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SOS Travail ! On a oublié que la production de richesses reposait sur lui, pas sur les réserves de changes (partie 1)
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Chômage for ever ?

Le chômage ne cesse d’augmenter dans bon nombre de pays de la zone euro et les reprises se font toujours plus pauvres en emplois. La concurrence internationale a noyé la valeur du travail relativement à celle du capital.

Pierre  Sarton du Jonchay

Pierre Sarton du Jonchay

Pierre Sarton du Jonchay est consultant en économie de la décision et en organisation financière depuis novembre 2008.

Il est l'auteur de l'ouvrage, Capital, crédit et monnaie dans la mondialisation, économie de vérité, L'Harmattan, Paris. paru en février 2011.

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L'économiste français Jean Fourastié avait parlé des « trente glorieuses » pour qualifier l'histoire économique de la France entre 1945 et 1975. Cette période a été marquée en Occident par une augmentation régulière de la production de richesses et un faible chômage. A partir du premier choc pétrolier, l'augmentation générale des prix est venue rogner la croissance des revenus.

Le nombre de personnes se déclarant au chômage a représenté une part croissante de la population capable de travailler. Depuis les années soixante-dix, le chômage est devenu un problème récurrent de l'économie mondiale. Le phénomène est resté sans véritable solution.

Une interprétation tronquée de la théorie de l'économiste britannique John Maynard Keynes sur l'économie du plein emploi a justifié une politique générale de stimulation de la croissance par la dette. Comme dans les années trente, l'excès de dette est devenue la cause première du chômage.

Le travail a vu sa valeur chuter en raison de la concurrence internationale dans laquelle il a été plongé

Les pays où le plein emploi a pu être atteint ont dû accepter une faible augmentation des salaires en proportion de la production ; ou bien des investissements d'enseignement et de formation pour élever la qualification du travail ; ou bien encore la dépréciation de la monnaie nationale afin que le travail domestique soit compétitif sur le marché mondial.

Keynes a fourni une justification théorique à l'intervention de l’État dans l'économie. Pour maintenir les conditions de la croissance, il fallait que les dépenses publiques soutiennent la distribution de revenus au travail. Si nécessaire, les investissements publics étaient financés par l'emprunt afin de réguler la demande adressée à la production.

Les suggestions de Keynes s'inscrivaient dans un cadre monétaire qui n'a jamais été mis en œuvre. Contre la proposition d'un étalon de crédit multinational, les États-Unis ont imposé à Bretton Woods un système monétaire international fondé sur le crédit en dollar. Depuis 1945, l'étalonnage de toutes les monnaies sur le crédit en dollar impose au monde la conception étatsunienne du crédit et de la monnaie.

La principale conséquence de l'organisation monétaire mondiale actuelle est la définition du pouvoir d'achat des monnaies sur le capital et non sur le travail. Les parités monétaires sont de fait calculées sur les mouvements de capitaux et non sur l'équilibre international des prix du travail. L'émission financière de crédits en dollars interdit jusqu'à aujourd'hui de fixer le prix des monnaies entre elles selon le plein emploi de l'offre mondiale de travail.

La déconnexion entre le prix du travail disponible et la valeur des monnaies a été renforcée après l'abandon en 1971 d'un système de change international régulé par les États. Les changes sont devenus flottants et laissés au système financier. Les dernières décennies ont vu la mondialisation du marché du travail hors de toute responsabilité des États de droit.

Le travail a pu s'échanger dans le monde entier par la libéralisation du commerce des biens et services. Le travail est devenu en soi un objet d'échange par le libre choix des lieux de production dans le monde. La circulation du capital non contrôlée par les droits nationaux a porté la concurrence économique sur les conditions de fixation du prix du travail selon le seul critère de la rentabilité du capital.

L'investissement international a attribué des prix mondiaux au travail. Une même capacité à produire est devenue comparable entre des pays différents par le calcul libre des salaires en monnaies convertibles. La chute du communisme a provoqué une concurrence mondiale à la baisse de la rémunération du travail.

Les investisseurs et entrepreneurs internationaux se sont mis à rechercher les travailleurs les mieux formés au salaire le plus bas possible. Le travail s'est intégré dans la demande mondiale comme un coût et non comme l'anticipation des dépenses de consommation de la production engagée de biens et services.

Trois facteurs sont devenus fondamentaux dans l'économie mondialisée du travail. Premier facteur : l'équilibre juridique des forces entre employeurs et salariés dans la négociation des salaires. Les États se sont fait concurrence sur les obligations de protection du travail et sur la répartition de la charge entre entreprises, collectivités publiques et salariés.

Deuxième facteur : la mobilisation des ressources pour investir dans la formation, la régulation de l'économie et les infrastructures collectives de développement.

Le troisième facteur a été la finance et la monnaie. Les États nationaux ont cherché à attirer ou retenir les capitaux. Les déficits ont été le cas échéant comblés par l'emprunt national et international.

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