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"Priscilla" de Sofia Coppola est à retrouver ce mercredi au cinéma.
"Priscilla" de Sofia Coppola est à retrouver ce mercredi au cinéma.
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Inspirée par les mémoires de Priscilla Presley parues en 1988 sous le titre « Elvis et moi », Sofia Coppola réinvente les treize années que la femme du King passa avec lui, entre amour et emprise. Un film à la fois pop, pudique et nostalgique.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

Grandissant malgré elle dans une caserne en Allemagne où son père est militaire, la jeune Priscilla Beaulieu s’ennuie ferme. A 14 ans, elle ne connaît toujours rien de la vie et son horizon lui paraît bouché jusqu’au jour où un officier lui propose de venir assister à une soirée organisée par Elvis Presley qui fait son service militaire dans cette même caserne. Le chanteur n’a que 24 ans, mais c’est déjà une star. Son regard croise celui de Priscilla. Dix ans les séparent, mais, entre ces deux là, le coup de foudre est immédiat. Elvis convainc les parents de celle qui n’est encore qu’une naïve ado de la laisser repartir en Amérique et il l’épouse. Le conte de fée ne dure pas. Très (trop ?) amoureux,  Elvis confine sa dulcinée, la fait vivre au rythme de ses foucades  et l’initie à la prise de substance illicites… Pour pouvoir être enfin elle-même, Priscilla finira par partir, malgré l’enfant qu’il lui a fait…

POINTS FORTS

  • Formidablement interprété  par Cailee Spaeny (Priscilla) et Jacob Elordi (Elvis), Priscilla  est  sans doute le meilleur film de la réalisatrice de  Marie-Antoinette et de Lost in translation…
  • Chic ! En choisissant d’adapter pour l’écran les mémoires de Priscilla Presley, Sofia Coppola a continué de creuser un sujet dans lequel elle excelle : celui de l’émancipation et de la construction de l’identité à cette période charnière qu’est l’adolescence.
  • L‘esthétique du film, pop et acidulée, exactement dans la manière du délicieux Marie-Antoinette de la réalisatrice.
  • Le casting. Il est dominé par deux acteurs éblouissants de justesse : Jacob Elordi qui joue un Elvis à la fois tendre, fou amoureux, colérique et machiavélique et surtout Cailee Spaeny qui campe une Priscilla tour à tour naïve, pure, fascinée, frustrée, trahie et abandonnée. Jusque-là pratiquement inconnue, cette comédienne américaine a raflé pour son rôle la Coupe Volpi de la meilleure actrice à la dernière Mostra de Venise. Elle a été depuis nommée aux Golden Globes. On pourrait bien aussi la retrouver en lice pour un Oscar de l’interprétation féminine.

QUELQUES RÉSERVES

  • On aurait aimé que le scénario creuse un peu plus la psychologie de son héroïne.
  • Les fans d’Elvis regretteront sûrement que le film ne comporte aucun morceau d’Elvis Presley. La faute n’en incombe pas à sa réalisatrice, mais à la société  « Elvis Presley Enterprises » qui a refusé de lui donner les droits.

ENCORE UN MOT...

Quelques mois après le flamboyant Elvis de Baz Luhrmann qui révélait un King épris de liberté, malgré l’emprise de son manager, le  mystérieux et toxique colonel Parker, voici son contre-champ. Il nous dévoile un King intimiste, celui qu’il était lorsqu’il se retrouvait en tête à tête avec son épouse Priscilla dans sa propriété de Graceland.  Dégagé pour un temps de l’emprise de Parker, le chanteur manipulé se faisait alors  à son tour manipulateur ….de la femme que pourtant, il aimait… 

Ce volet de la vie de la plus grande légende du rock, qui s’acheva avec le départ de son épouse, la réalisatrice Sofia Coppola a choisi de le tourner du point de vue de cette dernière, tel qu’elle l’a raconté dans ses mémoires. Cela donne ce film, audacieux et subtil sur le parcours d’une ingénue collégienne de quatorze qui devint à 21 ans l’épouse soumise d’une star mondiale, avant de la quitter à 27. Formellement très réussi, sensible et magnifiquement intelligent. 

UNE PHRASE

« Traditionnellement, Priscilla est un personnage mineur dans l’histoire d’Elvis.  Mais elle a assisté à tout, et son point de vue est aussi différent que fascinant. Ce qui m’intéressait, c’était d’explorer l’effet que cela faisait d’être une adolescente à Graceland, de grandir au sein de cette atmosphère extrêmement intense, dans un mariage compliqué et à quel point c’était incroyablement audacieux de choisir de quitter ce monde pour prendre sa vie en main » (Sofia Coppola, réalisatrice).

L'AUTEUR

Fille d’Eleanor Coppola et de Francis Ford Coppola, Sofia Coppola, née à New York en 1971 a commencé sa vie professionnelle en assistant pendant deux ans le couturier Karl Lagerfeld, tout en s’adonnant parallèlement à la photographie, en flirtant avec la réalisation et en faisant l’actrice, d’abord dans des films de son père, puis dans d’autres.

Elle attendra pourtant d’avoir 28 ans pour réaliser son premier court métrage, Lick the Star en 1998. L’année suivante, ce sera Virgin Suicides, son premier long. Encouragée par l’accueil favorable que ce film reçoit du public et de la critique, elle réalise, en 2003 Lost in Translation, grâce auquel elle remporte l’Oscar du meilleur scénario original, ses interprètes, Bill Murray et Scarlett Johansson, raflant pour leur part chacun un Bafta en tant que meilleur acteur et meilleure actrice.

En 2006, son Marie-Antoinette dont elle a confié le rôle titre à Kirsten Dunst, est présenté  en compétition officielle à Cannes. S’il en repartira bredouille, sa costumière, Milena Canonero remportera l’Oscar. En 2010, sa nouvelle réalisation, Somewhere recevra le Lion d’or de la 67° Mostra de Venise. En 2017, en compétition officielle de Cannes, Les Proies remporte le Prix de la mise en scène.

Aujourd’hui, Sofia Coppola, qui fait par ailleurs de la mise en scène de théâtre et d'opéra, est considérée comme une icône de la culture populaire par les milieux du rock et du cinéma indépendants. Priscilla est le huitième long métrage de cette cinéaste éclectique qui habite désormais Paris.

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