi noter que ce sont des thématiques de droite ou de centre-droite qui arrivent en premières positions : on peut le voir avec l'exonération de la taxe d'habitation, une proposition de centre-droite, et la fin provisoire de l'immigration, clairement à droite. Et au final, on ne va pas uniquement voter sur les propositions des candidats, mais aussi sur les postures, sur une orientation, et sur le fait que le candidat est considéré sur le principe comme étant "à droite" ou "à l'extrême droite", indépendamment des propositions précises qu'il peut formuler.

Finalement, même si l'exonération de la taxe d'habitation arrive en tête, ce n'est pas un blanc-seing pour Emmanuel Macron…

Tout à fait. Et elle n'a pas autant marqué que le revenu universel, lié à Benoît Hamon.

84% des sondés disent qu'ils vont voter par "adhésion". Cela va à l'encontre de ce que l'on entend souvent sur cette campagne, à savoir que le vote se ferait par défaut, en particulier avec Emmanuel Macron. Finalement, les Français seraient-ils satisfaits de ce qui leur est proposé ?

C'est vrai pour partie au sein de chaque électorat, même si le fait que 16% disent qu'ils vont voter "contre" touche quand même un Français sur six, ce qui n'est pas rien. Le vote d'adhésion est marquant notamment de la part de l'électorat de gauche d'un côté, ou de centre, qui donne le sentiment de n'avoir pas toujours uniquement le choix et de vouloir éviter un duel entre François Fillon et Marine Le Pen.

Comment combiner dans ce cas le vote d'adhésion de la rengaine du vote utile ?

Il y a probablement un lien entre les deux. On vote car globalement on apprécie le candidat, mais l'on voit aussi – et notamment chez 20% des électeurs de Macron – que l'on va voter contre un ou différents candidats pour éviter qu'ils puissent avoir une place importante au soir du premier tour.

Le vote "contre" un candidat est-il comparable aux précédentes élections ?

En 2012, le vote était essentiellement marqué "contre Nicolas Sarkozy" que contre différents candidats. Cette fois, c'est plutôt réparti contre François Fillon ou Marine Le Pen, ainsi que dans l'autre sens contre Jean-Luc Mélenchon.

Qu'en est-il des indécis ?

Le fait que 30% des Français hésitent et ne savent pas pour qui voter n'est pas inintéressant. A 3 jours du premier tour de l'élection, sachant qu'elle a commencé en juillet dernier, qu'il y a eu une primaire de la droite et du centre, avec des débats, puis une primaire de la gauche… Au final, un tiers des Français ne sait pas s'ils vont s'abstenir, et s'ils vont voter, pour qui ils vont le faire. Cela montre bien l'incidence qu'il peut exister, aux yeux de cette élection, des différents enjeux.

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