Quand le cas grec échauffe les cervelles : réponse à Nicolas Baverez<!-- --> | Atlantico.fr
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Le cas grec échauffe les cervelles (des retraités faisant la queue).
Le cas grec échauffe les cervelles (des retraités faisant la queue).
©Reuters

Polémique chez les libéraux

L’essayiste Nicolas Baverez publie une chronique où il met en parallèle avec la montée du nazisme, une "montée des populismes qui font converger l’hyper-nationalisme et l’hyper-socialisme". Et citant Husserl, il oppose deux camps : celui de "l’héroïsme de la raison" face aux populistes.

Marc Crapez

Marc Crapez

Marc Crapez est politologue et chroniqueur (voir son site).

Il est politologue associé à Sophiapol  (Paris - X). Il est l'auteur de La gauche réactionnaire (Berg International  Editeurs), Défense du bon sens (Editions du Rocher) et Un  besoin de certitudes (Michalon).

 

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Celui qui fut un biographe de Raymond Aron tombe précisément dans le travers que ce dernier critiqua au sein de la Société française de philosophie : une pensée binaire qui alimente une montée aux extrêmes en s’arc-boutant sur un rationalisme agressif. Plus généralement, l’auteur de « L’Opium des intellectuels » s’efforça de ne pas surajouter aux passions idéologiques en cédant notamment à des anachronismes.

En outre, prétendre à une montée des populismes qui propageraient des « hyper » nationalismes et des « hyper » socialismes montre une méconnaissance des proportions historiques et un manque de mesure. Car il va sans dire que les penchants nationalistes ou socialistes sont, à notre époque, hyper édulcorés par rapport à ce qu’ils furent dans les années 30, quand des ligues antidémocratiques faisaient la chasse aux opposants.

Enfin, la thématique de la « montée » de ce que Baverez appellent populisme, démagogie ou xénophobie est sujet à caution. Leo Strauss observait que certains intellectuels inclinent à diaboliser « tout ce qu’ils désapprouvent en tant que démocrates d’un certain genre ». Au regard de la durée historique, cette thématique de la « montée » s’apparente à un travers journalistique, ou résulte d’une anxiété d’intellectuel. En effet, en bonne logique, la montée ne peut pas être continuelle. Encore faudrait-il entendre parler de phases de baisse, ne serait-ce que de temps en temps. Or, certains sujets ne sont traités que sous l’angle de la montée. Montée de l’antisémitisme, certifiait par exemple… l’érudit qui réédita en 10/18 la Question juive de Karl Marx dans les années 60 ! Une période que l’on peut pourtant regarder, après coup, comme plutôt propice à une baisse de l’antisémitisme.

Dans le microcosme intellectuel, d’aucuns me confondent parfois avec le politologue autrichien Markus Crepaz, avec le journaliste français Marc Kravetz, ou avec Nicolas Baverez. Confusions flatteuses car je n’ai pas la notoriété de ces aînés. Mais je ne fais, en revanche, aucun complexe intellectuel. Et je crains que la pensée politique et économique de Baverez n’ait cessé d’être créative et stimulante depuis quelques années. Dans la revue Sociétal, j’ai eu l’occasion d’analyser son interprétation de la crise économique de 2008 comme platement sociale-démocrate. Baverez enrichit-il encore la réflexion de sensibilité libérale ? Il ne cesse depuis de prophétiser le péril d’une montée imminente de la stagflation… qui ne s’est pas produite. Rendons néanmoins hommage à celui qui fut un essayiste libéral rejeté comme « décliniste » par les intellectuels conformistes. Le Baverez d’aujourd’hui, qui nous invite à partager ses émotions, fut un auteur soucieux de s’appuyer sur des données factuelles.

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