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Pour Trump, la Fed et Jerome Powell n’en font jamais assez… pour compenser les effets de sa politique !
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Jerome Powell, Président de la Fed, la banque centrale américaine, baisse les taux de la Fed de 25 points de base le 18 septembre, entre 1,75 et 2% et Donald Trump, au lieu de le remercier, l’insulte !

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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« Jay Powell et la Réserve fédérale ont encore raté. Pas de tripes, pas d’intelligence, pas de vision ! Un communiquant terrible » tweete-il le 18 septembre, juste après la décision, alors qu’il demandait une baisse de 50 points (au moins). Et pourtant, baisser les taux de 25 points de base, encore, alors que l’économie américaine va bien, la consommation en forme, le logement au plus haut, est méritoire. Sauf dira Jerome Powell que cette économie est exposée à des incertitudes venant des tensions entre Chine et Etats-Unis. Elles pèsent sur elle. Mais ces incertitudes viennent en fait de Donald Trump lui-même. Il s’agit donc, avec cette baisse de taux, de compenser les effets négatifs de la politique présidentielle pour la croissance et l’emploi ! On pourra dire qu’au lieu de mettre Donald Trump face aux conséquences de ses choix, Jerome Powell en atténue les effets internes, ce qui lui permet de continuer. C’est bien, si les choix de Donald Trump sont les bons, notamment en ce qui concerne la méthode : fortes hausses de taxes douanières annoncées, puis réduites, alternance de cris et de protestations d’amitié. Sauf si cette méthode renforce l’adversaire. C’est bien, sauf si les munitions pour baisser les taux feront cruellement défaut quand il s’agira de lutter contre la récession.

Au mieux, en baissant les taux américains, Jerome Powell alimente la tension américano-chinoise. Au pire, il aggrave la récession qui viendra, un jour ou l’autre. Dans l’un et l’autre cas, Jerome Powell, entrera dans l’histoire de la politique monétaire pour ses renoncements successifs. Au service de son double mandat (recherche du maximum d’emploi, mais sans inflation trop au-delà de 2%), ou par crainte du Président américain qui ne veut que des baisses de taux, il vient encore de changer. Ce mercredi 18 septembre, il baisse ses taux  de 25 points de base, pour la deuxième fois de l’année. Pourtant, il y a un peu plus d’un an, il annonçait la poursuite des hausses, vers 4%, après quatre hausses depuis son entrée en fonction. Puis, il y a neuf mois, c’était la pause. Puis, il y a deux mois de demi (31 juillet), c’était la première baisse en expliquant que cette « mid-term correction » ne devait pas être comprise comme le début d’une série de baisses. C’est même ce qu’il confirmait fin août dans son grand discours de Jackson Hole. Il indiquait alors qu’il avait baissé ses taux une fois pour consolider l’activité au cours de son cycle, pour lui permettre de durer, mais qu’il fallait attendre pour mesurer les effets de son choix. Mais moins d’un mois après, il baisse encore ses taux, expliquant ingénument que l’économie liée à la consommation est forte, mais que faiblit celle liée à l’industrie et aux échanges, pour cause de « tensions géopolitiques », bataille USA-Chine en clair.

Et Jerome Powell, face aux questions des journalistes, lit les réponses qui lui ont été préparées et commente les graphiques : la croissance devrait être stabilisée autour de 2% jusqu’en 2022, l’inflation rejoindre ce niveau et s’y maintenir.  Donc les taux ne devraient pratiquement plus bouger en 2020 et 2021 dans un graphique où les membres de la Fed, de façon anonyme, indiquent où iraient les taux jusqu’en 2022 : ce sont les « dot-plots ». Pas de hausse de taux, pas de baisse disent-ils… sauf que Jerome Powell indique que ce ne sont pas là « des vues fortes ou des prévisions ». Alors : quoi ?

Jerome Powell répète encore ce qu’il cherche : croissance et emploi sans inflation, il les a ! Il se félicite même de la montée des salaires, ce qui aura un effet sur les prix, donc le fera monter les taux, qu’il baisse ! Il ne veut s’engager sur rien, disant en même temps qu’il veut renforcer sa « forward guidance », sa capacité à annoncer les taux futurs, tout en étant « state dependant », dépendant de la situation en cours ! Cherchez la logique ! Un article du Walt Street Journal disait que Jerome Powell « maitrise l’art de ne rien dire ». C’est en fait pire, annoncer tout et son contraire fait que les marchés ont bien compris : derrière Jerome Powell, il y a Donald Trump. Ils prévoient donc une troisième baisse de taux et la bourse monte. Donald Trump a bien raison : « Quel terrible communiquant ! » Où donc ce couple va-t-il nous mener, avant d’en avoir peur ?

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