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Prenez une bonne résolution : laissez-vous aller aux pensées négatives et mesquines, c’est bon pour votre santé (mentale)
©D.R.

Oh happy bad day !

Colérique, mal dans votre peau, insomniaque, stressé… Soyez heureux, tous ces symptômes sont bons pour votre santé mentale. Alors retrouvez le sourire à l'idée d'avoir des pensées négatives ! Bonne année.

Yves-Alexandre Thalmann

Yves-Alexandre Thalmann

Yves-Alexandre Thalmann est l'auteur de l'adaptation du "Bonheur pour les nuls", First éditions. 

Il exerce comme formateur, professeur et psychologue clinicien. Il anime des ateliers centrés sur le développement de la communication interpersonnelle et la gestion des émotions.

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Atlantico : Pour bien commencer 2014, nous avons un bonne nouvelle : les émotions négatives telles la tristesse, la colère ou encore la critique seraient nécessaires pour "avoir une bonne santé mentale". Que libèrent ces émotions ? En quoi dégagent-elles des bienfaits ?

Yves-Alexandre ThalmannIl faut commencer par une précision langagière : il n’y a pas d’émotions négatives ! Toutes les émotions que nous vivons sont utiles et nous signalent quelque chose d’important. A l’origine, elles ont contribué à notre survie. Certaines ne sont pas agréables à vivre, certes, mais elles restent positives. Par exemple, la tristesse vient signaler une perte et nous invite à faire le deuil pour passer à la suite. La colère, quant à elle, nous donne l’énergie nécessaire pour nous défendre et vaincre les obstacles. Les émotions sont un peu comme les touches d’un piano : toutes sont nécessaires pour jouer un beau morceau. En l’occurrence pour garder notre équilibre psychique.

Avoir conscience de sa tristesse ou de sa colère et ainsi apprendre à accepter ses sentiments permet de ne pas refouler des émotions négatives qui pourraient influer sur le sommeil, le comportement voire sur ses actions. Quels conseils donneriez-vous aux personnes sujettes à de telles émotions pour apprendre à – non pas les canaliser – mais les appréhender ?

C’est une illusion de croire que l’on peut échapper à nos émotions. On nous a appris à lutter contre elles, mais c’est encore pire. Lorsque nous luttons contre colère, par exemple, cela l’amplifie, car cela nous contrarie de ressentir la colère que l’on aimerait éviter. Il s’agit donc dans un premier temps d’accepter de vivre nos émotions. Mais attention, cela ne veut pas dire que l’on peut y donner libre cours : hurler sous l’emprise de la colère ou fuir sous l’impulsion de la peur accentue encore l’intensité de l’émotion. Accepter veut simplement dire : tolérer l’existence : « tiens, je suis en colère » ou « je suis triste et c’est ok de vivre ça » ou encore « j’ai peur, je n’ai pas besoin de m’en cacher. Mais j’affronte quand même la situation ».

Une étude australienne réalisée par le psychologue David J. Kavanagh a mis en lumière le fait que réfuter une émotion négative développait la conception desdites idées noires. A contrario, admettre que l'on ressent des pensées négatives permet de se limiter à celles-ci. Ces postulats peuvent-ils être généralisés ? Ces données sont-elles universelles ? L'acceptation est-elle automatiquement profitable à tous ?

Oui, ces résultats sont confirmés par les courants de recherche actuels sur les émotions. Lutter contre ce que l’on ressent accroît le mal-être. La raison en est simple : on ne peut pas s’empêcher de penser à quelque chose. Essayez en tentant de ne pas penser à un ours blanc durant la prochaine minute ! De même, essayez de ne pas ressentir de la colère lorsque vous êtes énervé ! Au contraire, l’acceptation est ce qui calme le jeu. C’est une règle générale.

Comment reprendre le dessus lorsque nous sommes emplis de pensées colériques ou tristes ? Y a-t-il un exercice physique permettant de minimiser ces pensées, ou du moins de les relativiser en les accompagnant par des pensées plus joyeuses ?

Première chose : faites de la place à votre émotion. Respirer votre colère, donnez-lui plus de place dans votre cage thoracique. Acceptez-la en vous (ce qui ne veut pas dire que vous pouvez l’agir, c’est-à-dire frapper, casser ou insulter sous son impulsion). Quant aux pensées négatives, il semble que le meilleur moyen de les dépotentialiser, de leur enlever leur pouvoir, est également de les accepter. Ne pas lutter contre, mais les laisser passer dans le ciel de notre esprit, plutôt que de les alimenter (en y résistant notamment). C’est exactement ce que prône la méditation ou le courant du mindfulness.

Pour approfondir, je peux vous renvoyer à mon petit livre : Le décodeur des émotions (First).

Propos recueillis par Marianne Murat

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