Quelle intensité pour le (futur) rebond économique post-Covid ? Des indices contrastés nous parviennent d’Asie<!-- --> | Atlantico.fr
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Singapour Covid-19 activité économique relance crise anticipation données Japon Thaïlande Taïwan Asie Europe
Singapour Covid-19 activité économique relance crise anticipation données Japon Thaïlande Taïwan Asie Europe
©Roslan RAHMAN / AFP

Reprise de l'activité

La reprise de l'activité économique dans certains pays asiatiques comme à Singapour ou au Japon, pour le dernier trimestre 2020, est en demi-teinte. Les données de ces nations doivent-elles nous faire comprendre que le rebond économique suite à la crise ne peut être que limité ?

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Atlantico.fr : La reprise dans certains pays asiatiques comme Singapour, le Japon ou la Thaïlande, qui ont communiqué leurs résultats de croissance pour le dernier trimestre 2020, semble être en demi-teinte. Le résultat dans ces pays, qui s’en sont pourtant relativement sortis face au Covid, doit-il nous faire comprendre que le rebond économique dû à la crise ne peut être que limité ? La reprise se fera-t-elle au cas par cas selon les pays ?

Michel Ruimy : Les scénarii haussiers envisagés fin 2020 résonnent encore aujourd’hui, mais trop d’attention est portée à l’image d’ensemble de la situation mondiale. On oublie les nuances significatives que nous pouvons observer au niveau régional. Sans une vision discriminante, plus fine, les projections risquent de se révéler erronées.

Ainsi, le Japon, Singapour et la Thaïlande ont enregistré une fin 2020 prometteuse. Cependant, les efforts mis en œuvre, partout dans le monde, pour contenir la crise sanitaire et éviter une récession plus intense obnubilent l’Asie dans sa globalité car la région est perçue comme ayant relativement bien affronté la pandémie en raison des bons résultats de son commerce extérieur.

Mais, bien que les effets sanitaires et économiques de l’Asie-Pacifique aient été bien plus maîtrisés dans la région qu’ailleurs dans le monde, le ralentissement de la demande intérieure et la dépendance de la région à l’égard des exportations pourraient freiner sa reprise et attiser les tensions commerciales avec l’Occident. Le rebond est donc loin d’être parfait.

Le prochain trimestre pourrait s’avérer être difficile au vu de l’évolution de la crise sanitaire et des stratégies vaccinales de chaque pays. Le pronostic optimiste d’une amélioration réelle de la situation doit être repoussé au milieu voire au second semestre / dernier trimestre de l’année.

Le futur rebond économique que nous attendons tous sera-t-il sur le même modèle en Occident ? Passe-t-il nécessairement par une situation revenue à la normale à l’échelle globale plutôt que régionale ?

Faute de remède contre la Covid-19, la mise à l’arrêt de l’économie a été, en 2020, la seule solution pour tenter de contrôler l’épidémie. En 2021, l’amélioration des techniques de surveillance du virus et le déploiement progressif de la vaccination apportent, pour la première fois, un espoir de limiter la propagation de la Covid-19 - et de ses variants - et le retour à un fonctionnement quasi-normal de l’économie.

Le futur rebond économique vise, à ce jour, le retour à la situation qui prévalait fin 2019. En Occident, les dirigeants politiques ont pris les mesures nécessaires pour recréer les conditions de la croissance, avec notamment l’instauration du chômage partiel ou encore le rachat de la dette par la Banque centrale européenne (BCE).

Or, le danger que les économies soient coincées dans un monde à moitié ouvert, à moitié fermé, est toujours présent. C’est pourquoi, le retour à la croissance sera différencié eu égard aux situations nationales mais également à l’interdépendance des économies. Il y aura vraisemblablement un double mouvement : le premier, au niveau national, visant le retour à un environnement comparable à celui de la fin 2019 qui dépendra, en partie, d’une seconde dynamique : le degré d’avancement du retour à ce niveau des divers partenaires commerciaux de chaque pays.

Pour ce qui concerne la France, ceci devrait mettre fin au mouvement de « stop-and-go » qui a marqué 2020 et qui fragilise les entreprises, dont beaucoup d’entre elles ont dû puiser dans leur trésorerie ou s’endetter pour payer leurs charges courantes. Reste à ne pas oublier de limiter l’accroissement des inégalités.

Les politiques monétaires de relance sont-elles la seule manière d’agir sur cette croissance ? Comment l’ajuster ?

L’activisme politique, stimulé par des montants records de relance budgétaire et de déploiement monétaire, a permis d’éviter le pire des scénarii. En effet, les volumes très élevés de capitaux nécessaires au pansement des économies risquant d’assécher les marchés financiers, la BCE et la Federal Reserve notamment ont, par leurs injections de liquidités, « sauvé » le monde, accroissant, en même temps, l’endettement public des Etats.

Au-delà de ces injections, ces institutions poussent les pays à repenser un nouveau modèle de croissance, plus « vert », plus juste, source de croissance future. A cet égard, l’Allemagne, la France et d’autres nations bénéficient de circonstances exceptionnelles : elles s’endettent à des taux négatifs. Dès lors, plus que le niveau d’endettement, il convient de se focaliser sur l’usage réfléchi fait de cette dette (incitation à la consommation et à l’investissement). Sera-t-elle source de croissance future ? Là est toute la question.

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