Publication du patrimoine des ministres : la première grosse faute politique et morale de François Hollande <!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande a demandé aux ministres de son gouvernement de publier leur patrimoine.
François Hollande a demandé aux ministres de son gouvernement de publier leur patrimoine.
©Reuters

Editorial

Le patrimoine des trente-sept membres du gouvernement a été publié lundi 15 avril sur le site declarations-patrimoine.gouvernement.fr, qui proposait déjà les déclarations d'intérêts établies par les ministres lors de leur prise de fonction.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Difficile de savoir si François Hollande, en demandant aux ministres de son gouvernement de publier leur patrimoine, a fait montre d’une grande habileté politique destinée à noyer le poisson Cahuzac dans l’océan du soupçon ou s’il a pris cette décision dans un moment de panique pour calmer l’opinion. Toujours est-il que sur le fond, je ne vois dans ce grand déballage que des inconvénients et aucun avantage.

-        Cet étalage malsain a exalté les bas instincts de millions de français : voyeurisme, jalousie, moquerie, atmosphère de délation ... Le « scoop » foireux de Libération sur le soi-disant compte en Suisse de Laurent Fabius en est d’ailleurs la plus flagrante manifestation.

-        Ce top 40 des ministres en fonction de leur fortune donne le sentiment sur la scène internationale que la France s’ébroue dans un climat de corruption généralisée.

-        Cette mesure ne résoudrait pas d’autres éventuelles « affaires Cahuzac » car quand on dissimule de l’argent ou des biens au fisc, on ne va évidemment pas les révéler dans ce genre de déclaration volontaire.

-        Connaissant un peu le courage de nos responsables politiques, de droite comme de gauche, il y a peu de chances qu’un prochain gouvernement revienne un jour sur cet exercice de « transparence ». L’opinion ne le comprendrait d’ailleurs pas.

-        Du coup, cette disposition risque de dissuader de nombreux talents qui ont réussi dans leur domaine –business, sport, arts, etc- de se lancer dans l’action publique. Pourquoi accepter une baisse significative de sa rémunération si c’est pour se retrouver à genoux devant le tribunal de l’opinion ?

La bonne réponse à l’affaire Cahuzac aurait peut-être été de mettre en place un comité des nominations capable d’enquêter sur le passé professionnel des postulants, de vérifier s’il n’existe pas de risque de conflits d’intérêts, de connivences troubles susceptibles de discréditer l’action d’un ministre. Sûrement pas de mettre tout le monde à poil et de laisser tirer dans le tas !

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