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Petit mode d'emploi à l'usage des Présidents souhaitant être réélus
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EDITORIAL

Nicolas Sarkozy annoncera mercredi soir sa candidature à la présidentielle 2012. S'inscrira-t-il dans les pas de François Mitterrand et Jacques Chirac qui furent réélus ou dans ceux de Valéry Giscard d'Estaing qui échoua en 1981 ?

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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D’abord, il faut rappeler que les présidents sortants se sont toujours représentés tardivement, Nicolas Sarkozy ne fait pas du tout exception à la règle, il est même pour l’instant parfaitement « dans la moyenne » : Valéry Giscard d'Estaing annonce sa nouvelle candidature le 2 mars 1981 (J-56) ; François Mitterrand le 22 mars 1988 (J-33) ; Jacques Chirac le 11 février 2002 (J-69).

La forme quant à elle a été pour l’instant très variable. En mars 1981, Valéry Giscard d'Estaing se déclare dans un cadre assez officiel ; derrière un bureau, avec au début un plan large intégrant son épouse Anne Aymone, réitérant ainsi l’épisode pourtant raté des vœux du 31 décembre 1975. Le cadre est assez strict mais sans aucun symbole de la présidence de la République. Il expliquera d’ailleurs au cours de son allocution « je ne serai pas un président-candidat, mais un citoyen-candidat ».

François Mitterrand se contentera en mars 1988 d’un simple « oui » en réponse à la question d’Henri Sannier lors d’un journal télévisé. Il l’étoffera quelque peu dans la foulée mais restera très sobre, il est encore dans « la force tranquille » de 1981, qui deviendra « la France unie » en 1988 (François Bayrou parle aujourdhui d’un « pays uni » … à qui « rien ne résiste », l’esprit de synthèse !).

Jacques Chirac enfin, en 2002, se déclarera assez spontanément lors d’un déplacement à Avignon, répondant à Marie-Josée Roig, Maire de la ville. S’exprimant en public, la séquence filmée permettra pour la première fois pour un président sortant d’associer une seconde candidature à l’expression d’un soutien populaire. C’était, du point de vue de la forme, sans doute la seconde candidature la plus chaleureuse et « sympathique ».

Au delà des dates et des formes, un mot pour comparer les contextes strictement politiques : Nicolas Sarkozy, en tant que probable futur quatrième président-candidat, est celui qui souffre du plus faible soutien populaire. Pour garder une base comparable, celle des cotes de popularité TNS Sofres-Figaro Magazine, Nicolas Sarkozy ne dispose que de 29% de confiance en janvier 2012, pour 68% d’avis négatifs. Le solde était également négatif pour Valéry Giscard d'Estaing et Chirac, mais beaucoup moins sévère (lorsqu’ils se déclarent, 41% d’avis favorables pour Valéry Giscard d'Estaing en mars 1981 et 46% pour Chirac en février 2002). Mitterrand quant à lui est le seul à avoir bénéficié d’une situation positive, et nettement, avec 61% de confiance en mars 1988 quand il se relance dans une campagne qui sera sans véritable suspense. La réélection de François Mitterrand en 1988 faisait aussi peu de doute que, pour certains, la défaite de Nicolas Sarkozy aujourd’hui.

En matière de forces en présence, Valéry Giscard d'Estaingà l’époque reste donné vainqueur, même si son avance s’érode nettement, face à Mitterrand et Marchais qui tournent longtemps autour de 20% d’intentions de vote … comme Chirac (ancien premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing, qui se déclare tardivement aussi, le 3 février 1981). Face à Mitterrand en 1988, la droite est encore multiple, pour ne pas dire plurielle, à travers Chirac et Barre, qui ne colleront jamais le président sortant dans les intentions de vote (autour de 35%), restant dans les 20%, à l’avantage de Barre jusqu’au début 88, puis de Chirac. En 2002 enfin, les choses sont beaucoup plus équilibrées entre Chirac et Jospin, autour de 20% d’intentions de vote, ce qui est faible pour un président sortant. On connaît la suite avec Le Pen qui passera tout juste devant le candidat socialiste (16,9% contre 16,2%).

L’histoire des précédents présidents candidats de la Vème République est donc faite à la fois de similitudes et de spécificités. 2012 n’est certes ni 81, ni 88 ni 2002, mais Nicolas Sarkozy s’en inspirera peut-être, lui qui est tant critiqué pour être un président-candidat non déclaré. De ce point de vue, au delà de la période récente, et même en l’élargissant à la deuxième période de son quinquennat, le président actuel est peut-être celui qui a eu le plus de mal, non pas tant à se présidentialiser comme cela a été beaucoup dit, qu’à sortir de son statut de candidat, il l’était encore après avoir été élu. Et c’est peut-être parce qu’il a eu du mal à « tuer le candidat », qu’il a quelques difficultés aujourd’hui à le réanimer et à l’assumer ? Il a pourtant dans ce rôle une qualité de conviction assez hors norme, et il a déjà réussi en 2005 à proposer une alternance, un « changement » en étant déjà « sortant » à l’époque, de la majorité présidentielle et des responsabilités. Entre Valéry Giscard d'Estaing qui ne devait pas perdre en 81, Mitterrand déjà gagnant en 88 et Chirac heureux en 2002, Nicolas Sarkozy devra sortir le grand jeu pour ne pas être le premier président sortant battu avant d’être candidat, et déjouer pronostics et conjoncture. Un défi comme les affectionne l’éternel candidat qui sommeille en lui.

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