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Interdit, le rassemblement parisien de soutien à la Palestine a néanmoins réuni plusieurs milliers de personnes sur la place de la République.
Interdit, le rassemblement parisien de soutien à la Palestine a néanmoins réuni plusieurs milliers de personnes sur la place de la République.
©Dimitar DILKOFF / AFP

Désagrégation ?

Selon Jordan Bardella, le président de la République aurait confié aux chefs de partis qu'il rencontrait hier qu'il redoutait des heurts communautaires en France.

Bertrand Cavallier

Bertrand Cavallier

Bertrand Cavallier est général de division (2S) de gendarmerie. Spécialiste du maintien de l’ordre et expert international en sécurité des Etats, il est notamment régulièrement engagé en Afrique. Le général Bertrand Cavallier est l'ancien commandant du Centre national d’entraînement des Forces de gendarmerie de Saint-Astier. 

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Atlantico : Le Hamas, par la voix de Khalid Mashal, a appelé les musulmans du monde entier à un vendredi de la colère et du djihad après les derniers événements en Israël. A quoi pouvons-nous nous attendre en France ?

Bertrand Cavallier : Khalid Mashal est le leader et membre fondateur du Hamas. Il réside actuellement au Qatar. Selon les informations diffusées, il vient en effet de lancer un message appelant tous les musulmans à manifester leur colère, en particulier ce vendredi, dans les pays musulmans et au sein de la diaspora musulmane dans le monde. Il leur demande de donner des combattants à Gaza. Mais surtout, il les exhorte à mener le jihad par leur âme, à se battre et à être martyrs pour Al-Aqsa. Il demande que les musulmans luttent contre les juifs, à commencer par ceux qui vivent dans les pays limitrophes d’Israël, mais aussi d’autres pays, de forcer les frontières de l’Etat hébreu. Son message est sans équivoque : « C’est l’heure du Jihad : c’est le moment pour le Jihad d’être appliqué sur le terrain plutôt qu’en théorie…/…les moudjahidines doivent partir en longues caravanes pour verser leur sang sur la terre de Palestine. »

Cet appel aura évidemment un très large écho en France au sein de la communauté musulmane entendue au travers des individus ayant un lien fort avec l’Islam. Cette population, sous l’effet de plusieurs facteurs dont, depuis quarante ans, le prosélytisme très actif des mouvances salafistes, est en effet totalement imprégnée de l’imaginaire d’un Islam rigoriste ou selon leur expression d’un Islam retrouvé, et de sa substance historique et sociologique. Ce phénomène est, fait très préoccupant, devenu majoritaire au sein des jeunes de confession musulmane, notamment d’origine maghrébine, comme l’ont souligné nombre d’enquêtes d’opinion récentes ainsi que le rapport de la DGSI intitulé « Etat des lieux de la pénétration de lislam fondamentaliste en France ».

Concrètement, je n’entrevois pas dans ces jours prochains, une forme d’intifada, sauf élément déclencheur fortuit, tant cette population a conscience que le rapport de force ne leur serait actuellement pas favorable.

En revanche, l’appel de Khalid Mashal va avoir plusieurs conséquences :

-    l’accentuation de la fracture entre cette communauté et le reste de la population française, qui massivement dénonce les massacres perpétrés le 7 octobre 2023, population qui est de plus en plus perçue comme des kouffars, terme très péjoratif passé dans le langage commun de jeunes de banlieues et désignant ceux qui ne sont pas croyants en l’Islam ;

-    le renforcement de la haine des juifs, dont la vie dans les pays occidentaux et la France en particulier va être de plus en plus complexe. Dans un article écrit récemment et traitant de l’antisémitisme dans le monde musulman, le sociologue et historien Günther Jikeli évoque le sondage Global100 de l’Anti-defamation Leage qui révèle « qu’une majorité écrasante de la population des pays musulmans approuvent des déclarations anti-sémites ». Il ajoute : « Le Pew Research Center a également constaté que les attitudes négatives envers les Juifs sont la norme plutôt que lexception dans de nombreux pays musulmans. La grande majorité des personnes en Égypte, en Jordanie et au Pakistan attestent avoir une « opinion très défavorable » des Juifs. Lantisémitisme est devenu si répandu dans le monde musulman que le mot même de « juif » est désormais une insulte couramment utilisée. ». Ce constat est aujourd’hui applicable à des pays occidentaux dont au premier titre la France où l’antisémitisme de nombreux musulmans est devenue une donnée qui va bien au-delà des cas isolés des extrémistes ;

-    l’accroissement de l’influence des pays d’origine, notamment de l’Algérie, compte tenu de sa position ouvertement anti-israélienne mais également anti-française, au nom d’une prétendue arabité ;

-    la densification du « jihadisme d’atmosphère », concept initié par Gilles Képel, et qui va se traduire par une recrudescence d’actes hostiles isolés ;

-    enfin, une accélération du syndrome séparatiste, avec l’avènement de vastes zones de peuplement à dominante musulmane relevant d’une dynamique ouvertement antagoniste, ne serait-ce qu’au travers de l’affirmation de la supériorité des prescriptions religieuses sur les lois de la République et du refus de l’altérité (en l’occurrence l’autre non musulman pratiquant).

Henry Kissinger, dans une interview à Welt TV a affirmé suite aux manifestations pro Hamas en Allemagne et en Europe que cela avait été « une grave erreur de laisser entrer autant de personnes de cultures, de religions et de valeurs totalement différentes en Europe, car cela crée un groupe de pression à l'intérieur de chaque pays qui fait cela ». Ce constat vous paraît-il justifié ou démesurément pessimiste ? Les immigrés militants anti occidentaux ne restent-ils pas minoritaires en Europe ? Par quels indicateurs mesurer le danger auxquels nous exposent -ou pas- les bugs de lintégration ?

Henry Kissinger a totalement raison et nous en mesurons, chaque jour davantage, la dramatique réalité. Ne nous plaçons pas sur le terrain du bien ou du mal mais sur celui du constat objectif d’une différence entre la conception de l’individu, en particulier de la femme, et de la société, entre l’approche du religieux, de l’histoire… De toute évidence, il existe des différences, voire des oppositions de fond qui avaient été depuis des années parfaitement identifiées par des intellectuels de gauche, notamment Jean-Pierre Péroncel-Hugoz dans son ouvrage « Le Radeau de Mahomet » et Jean-Claude Barreau dans « De l’Islam en général et du monde moderne en particulier ». D’autant qu’ils avaient parfaitement observé le revirement du monde dit arabe, après une période marquée par l’avènement de leaders progressistes, laïcs, mais que l’Occident n’a pas soutenus, voire combattus, au motif notamment qu’ils étaient pro-soviétiques. Un Occident qui de façon totalement inconséquente est allé jusqu’à initier le phénomène Taliban en Afghanistan et, la France giscardienne en tête, précipiter la chute du Shah d’Iran pour soutenir l’installation d’un certain Khomeini…

Mais revenons à l’état actuel de notre société. A destination de ceux qui seraient encore sceptiques, osons quelques constats, osons voir ce que nous devons voir !

La contestation ouverte de plus en plus générale des enseignements dispensés dans les établissements scolaires par des jeunes dits musulmans. C’est selon moi le marqueur principal de cette conflictualité car il concerne l’espace où, normalement de façon complémentaire au creuset familial, se constitue l’individu-citoyen. Et ce n’est pas un hasard si les mouvements islamistes en Afrique, comme par exemple au Burkina Faso, attaquent prioritairement les systèmes éducatifs existants.

Le phénomène est déjà ancien. Dès 2002, un livre choc, Les Territoires perdus de la République[1], oeuvre d’un groupe de professeurs, racontait l'antisémitisme, le sexisme et l'islamisme qui déferlaient dans les collèges et les lycées de la région parisienne. Ce livre avait été alors boycotté. En 2004, un rapport rédigé par des inspecteurs généraux de l’Education nationale « sur les signes et manifestations religieuses » était remis au ministre de l’Education de l’époque, un certain François Fillon. Rapport enterré mais exhumé par Manuel Valls à la suite des attentats de 2015. Un des rédacteurs de ce fameux rapport est l’inspecteur général Jean-Pierre Obin, auteur du livre « Comment on a laissé lislamisme pénétrer l’école » (Editions Hermann, 2020). Auditionné par la commission culture du Sénat en mars 2021, il fait alors des révélations marquantes sur la gravité de la situation et la hauteur de la passivité, ou plutôt de la lâcheté collective de l’appareil éducatif et des politiques. Parmi celles-ci :

-    « laffaire des foulards de Creil » en 1989…/… Cest le premier signe, quon ne sait pas interpréter, de larrivée dans les quartiers dun certain nombre de prédicateurs qui endoctrinent des jeunes, et notamment des jeunes filles » ;

-     « Un Principal mexplique alors que ses derniers élèves juifs ont été forcés de quitter le collège…/…lomerta des services académiques…/…[Ils] recasent ces élèves de la façon la plus discrète possible sans que jamais ce scandale ne soit mis sur la place publique. » ;

-    « Un quart des musulmans de France adopte des valeurs contraires à celles de la République…/… Mais, ce quon na pas dit à l’époque, cest que cette proportion s’élève à 50 % chez les 15-24 ans ».

Dans la même veine, en 2017, Bernard Ravet dans un livre au titre retentissant « Principal de collège ou imam de la République » avait révélé la face cachée de lenseignement dans les quartiers sensibles de Marseille confrontés à lemprise islamiste dans le quotidien.

Deuxième marqueur : la réalité de la rue. A l’heure où de jeunes iraniennes meurent pour oser ne plus porter le voile islamique, les villes de France, et ses campagnes, y compris dans le village jurassien ou je réside, voient une généralisation du port du voile, mais également de tenues qui relèvent des codes vestimentaires salafistes. L’on pourra dire que d’aucunes parmi ces femmes sont contraintes. Mais le phénomène vestimentaire qui a pris encore récemment une nouvelle dimension avec la question du port de l’abaya révèle bien une contestation ouverte de nos moeurs, de nos coutumes, et plus encore de notre conception de la femme, tant il est évident que tout ce qui tend à cacher son corps participe bien de son infériorisation, de la prééminence d’une idéologie patriarcale. Le voile est bien « un symbole d'oppression et un stigmate de la marginalisation des femmes dans l'espace public » comme le rappelait en 2016 Nadia Hamour[2], alors secrétaire nationale à l'intégration des Républicains. Comme le rappelait de façon nette Sylviane Agacinski : « Le voile doit être traité comme un signe politico-religieux ».

A l’opposé, même si cela parait à première vue non lié à cette question, comment ne pas s’interroger sur le fait que depuis trois décennies, consigne est faite aux miliaires français de ne plus se déplacer en tenue pour ne pas se retrouver dans des situations difficiles au regard de l’hostilité de certaines composantes de la population française. Il suffit d’observer les sorties de l’Ecole militaire à Paris, dans laquelle se forment les futures élites de nos forces armées, pour constater ce profil bas, ce renoncement à se déplacer en terre de France, sur le territoire de la République, en tenue ! D’un côté, l’ostentation conquérante, de l’autre le repli, la défaite morale…Autre exemple de la réalité de la rue. Nul ne risque rien à arborer un drapeau algérien, ou palestinien mais quid de celui qui osera arborer un drapeau israélien, ou dans certaines zones, arménien ? Et que dire des renoncements à baptiser des écoles du nom de Samuel Paty du fait notamment de la lâcheté des parents d’élèves, ou des réticences à baptiser une place ou une rue à Marseille du nom du colonel Beltrame ?

Troisième marqueur, le syndrome Salman Rushdie qui frappe les consciences qui osent dire non, qui osent défendre la liberté d’expression, qui osent dire la réalité de l’islamisation de la France. Je veux parler des femmes et des hommes qui, comme Salman Rushdie, doivent vivre sous protection policière pour avoir osé parler, osé écrire, osé dessiner…Bien évidemment Riss de Charlie Hebdo, l'essayiste et ex-journaliste de Charlie Hebdo Zineb el Rhazoui, mais aussi Ophélie Meunier, depuis son émission sur lislamisme à Roubaix, et tout récemment Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS suite à ses travaux sur les Frères musulmans et leur objectif de créer un califat en Europe. Ce qui est le plus étonnant est cette acceptation de cet état de fait, cette banalisation de cette oppression, qui tranche avec les élans mémoriels où l’on commémore la victoire des alliés contre les nazis et les fascistes. De toute évidence, notre pays, mais aussi les autres pays d’Europe occidentale sont confrontés à l’existence de gestapos islamistes, pour partie animées par des services étrangers, qui menacent des intellectuels français, mais aussi étrangers. Je pense notamment à des écrivains, journalistes, juristes, artistes turcs, iraniens…

Les chaînes de télévision arabes, la chaîne francophone algérienne publique notamment, tiennent plutôt des discours qui glorifient la « résistance palestinienne face à lentité sioniste ». Ont-elles une influence en France ? Idem pour les prédicateurs ou influenceurs de réseaux sociaux ? Lanalyse du profil des émeutiers ayant suivi la mort de Naël a montré quil sagissait de jeunes très peu politisés 

Jusqu’au début des années 80, l’Etat français détenait un monopole dans le domaine télévisuel. L’avènement des chaînes privées dès 1984 n’a pas modifié une situation caractérisée en France par l’omniprésence de chaînes françaises, qui participaient du processus de resocialisation des populations immigrées, c’est à dire, selon une formulation sociologique, d’intégration des systèmes de représentation sociale de la nation française d’alors. Soit une forme d’assimilation douce. A cette époque, les prédicateurs principalement saoudiens, formés à Médine, commencent à intégrer les nouveaux vecteurs de communication, et notamment la cassette dont il sera fait un usage massif pour diffuser une autre vision de l’Islam.

Dans les années 2000, conscientes de l’importance géopolitique de l’information suite à la création d’Al-Jazeera, les nations dites arabes vont progressivement créer des chaines destinées à toucher leurs opinions, voire celles de pays étrangers, mais encore leurs diasporas.

S’agissant de la chaîne francophone algérienne et de sa stupéfiante présentation des évènement survenus ces derniers jours en Israël, il est évident qu’elle participe de cette influence que le pouvoir algérien essaye de développer sur l’importante diaspora installée en France. Une partie de cette diaspora - car existe une autre partie importante mais peu identifiable parce qu’assimilée - , reste figée dans un imaginaire puissant qui la relie à l’Algérie, laquelle essaie ainsi de disposer d’un levier pour peser sur la politique de la France. Par ailleurs, le pouvoir algérien, sur fond de rejet ouvert de tout ce qui est français, est engagé depuis des années dans un processus d’arabisation, relevant au demeurant d’un syndrome de déni d’identité pour un pays anthropologiquement majoritairement berbère. En outre, il promeut un Islam dur comme en témoignent la répression des conversions au christianisme et de façon plus générale la détérioration de la condition des femmes dénoncés par l’avocate algérienne Aouicha Bekhti. Ainsi, selon elle, le code de la famille est « un code de l’infamie ». Elle ajoute que « nous constatons une grande régression dans les mentalités depuis l'avènement de l'islamisme politique…/…L'enseignement a été pris en charge par une idéologie rétrograde. La haine envers la fille et la femme s'installe dès l’école ». Les médias officiels algériens touchent évidement une partie des jeunes d’origine algérienne, même de troisième génération, et participent ainsi activement dans leur processus de rupture avec la nation française et ses valeurs.

L’avènement des réseaux sociaux constitue une étape majeure dans la diffusion de l’islam dit politique. Très rapidement, les stratèges islamistes, car il y a une pensée stratégique, ont parfaitement saisi l’extraordinaire potentiel de mobilisation de masses qu’offraient les réseaux sociaux. Ce phénomène a notamment été très bien analysé par le sociologue et spécialiste de l’Islam, Omero Marongiu-Perria, qui nous en explique les grands principes dans une tribune parue dans le journal La croix, en 2020 [3]. Selon le modèle Rosa Park, « leur stratégie possède ses mots-clefs tels que lempowerment – la « mise en capacité à agir » – ou encore le community organizing - la structuration dune action collective dans le but de construire un rapport de force avec lenvironnement…/…Avec larrivée des réseaux sociaux et des nouveaux médias, les community manager et autres community organizer sont devenus le processeur de cette arme et ils possèdent deux charges très simples à activer. La première est celle de la « communauté de destin » que devraient former tous les musulmans. À cet effet, l’État français est présenté comme lauteur conscient dun racisme structurel qui a pour objectif d’éliminer tout attribut dappartenance à lislam de tous les champs de la vie sociale. Il faudrait donc que tous les musulmans soient solidaires des plus fondamentalistes dentre eux sous peine d’être les prochains passagers du train conduisant aux chambres de la destruction de lidentité religieuse de la « communauté…/…La deuxième charge est lutilisation du registre émotionnel, qui confine à la totale indécence. Des altercations banales, des conflits qui relèvent de simples faits divers et qui devraient se régler rapidement via un processus de médiation classique, sont désormais immédiatement filmés, mis en scène, aux fins dattiser le ressentiment des membres de « La communauté ». Une simple touche d’émotion et lappel à la solidarité communautaire suffit à obtenir un large écho sur les réseaux sociaux. Malheureusement, dans la plupart des cas, la mèche se consume et déclenche lexplosif, provoquant son lot de déflagrations. ».

Les émeutes de juin et juillet dernier ont été massives, très violentes, et ont pour la première fois touché le coeur des territoires. Les émeutiers ont notamment visé des symboles de l’Etat, et ont systématisé les attaques de commissariats de police et de casernes de gendarmerie. Leur composition est principalement constituée de jeunes d’origine immigrée d’Afrique du Nord mais aussi de pays d’Afrique noire. Les commentaires se voulant rassurants quant au caractère soit disant non politisé de ces jeunes participent du déni systémique de la pensée dominante. Nous avons en réalité été confrontés à un nouvel épisode d’une guerre civile larvée. Le prochain épisode si les mesures nécessaires pour l’éviter ne sont pas prises, sera d’un autre impact destructeur.

Que faire sur un plan sécuritaire pour éviter les risques d’explosion des fractures politiques, ethniques, culturelles ou religieuses qui fragilisent la France ?

Je me suis à maintes reprises exprimé, en particulier dans ce média, sur cette question centrale. Je ne me suis d’ailleurs pas limité au volet sécuritaire qui, certes, est très important, mais évidemment non exclusif. Je reviendrai toutefois sur ce qui me semble majeur  dans le domaine considéré ;

-     le préalable participant du renouveau d’une volonté de puissance : il n’y a d’Etat protecteur que s’il est puissant ;

-     la reprise du contrôle effectif des flux, alors même que notre pays est devenu depuis des années « une passoire », comme l’est l’espace européen. Le ministre de l’intérieur vient officiellement de reconnaître la présence d’environ un million d’étrangers en situation irrégulière. Or, compte tenu de la situation de fragmentation culturelle de notre pays, il est impératif de stopper toute nouvelle immigration qui amplifierait ce phénomène. Cela rejoint la remarque d’Henry Kissinger évoquée supra. Cela renvoie également à certaines mises en garde du Général de Gaulle ;

-     la remise à plat de l’ensemble du dispositif sécuritaire. Si des améliorations notables ont été apportées, dont notamment la création et le renforcement de la DGSI, la question se pose sur la productivité des forces de sécurité intérieure, alors même que leur masse salariale a été considérablement augmentée et leurs moyens renforcés. Cette question de la productivité concerne bien évidemment le sujet de la présence effective sur le terrain, notamment au travers de la sécurité du quotidien de proximité qui constitue le socle de la fonction globale de sécurité ;

-     au-delà de la formule, la reconquête effective des quartiers dits sensibles, selon une programmation échelonnée, par des opérations vigoureuses, parfaitement planifiées, notamment par un travail de renseignement facilitant notamment le ciblage, et impérativement judiciarisées ;

-     une grande détermination dans l’action de la justice ;

-     l’expulsion systématique avec interdiction définitive du territoire français aux délinquants lourds de nationalité étrangère ou récidivistes, avec des mesures de relégation pour ceux dont les pays refusent l’accueil, phénomène qui devrait cependant nécessiter un autre positionnement diplomatique pour y remédier ;

Que faire sur un plan politique ? 

La question est quelque peu surprenante car c’est bien, dans une démocratie, au politique d’agir pour préserver ce qui est essentiel, soit la pérennité de notre Nation, de sa souveraineté, de son pacte social entendu dans ses fondements hérités de notre culture judéo-chrétienne et de l’esprit des lumières. 

Or, les massacres perpétrés en Israël constituent un choc qui est en train d’accélérer la recomposition profonde du paysage politique français, en ce sens qu’il oblige à un positionnement clair s’agissant notamment de la relation à Israël, du rapport avec les juifs, et au travers de ces questions, des valeurs fondamentales qui doivent animer notre démocratie. Qu’il oblige à un regard enfin objectif sur la véritable nature d’une partie de la gauche, soit la mouvance LFI, dont on ne peut ignorer malheureusement la très grande influence intellectuelle, et sur l’état réel d’une partie de la population française d’origine immigrée. 

Cette recomposition politique bouscule les ancrages politiques traditionnels, ou du moins leurs perceptions, soit notamment l’ostracisation d’une partie de l’électorat sous couvert de l’accusation de populisme. L’observation actuelle de l’Assemblée nationale est de ce point de vue révélatrice de ce phénomène majeur, seul à même d’en finir avec les inhibitions, les dénis, qui ont bloqué depuis des décennies toute prise de conscience partagée du délitement accéléré de notre Nation, et les mesures d’ampleur qu’auraient dû prendre les dirigeants pour y remédier.

Dans cet esprit, l’aveu du président du Sénat, Gérard Larcher, personnalité de premier plan connue pour sa modération, lors son interview par Sonia Mabrouk, le 11 octobre dernier sur Cnews/Europe 1, selon lequel la classe politique a échoué, n’a pas voulu voir, prend une dimension toute particulière. C’est ce même Gérard Larcher qui déclare dans le Figaro, en date du 3 octobre dernier : « Sur limmigration, la situation nest plus tenable »

Dans cet esprit, est également essentiel le retour d’une Gauche, celle de feu Jacques Julliard, celle d’Elisabeth Badinter, celle de Manuel Wals, de Carole Delga, de Bernard Cazeneuve…qui, certes porteuse de sa vocation sociale, doit rester également le fer de lance de la lutte contre l’obscurantisme, de la défense du rationalisme occidental et de l’universalisme, de la banalisation de toutes les religions selon la formule de Maître Richard Malka. C’est à elle de mener en priorité ce combat idéologique, tout d’abord au coeur de nos universités, si gangrénées par l’islamo-gauchisme, le déconstructionnisme, et les collusions avec des mouvements racialistes. C’est une gauche de combat qui est ainsi attendue sachant que le rapport de force est encore largement favorable aux humanistes. Ainsi, la majorité des professeurs attendent simplement d’être mieux soutenus pour dispenser sans auto-censure leur enseignement.

Un rapport de force encore largement favorable aux humanistes, tant ces valeurs universalistes sont celles dans lesquelles se reconnaissent une grande partie des jeunesses de grands pays comme la Turquie, sans évoquer bien entendu l’Iran. 

Que faire sur le plan politique ? Ne plus rien concéder, ne plus rien céder sur l’essentiel sur notre territoire et dans nos relations internationales. Promouvoir une union sacrée qui permette d’agir vite, juste et fort.

N’oublions pas les mises en garde de Boualem Sansal. N’oublions pas une célèbre citation de Churchill : « Nous devons notre liberté à des hommes qui ne plient pas, ne s’agenouillent pas, ne se soumettent pas ».


[1] Les Territoires perdus de la République, sous la direction d'Emmanuel Brenner, postface de Georges Bensoussan, nouvelle édition actualisée, Fayard-Pluriel

[2] Nadia Hamour (LR) : "Le voile comme la burqa sont un symbole de l'oppression des femmes » La secrétaire nationale à l'intégration des Républicains défend une conception combative de la laïcité au nom d'un "vivre en France". Entretien.Propos recueillis par Émilie Lanez Le Point Publié le 12/01/2016

[3] Islamisme et réseaux sociaux: de l’assassinat virtuel au meurtre réel  La Croix, le 16/11/2020

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