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Pourquoi les marchés sont toujours hantés par l’imminence d’une nouvelle crise financière
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Edito

Donald Trump a gagné la bataille qu'il livre contre les marchés. Le reste du monde souffre. La guerre commerciale déclenchée par Washington contre la Turquie, l'Europe et la Chine fait craindre le pire.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Apparemment, Donald Trump a gagné la bataille qu’il livre contre les marchés avec un seul but : la prééminence de l’Amérique et le règne sans partage du dollar. L’économie de la première puissance mondiale caracole avec un taux de croissance supérieur à quatre pour cent, le chômage est au plus bas. Wall Street enregistre des niveaux record sous la houlette des valeurs technologiques qui ont acquis une sorte d’impunité dans le monde des affaires. Une nouvelle étape de prospérité à court terme a fait disparaître les craintes de la fin d’un cycle qui se profilait à l’horizon. La baisse des impôts attise la consommation, nourrit des profits confortables pour les entreprises qui voient se réveiller le désir de procéder à de nouveaux investissements. Par ailleurs, les tensions géopolitiques croissantes , largement exploitées par l’hôte de la Maison Blanche, visent à créer un climat anxiogène partout sur la planète qui conduit  à rechercher la protection du plus fort : les capitaux en quête de refuge affluent ainsi outre-Atlantique, d’autant plus volontiers que la hausse des taux d’intérêt conduite depuis plus d’un an rend le placement en obligations US plus attrayant au moment où l’Europe connait à l’inverse des rendements proches de zéro, inférieurs de toute manière à celui de l’inflation.

En contrepartie, le reste du monde souffre et de violentes déchirures apparaissent dans plusieurs points du globe qui pourraient annoncer des conflits sévères, voire des soulèvements de population aux conséquences imprévisibles. La guerre commerciale déclenchée par Washington, alors qu’elle entre à peine dans les faits, a déjà des effets ravageurs. Elle a mis au tapis la livre turque qui a perdu plus de 40% depuis le début de l’année et va asphyxier l’économie du pays, alors que Donald Trump a engagé une lutte sans merci contre l’Iran dont l’économie était une des plus avancée des nations intermédiaires. Dans son sillage, ce sont tous les pays émergents qui sont sur la sellette. Le rand sud-africain, le peso argentin, la roupie indienne et celle d’Indonésie, le real brésilien sont en chute prononcée.  La hausse considérable du pétrole et du gaz fait apparaitre un danger de récession, dont l’Amérique n’a cure, l’exploitation des gisements de gaz de schiste lui conférant le sentiment d’impunité pour avoir conquis l’indépendance énergétique. 
Dans ce contexte, l’Europe se sent particulièrement mal à l’aise, faute de pouvoir apporter une réponse commune face à l’offensive américaine. Les marchés font preuve d’un pessimisme grandissant, car c’est la croissance future qui est en cause. L’Allemagne va être pénalisée par une réduction de la demande extérieure. Au demeurant le Dax a perdu plus de cinq pour cent depuis le début de l’année, tandis que le Cac 40 abandonnait les gains acquis depuis le premier janvier. La journée du 15 août s’est traduite par un mouvement de faiblesse d’une ampleur inusitée pour une période où l’activité est logiquement très faible, et la tentative de rebond amorcée le lendemain s’est révélée bien timide, comme si les marchés étaient seulement dans l’attente du prochain repli. 
Pour la France, la situation se complique alors que la rentrée s’annonce délicate. La relance européenne espérée par Emmanuel Macron, sous l’égide du couple franco-allemand a fait long feu, face aux atermoiements d’Angela Merkel, terrorisée par l’agressivité de Donald Trump ; et les initiatives communes sont remises à plus tard. Au moment où la situation de l’Italie tiraillée par la coalition hétéroclite au pouvoir, crée un danger réel que l’on mesure à travers la hausse des taux longs prélude à une crise plus ouverte qui pourrait éclater du jour au lendemain avec les contagions que l’on peut imaginer sur la planète euro. 
Déjà l’ombre du ralentissement économique se profile, alors que les derniers avis de la Banque de France, en retard sur l’actualité, évoquent encore la possibilité d’un rebond au deuxième semestre qui permettrait de se rapprocher des objectifs fixés par le gouvernement. Dans cette situation complexe et surtout imprévisible, la tentation est de renoncer aux initiatives et de faire le gros dos en attendant le verdict des urnes américaines aux élections de mi-mandat de novembre prochain.

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