Pourquoi la soif de pétrole fait son grand retour dans les pays riches<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi la soif de pétrole fait son grand retour dans les pays riches
©Reuters

L'or noir

Après une décennie d'efforts visant à faire baisser la consommation de pétrole dans le monde, la baisse des prix enregistrée depuis 2014 a pu être le moteur d'une nouvelle progression de la consommation pétrolière au sein des pays de l'OCDE, celle ci venant d'enregistrer son plus haut niveau historique aux Etats-Unis.

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion. 

Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).

Voir la bio »

Atlantico : Faut-il en conclure que la perspective d'une transition énergétique serait à reconsidérer par ces chiffres ? La réalité n'est elle pas en train de contredire cette hypothèse ?

Jean-Pierre Favennec : La consommation de pétrole dépend tout simplement des prix. Le prix du pétrole est tombé de plus de $100 par baril en 2014 à $30 au début de  2016 avant de rebondir récemment (plus de $55 par baril)

Les consommateurs achètent tout simplement davantage d'essence et de gazole. L'augmentation de la consommation est d'autant plus importante aux Etats Unis que la baisse du prix du pétrole brut se répercute quasi intégralement sur les prix des carburants car les taxes sont très faibles alors qu'en Europe le matelas très important des taxes amortit l'impact de la baisse des prix du pétrole.

Cette augmentation de la consommation de pétrole conduit évidemment à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et contribue au réchauffement climatique ce qui va à l'encontre des objectifs de la transition énergétique. Cette situation est-elle durable ? Elle dépend beaucoup de la volonté politique des Etats. Mais dans l'immédiat la baisse des prix du pétrole favorise les intérêts des consommateurs qui peuvent consommer davantage à un prix modéré.

Au regard des enjeux d'offre et de demandes actuels, comment anticiper l'évolution future des prix ? Les prix sont ils appelés à rester durablement bas, formant ainsi un puissant levier anti-transition écologique ?

Les prix du pétrole brut se sont légèrement raffermis depuis la fin de 2016, à la suite de la décision des pays membres de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) et des principaux pays producteurs hors OPEP de plafonner leur production. Mais la remontée des prix est limitée par la production de pétrole de schistes américains. Cette production de pétrole de schistes, relativement chère, qui avait beaucoup augmenté de 2010 à 2014 augmente à nouveau dès que le prix du pétrole sur les marchés internationaux dépasse 50 dollars, conduisant à un plafonnement de fait des prix.

Aux Etats Unis, 60 SUV sont vendus pour un véhicule électrique, ce rapport est de 30 à 1 en Chine et de 25 pour 1 en Europe. Devant de tels déséquilibres masqués par un discours politique de "prise de conscience", quels seraient les pistes permettant de faire face à une logique de l'offre et de la demande aujourd'hui défavorable à la transition écologique ?

Pour l'instant les énergies renouvelables ainsi que les énergies n'émettant pas de gaz à effet de serre représentent une faible part de la consommation totale d'énergie. Les énergies fossiles, sources de CO2 donc de gaz à effet de serre, sont largement dominantes. La transition énergétique, qui signifie une diminution de la consommation d'énergie fossile ne pourra se faire qu'à travers des politiques très volontaristes des gouvernements.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !