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Connaissez-vous Madame Royal
de Poitou-Charentes ?
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Petit bilan

Ségolène Royal met régulièrement en avant son action à la tête de la région Poitou-Charentes comme un exemple de gestion à transposer à la France. Qu'en est-il du bilan dans son fief ?

Vincent You

Vincent You

Vincent You est directeur d’hôpital en Charente. Conseiller Régional de Poitou-Charentes entre 2010 et 2016, il est, depuis avril 2014, Adjoint au Maire d'Angoulême chargé des finances et de la commande publique et, depuis décembre 2015, vice-président de GrandAngoulême chargé de l'urbanisme et du PLUI.

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Au regard de ses deux principaux concurrents, Ségolène Royal a su construire un argument choc : son action à la tête de la Région Poitou-Charentes est censée être la démonstration de sa capacité à changer, demain, notre pays et le monde… A l’inverse, François Hollande n’utilise ses fonctions corréziennes que pour montrer une image provinciale et rejouer l’ascension chiraquienne. Et de son côté, Martine Aubry ne dit rien de Lille, où l'on ne voit de son action que les horaires de piscine pour les femmes et les 35 heures.

Pour ce qui est de la « dame du Poitou », tout est orienté vers 2012, un peu d’ailleurs comme si la région était, depuis le début donc 2004, un porte-voix pour préparer les présidentielles. 

Cela donne, par exemple, dans sa dernière interview à Libération du 7 juillet dernier :"Ce à quoi je crois profondément, je l’ai mis en application dans ma région. Je vais revenir dans la campagne en faisant de la politique par la preuve" ou "je veux être la candidate, et donc la présidente, des solutions. J’ai une vision de la politique très opérationnelle".

Où sont donc les preuves, les solutions opérationnelles ? Quelle est donc cette politique qui serait si particulière et positive ? Quelle forme prend donc cette nécessaire mutation ?

Le 11 juillet, Ségolène Royal évoquait encore chez Jean-Jacques Bourdin la nécessité de remettre les PME dans la croissance… qu’est-ce à dire dans sa Région ? Pour qui voudra bien y regarder de plus près, on apprendra que la politique régionale, si elle devait être généralisée à la France, ne manquerait pas de surprendre…

Quatre clins d’œil récents issus du Schéma Régional de Développement Economique (SRDE) dont vient de se doter la Région Poitou-Charentes :

  • Tout d’abord un nom symbolique : « Schéma Régional de Développement Economique, Ecologique, Social et Solidaire », un SRDEESS de 59 pages pour éclairer l’avenir… je serais curieux de savoir combien de patrons de PME le liront !
  • Un premier axe prioritaire du fameux SRDEESS est révélateur : « la croissance verte et la mutation sociale, écologique et solidaire des entreprises » avec notamment une innovation, un contrat de mutation, présenté à toute entreprise qui souhaitera bénéficier des aides régionales, afin de répondre aux impératifs de notre temps… Puisqu’il s’agit notamment de rentrer dans une démarche Iso 26000, il semblait légitime de demander que la région donne l’exemple et s’engage avant les PME dans cette démarche… mais cela n’est pas prévu.
  • Un bel outil pour se faire aimer des syndicats : le dialogue social territorial. Vous êtes patron de PME avec moins de 20 salariés ? Vous êtes donc comme 80% des chefs d’entreprise de la Région. Celle-ci va désormais mettre en place un délégué syndical que vous partagez avec vos voisins… c'est-à-dire quelqu’un que vous ne connaissez pas et qui ne connaît d’ailleurs ni vos équipes ni vos projets et contraintes, mais qui viendra organiser le dialogue social, évoquer la formation et la pénibilité au travail. Lorsque l’on fait remarquer que cela risque d’être vu, au mieux, comme une lubie politique, au pire, comme une intrusion rédhibitoire dans le fonctionnement d’une entreprise, on est simplement « hors de la mutation ». Lorsque l’on fait remarquer qu’il serait préférable de chercher d’abord à rendre confiance aux PME et, si l’on veut marquer une volonté politique, de s’attaquer d’abord aux groupes à l’actionnariat anonyme et sans visage qui se moquent bien des conséquences locales de leurs décisions mondiales, on ne recueille encore qu’un grand silence…
  • Tout cela est bel et bon : enfin une volonté politique qui détonne ! Une bonapartiste d’un autre genre et d’un autre siècle ? Sans doute surtout une bonne méthode et une n-ième mesure pour mobiliser toutes les catégories avant les primaires. D’ailleurs, avec Ségolène Royal, il y a souvent un gouffre entre les cris médiatiques et la faiblesse de la mise en œuvre : les coups de menton sont souvent accompagnés de prudence dans les conditions. On commence par dire très fort que cela va bouger mais, dans le détail des mises en place, il n’y a que des options. Un exemple parmi d’autres : parmi les 49 actions du SRDEESS, seules 15 font l’objet d’indicateurs de suivi. Pour le reste - plus des deux tiers - l’enjeu est ailleurs : il faut tout faire pour rallier à sa cause les différentes catégories de la gauche militante ! Peu importe si l’incantation n’est suivie par rien… l’objectif est dans les prochaines semaines.


A force d’utiliser sa Région à la façon d’un show-room, Ségolène Royal prend un risque majeur : celui que quelqu’un vienne un jour mesurer si les preuves de son action sont si marquantes… A ce jour, la presse parisienne la laisse dire. Si elle devait parvenir à surprendre encore, il y aura bien des sujets à développer.

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