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Sarkozy tente le pari des efforts
pour conjurer la peur
qui étrangle l'Europe
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Dits et non-dits

De grandes envolées incantatoires face à 5000 personnes mobilisées à Toulon pour l'occasion: refondation de l'Europe, sommet social en janvier et discipline budgétaire... Objectif : retrouver la maîtrise de notre destin. Mais pour avoir le détail des mesures envisagées, il faudra encore attendre un peu.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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L’entourage du président de la République annonçait un discours pédagogique sur la crise et l’Europe; il fallait entendre par là que Nicolas Sarkozy allait, sinon annoncer des mesures impopulaires, du moins préparer le terrain, ce qu’il a fait avec des accents dramatiques, mais sans en dévoiler  la véritable teneur. A charge pour les commentateurs de mettre les points sur les "i". Un exercice de maïeutique appliquée en somme. Mais était-il bien nécessaire de déplacer 5000 personnes pour cette mise en perspective ?

Taclé par la gauche sur le discours prononcé au même lieu en 2008, et ses engagements non tenus (mais pouvait-il refonder le capitalisme à lui tout seul ?), Nicolas Sarkozy s’est appliqué à démontrer qu’il a fait de son mieux : la France, contrairement à d’autres pays européens, n’a pas vu baisser le salaire de ses fonctionnaires ni le montant des retraites. Mais, plaide-t-il, la mondialisation est passée par là et "aujourd’hui, la peur est revenue… Cette peur qui paralyse les consommateurs, qui empêche l’investisseur d’investir, l’entrepreneur d’entreprendre, le patron d’embaucher, le banquier de prêter. Cette peur porte un nom : c’est la peur pour la France de perdre la maîtrise de son destin. La seule façon de conjurer cette peur c’est de dire la vérité".

Et la vérité, ou plutôt la solution pour venir à bout de la crise c’est, pour Nicolas Sarkozy, la refondation de l’Europe. Pour lui "l’Europe n’est plus un choix. Elle est une nécessité". Et comme "la crise a révélé ses faiblesses et ses contradictions, l’Europe doit être repensée". Car "il y a urgence. Le monde n’attendra pas l’Europe. Si l’Europe ne change pas assez vite, l’Histoire s’écrira sans elle. C’est la conviction de la France et de l’Allemagne. L’Europe a besoin de plus de solidarité. Mais plus de solidarité exige plus de discipline. L'Europe a besoin de plus de démocratie".

Discipline et démocratie

Pour la première, on a quelques pistes. Il y a notamment la règle d’or, l’inscription de l’équilibre budgétaire dans la Constitution ; mais une perspective moins dorée se profile : l’obtention de l’accord préalable de Bruxelles pour l’élaboration des budgets nationaux voire de la traduction en Cour de Justice Européenne des pays qui contreviendraient à la bonne gouvernance. C’est l’Allemagne, lasse de l’incurie budgétaire des pays du Sud qui réclame cette disposition. Impensable pour les souverainistes, de Marine Le Pen à Nicolas Dupont-Aignan, mais aussi pour les socialistes qui accusent déjà Nicolas Sarkozy de "capituler devant Mme Merkel". C’est pourquoi on attend avec beaucoup d’intérêt les propositions franco-allemandes en matière de démocratie européenne qui seront dévoilées lundi prochain. Nicolas Sarkozy, qui a vécu les grandes batailles du Traité de Maastricht et de la Constitution européenne, sait "que l’Europe est une entreprise qui ne peut pas réussir sans les peuples. Parce que si les peuples se méfient de l’Europe, l’Europe reculera. L’Europe plus démocratique, c’est l’Europe où ce sont les responsables politiques qui décident". Belle envolée, peut-être une ouverture pour l’organisation d’un référendum. Mais plus de démocratie, est-ce compatible avec plus de discipline ?De beaux déchirements nationaux se profilent à l’horizon . 

Alors, en attendant que soient résolues ces épineuses équations institutionnelles, mais fondamentales,  on pourra continuer de se perdre en conjectures sur les efforts, voire les sacrifices matériels auxquels les Français vont devoir se plier en vue du désendettement du pays. Nicolas Sarkozy a annoncé la tenue d’un sommet social en janvier 2012. Prépare-t-il la vraie fin des 35 heures, comme le réclame l’UMP ? Ou d’autres électrochocs, tels que l’instauration de la TVA sociale, ceci  à quelques mois de l’élection présidentielle où il sollicitera à nouveau les suffrages des Français ? Son concurrent centriste , François Bayrou, champion de la lutte contre la dette , ne manque pas une occasion pour rappeler qu’en 2003, alors que France et l’Allemagne étaient à peu près dans la même situation  économique , le chancelier Schroeder a fait adopter des réformes impopulaires mais structurelles, qui ont conduit au redressement de l’Allemagne mais qui  ont coûté la majorité aux socio-démocrates et entrainé la nomination  d’Angela Merkel. Nicolas Sarkozy se serait-il lancé le défi de réussir là où Schröder a échoué ? C’était peut-être le message non dit du président candidat aux  militants UMP réunis à Toulon .

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