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Pourquoi le pape pense que le mariage est une “urgence de la nouvelle évangélisation”
©Reuters

Bonnes feuilles

En regardant la famille dans la réalité de sa beauté et l’appel de Dieu concernant notamment la vie conjugale, l’auteur, à la suite du synode sur la famille en octobre 2014 à Rome, insiste sur l'importance de la conversion de l’Église pour la famille qui ne doit pas être une pastorale comme une autre. Un livre essentiel pour comprendre combien il est urgent de sauvegarder la famille. Extraits de "La famille c'est sacré !", de Cédric Burgun, publié aux éditions Artège (2/2).

Cédric  Burgun

Cédric Burgun

Cédric Burgun est prêtre du diocèse de Metz, membre de la Communauté de l'Emmanuel. Il est actuellement détaché de toute mission paroissiale dans son diocèse et en mission de doctorat et d'enseignement en droit canonique.

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Et si nous regardions la famille en face ? Grave question que celle-ci si nous acceptons de la voir en réalité. Réalité de sa beauté ; réalité de ses drames ; réalités de ses souffrances. Le récent synode vécu à Rome, et convoqué par le pape François, se voulait dans ce réalisme-là. L’Église est appelée, je le crois, à une vraie conversion concernant la famille. Ce ne doit pas être une pastorale parmi d’autres… ce ne doit pas être l’affaire de spécialistes pastoraux ou de la doctrine morale. Ce ne doit pas être non plus un ensemble de programmes préétablis. La pastorale de la famille doit devenir, selon les voeux du Pape, « une urgence de la nouvelle évangélisation ».

On pourra toujours parler de nouvelle évangélisation ; d’annonce de la Parole et du salut. Mais qui voulons-nous sauver ? Les hommes dans leur individualité ? Nous ne favoriserions encore que l’individualisme croissant de nos sociétés occidentales. Aujourd’hui, la véritable urgence est donc de redécouvrir la beauté de l’appel de Dieu sur les familles et particulièrement sur la vie conjugale ; bref, redécouvrir la beauté du message de l’Église, et y croire ! Le défi pastoral le plus urgent réside là, comme le récent synode l’a affirmé clairement : « L’annonce de l’Évangile de la famille constitue une urgence pour la nouvelle évangélisation. L’Église est appelée à le mettre en pratique, avec une tendresse de mère et une clarté d’enseignante (cf. Ep 4, 15), dans la fidélité à la kénose miséricordieuse du Christ. La vérité s’incarne dans la fragilité humaine non pour la condamner, mais pour la sauver (cf. Jn 3, 16-17). »

N’est-ce pas là la première des conversions à laquelle nous sommes appelés : croyons-nous encore vraiment au mariage et à la famille ? Croyons-nous que celle-ci, au travers de ses joies, mais aussi de ses peines, est une vocation possible avec la grâce de Dieu ? L’Église nous appelle, et grâce notamment à la parole forte du pape François, à prendre soin des familles !

La famille est ce rêve que Dieu nous confie, nous dit-il : « Le “rêve” de Dieu c’est son peuple : il l’a planté et le cultive avec un amour patient et fidèle, pour qu’il devienne un peuple saint, un peuple qui porte beaucoup de fruits de justice. » 

« L’Évangile de la famille » n’est pas d’abord le monopole des chrétiens : il doit être proposé à tous les hommes de bonne volonté ; là est la nouvelle évangélisation ! L’Église porte en elle un message universel magnifique : en avons-nous suffisamment conscience ? S’il est vrai qu’aujourd’hui, les cartes semblent quelque peu brouillées et que cette réalité « naturelle » du mariage semble incomprise par beaucoup, nous sommes appelés à proclamer haut et fort cette réalité. C’est pourquoi le pape François le reconnaissait lui-même : nos débats ecclésiaux ne doivent pas servir « à discuter d’idées belles et originales, ou à voir qui est le plus intelligent… Elles servent à cultiver et à mieux garder la vigne du Seigneur, pour coopérer à son “rêve”, à son projet d’amour sur son peuple. Dans ce cas, le Seigneur nous demande de prendre soin de la famille, qui depuis les origines est partie intégrante de son dessein d’amour pour l’humanité ».

Le mariage, qu’il soit sacramentel (entre deux baptisés, parce qu’il signifie une présence particulière de Dieu au monde grâce au Christ) ou naturel (entre deux non baptisés, parce qu’ils sont aussi, de par leur nature, appelés à se marier et fonder une famille), demeure cette réalité anthropologique et naturelle de l’union d’un homme et d’une femme. Il ne s’agit pas de voir le mariage sacramentel comme un lieu magique qui protégerait le mariage naturel et assurerait sa réussite affective et effective ! Il s’agit surtout de le voir comme un acte de salut de Dieu venant fortifier notre nature humaine, fortifier notre volonté humaine, en venant la sanctifier et en faire un lieu de rayonnement de sa présence en ce monde. En cela, le mariage sacramentel est une véritable vocation, un appel de Dieu auquel on choisit librement de répondre. Y croyons-nous encore ? Combien de prêtres ou d’animateurs de préparations au mariage pouvons-nous rencontrer, qui sont comme désespérés de la pastorale familiale ? Non pas désespérés comme s’ils en étaient extérieurs, mais désespérés car se sentant comme démunis face à tant de questions et de souffrances à accompagner. Comment pouvons-nous aujourd’hui encore poser un acte de salut envers le mariage et la famille, pour en prendre soin ? Le premier acte de Jésus dans l’Évangile n’a-t-il pas été à un mariage, celui de Cana ? Le premier acte d’évangélisation doit être au coeur de la famille, sans laquelle la société s’enfoncera inéluctablement vers le néant.

Dans l’ordre de la création, il est un point fondamental qui relève notre dignité d’homme : notre capacité de prendre des décisions qui nous engagent. Et les célèbres paroles de Jésus sur le divorce sont en fait un passage clef : elles révèlent que, pour le Christ, les conflits familiaux, et notamment la question du divorce, proviennent « de la dureté de (notre) coeur », selon les mots mêmes de Jésus (Mt 19, 8). Évangéliser, c’est donc vouloir le salut de la famille et par conséquent de l’humanité, ni plus ni moins. La Bonne Nouvelle de l’Évangile, c’est donc que « l’alliance étroite entre les époux est embrassée et soutenue par l’alliance de Dieu, qui, par la fidélité de Dieu, continue à subsister4 » au-delà des difficultés inhérentes à toutevie conjugale. Si le Pape interpelle aussi vivement l’Église sur ces sujets, en nous bousculant même quelque peu, c’est bien parce que l’évangile de la famille est un lieu tout aussi radical pour vivre de la sainteté que Jésus nous propose ! Nos familles doivent donc découler, non pas de la « dureté de notre coeur » et du péché, mais bien de l’accueil du Christ et de sa joie.

Extraits de "La famille c'est sacré !", de Cédric Burgun, publié aux éditions Artège, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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