Restreindre l'usage d'internet ? Najat Vallaud-Belkacem ou la politique intrusive, autoritaire et totalement déconnectée de la réalité<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ancienne ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
L'ancienne ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
©AFP / JEFF PACHOUD

Déconnexion complète

Dans une tribune publiée dans Le Figaro, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem propose de rationner Internet, ce qui dénote une déconnexion complète de sa part.

Pierre Beyssac

Pierre Beyssac

Pierre Beyssac est Porte-parole du Parti Pirate

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Atlantico : Dans une tribune publiée dans Le Figaro, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem propose de rationner Internet. Ainsi, nous ne pourrions utiliser qu’un nombre limité de gigaoctets quotidiennement. Que vous inspire cette proposition ?

Pierre Beyssac : Au vu du contexte, il est adéquat de parler de déconnexion complète de l’ancienne ministre.

 Son idée ridicule n'a, heureusement, aucune chance d'être mise en œuvre, ni de près ni de loin. Même l’État chinois, que l’autrice pense pouvoir citer comme référence de bonne gouvernance, n’a pas osé.

Car la proposition de Madame Vallaud-Belkacem n'est pas applicable dans la société d'aujourd'hui : aussi intrusive qu’autoritaire, elle ignore la variété de nos usages et besoins. Qu’une ancienne ministre de l’éducation puisse y songer assez sérieusement pour y consacrer une tribune dans la presse donne le vertige sur le rapport à la société de nos politiques traditionnels.

Peut-être cette incompréhension est-elle une conséquence de la désindustrialisation de notre pays, qui obère les connaissances de nos élites politiques. 

Elle est complétée par une affirmation péremptoire sur la possibilité d’écrire des programmes informatiques sur papier, qui fait rire tous ceux qui pratiquent réellement ce métier.

Najat Vallaud-Belkacem souhaite lutter contre « les ravages causés par une surexposition aux écrans », « les réseaux sociaux », « la pornographie », les « deep fakes »… N’existe-t-il pas meilleure solution pour lutter contre ces problèmes ?

À chaque problème doivent être cherchées des solutions circonstanciées, pour éviter de taper à côté du but. Personne n’aurait l’idée de rationner l’automobile pour tous sous prétexte qu’il existe des runs dangereux les nuits de week-end. On évite également aujourd’hui d’interdire l’alcool à toute la société pour lutter contre l’alcoolisme. 

L’addiction est identifiée par les spécialistes comme un symptôme plutôt qu’une cause. On n’abuse « par hasard » des réseaux , tout comme on ne devient pas par hasard alcoolique ou addict au jeu.

Nous devrons également nous éduquer contre les deep fakes. Sont-ils d’ailleurs plus dangereux que des tribunes d’anciennes ministres s’appuyant sur leur notoriété pour propager des contre-vérités ? 

Dans une liste à la Prévert, Najat Vallaud-Belkacem semble aussi vouloir limiter l’accès à la pornographie, pourtant légale en France. Quel rapport ? On comprend que sa démarche relève moins de la protection de notre santé que des manuels de bonnes manières distribués aux jeunes femmes au 19e siècle. 

L’ancienne ministre socialiste justifie également cette proposition « profondément progressiste » par la réduction de la pollution numérique. Mais à quel point ? (en comparant avec un trajet en voiture, des repas avec de la viande rouge…)

Il n’y a évidemment rien de progressiste à limiter l’accès à Internet.

Il faut le répéter autant que nécessaire : la pollution qu’il engendre est notoirement inférieure à la croyance qu’en ont répandue depuis 15 ans les technophobes de tout poil, avec la complicité de pseudo-études vite débunkées. Les erratums, lorsqu’ils existent, ne sont, hélas, pas diffusés aussi largement que les gros titres médiatiques destinés à faire peur. Notre perception collective en est aujourd’hui totalement faussée.

Même si les mesures d’impact sont très approximatives sur ces technologies complexes, au coût unitaire infime et en amélioration perpétuelle, on sait néanmoins évaluer les ordres de grandeur. Ainsi, le site ImpactCO2, malgré des sources discutables sur la vidéo, tente de remettre quelques pendules à l’heure. Il affirme que 200 heures de streaming équivalent à 1 repas avec du bœuf, ou 1 t-shirt, ou 30 km en voiture. On en déduit que le numérique n’a pas à rougir.

Ne coupez donc pas vos abonnements Internet tout de suite pour prendre le maquis.

Comment expliquer une vision si pessimiste vis-à-vis de l’outil formidable qu’est Internet ? Cette recherche perpétuelle d’interdiction et de contrainte ? D’autant plus que l’idée nous vient d’une ancienne ministre de l’Éducation nationale …

Presque par tradition, l’Éducation nationale crie haro sur l’informatique ou sur les technologies nouvelles comme menaçant notre société, nos enfants et nos institutions. Najat Vallaud-Belkacam perpétue cette habitude.

Le stylo-bille par exemple, évident péril menaçant d’éradiquer notre civilisation, n’a été autorisé officiellement à l’école qu’à la rentrée 1965.

La défense de l’environnement, elle aussi, sert trop souvent de prétexte à des idées technophobes. On peut déjà observer les premières tentatives de refus de l’IA, elle aussi évidemment épinglée par la ministre.

Notre société dans son ensemble paie chèrement 30 ans d’impasse à l’école sur l’informatique, qui fracture aujourd’hui notre société. Il faut combattre cette idéologie politique qui entrave notre futur et veut brider nos libertés. Le Parti Pirate s’y emploie !

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