Pourquoi une défaillance des banques italiennes est impossible<!-- --> | Atlantico.fr
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Le siège de la banque italienne Monte Dei Paschi à Sienne.
Le siège de la banque italienne Monte Dei Paschi à Sienne.
©Reuters

To krach or no to krach

L'Italie s'enfonce dans la crise politique et la récession économique. Craignant une nouvelle défaillance dans la zone euro, le FMI fait part de sa vive inquiétude à propos du système financier italien. Une scénario chypriote ou grec est-il possible pour la troisième économie de la zone euro ?

Alain Fabre

Alain Fabre

Alain Fabre est Conseil indépendant en Fusions & Acquisitions. Il est aussi expert économique auprès de la Fondation Robert Schuman, de l'Institut de l'Entreprise et du mouvement ETHIC. 

Il a récemment publié Allemagne : miracle de l'emploi ou désastre social?, Institut de l'Entreprise, septembre 2013. 
 

Il a publié pour l'Institut de l'Entreprise L'Italie de Monti, la réforme au nom de l'Europe et Allemagne : miracle de l'emploi ou désastre social

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Atlantico : Le FMI a tiré la sonnette d'alarme sur la situation des banques italiennes. Quel est l'état de la situation ? Le risque de défaillance est-il aussi important qu'en Grèce ou à Chypre ?

Alain Fabre : Je fais partie de ceux qui trouvent la réaction du FMI un peu excessive. Les banques italiennes ont plutôt bien supporté la crise, il n'y a pas eu de mouvements, comme on l'a vu en Espagne ou en Irlande, de bulle immobilière. Elles sont restées loin de ces tentations. Il n'y a donc pas en Italie les problèmes de Chypre, de la Grèce ou de l'Espagne.

En revanche, il est vrai que les banques italiennes ont beaucoup souffert des turbulences de la zone euro, surtout en 2012. L'incertitude sur la dette espagnole ou la manière dont les marchés comprenaient la politique monétaire de la Banque centrale européenne, tout cela a perturbé les banques italiennes dans leur capacité à alimenter l'économie en crédits.

De plus, la récession en Italie est un peu plus prononcée que ce que l'on imaginait, avec une contraction du PIB plus forte que prévue (-1,3%). La situation monétaire est aussi un peu plus dégradée. Mais je ne trouve rien de nature à amener un vrai risque de défaillance. Personnellement, je soupçonne toujours le FMI d'avoir des démangeaisons "keynesiennes" le rendant soupçonneux envers ceux qui cherchent résolument à mettre leurs affaires en ordre.

L'économie italienne représente 90 fois celle de Chypre. Dans ces conditions, un plan de sauvetage serait-il possible en cas de défaillance ?

Dans le cas d'une défaillance, clairement, il sera impossible de mettre en place un plan de sauvetage. Les solutions qui se sont mises en place pour Chypre ou la Grèce sont impraticables pour l'Italie. L'Europe n'en aurait pas les moyens sachant que l'Italie représente 18% du PIB de la zone euro, contre seulement 0,2% pour Chypre. Pour dire les choses très simplement : les sauveurs ne peuvent pas se sauver eux-mêmes.

La seule solution est celle qui a été mise en place fin 2011 avec Mario Monti, avec une politique de réformes et de réduction des déficits pour entraîner une décrue des taux d'intérêts des bonds italiens.

On reproche à l'Union européenne d'avoir imposé des solutions brutales à Chypre. Pourrait-elle faire de même avec l'Italie ? Si non, cela ne risque-t-il pas d'entériner un "deux poids, deux mesures" parmi les pays de la zone euro ?

Ce qui est vrai dans ce raisonnement, c'est que vis-à-vis d'un petit pays, ce qui englobe Chypre et la Grèce, mais aussi l'Irlande et le Portugal, on peut avoir une attitude de type "soit vous faites des réformes, soit vous sortez de la zone euro". Effectivement, la réaction des gouvernements concernés c'est de dire qu'ils ne sont pas forcément convaincus du bien-fondé de la potion que l'on va appliquer. Cette logique n'est pas applicable avec les trois grands pays de la zone euro qui sont l'Allemagne (25% du PIB de la zone euro), la France (20%) et l'Italie (18%). L'Espagne (13%) est un peu une zone grise. Tout ce qui est en-dessous de l'Espagne, clairement, on peut leur imposer des mesures économiques douloureuses.

Quels seraient les risques pour l'économie européenne et l'économie française ? Le banques de l'Hexagone sont-elles très exposées face à un risque de défaillance en Italie ?

Les banques françaises sont évidemment très exposées, notamment la BNP et le Crédit agricole, même si elles ont les moyens de tenir le choc face à un système bancaire qui prendrait l'eau. On a aussi retenu les leçons de la faillite de Lehman Brothers. Si vraiment des problèmes lourds se produisaient, on aurait une intervention des Etats dans le capital des banques pour que le système bancaire reste debout le temps d'une restructuration, même si cela doit accroître la dette publique. De plus la dette italienne est majoritairement possédée par les Italiens, qui ont une épargne abondante. Donc il faut quand même nuancer : les Européens trouveront toujours des solutions pour le système bancaire italien, au moins pour les grands établissements, étant donné ce qu'il représente pour la zone euro. Une défaillance me semble donc impossible.   

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