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Le degré de faim influence les préférences faciales, ce qui signifie que plus on a faim, plus on a de chances d'être attiré par quelqu'un, selon le docteur Batres.
Le degré de faim influence les préférences faciales, ce qui signifie que plus on a faim, plus on a de chances d'être attiré par quelqu'un, selon le docteur Batres.
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THE DAILY BEAST

A New York, une soirée de "speed dating sensoriel" proposait aux participants de se renifler les aisselles, yeux bandés. Serait-ce plus efficace que d'aller prendre un verre ?

Lizzie Crocker

Lizzie Crocker

Lizzie Crocker est journaliste pour The Daily Beast.

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Copyright The Daily Beast  - Lizzie Crocker

Excusez-moi, ça marche comment ces chinese cookies ?" Nous sommes tout un groupe en file indienne à l'occasion d'une soirée de "speed dating sensoriel" lorsque Mona, une rousse stressée, me pose cette question sur les biscuits arrondis qui circulent sur des plateaux.

"J'imagine qu'ils parlent tous de sexe ?", dit-elle en rigolant après que nous avons échangé les destins qui nous étaient prédits sur le message entourant le biscuit. En quelque sorte, oui, ils parlent de sexe. Les nôtres renferment des informations sur l'accouplement des bonobos et sur le fait que les humains sont les seuls mammifères à développer des seins même sans allaiter.

Environ 80 personnes s'entassent dans le Littlefield, un club de concerts de Brooklyn redécoré pour ressembler au plateau de The Bachelorette. Les grandes tables rondes sont drapées de nappes rouges et une lumière tamisée adoucit les traits des participants. Ce n'est pas très important car je vais passer la plus grande partie des deux heures qui vont suivre les yeux bandés, à renifler les aisselles d'inconnus et à caresser leur visage, deux des cinq tests sensoriels conçus pour nous aider à évaluer nos partenaires potentiels.

Mona a repéré en ligne une publicité pour cette soirée de speed dating sensoriel (elle a déjà participé à des séances de speed dating par le passé, mais sans la composante sensorielle) et elle porte pour l'occasion un chemisier en velours rouge au décolleté plongeant. Elle a attaché ses cheveux en chignon avec un nœud à froufrou et ses lèvres sont vernies d'un gloss pailleté.

Mona ressemble plus au personnage de Charlotte aux fraises qu'à l'image élégante que l'on se fait de la typique célibataire new-yorkaise trentenaire. Mais ses choix vestimentaires ne déparent pas dans le comité rassemblé au Littlefield. Les femmes qui gloussent sont beaucoup plus nombreuses que les hommes, désespérés et passifs. Dès le départ, j'ai trouvé une place entre Justin, 35 ans environ, discret, dont les cheveux noirs bouclés évoquent une boule de paille de fer et Chris, 45 ans, visage rond, pantalon cargo et chemise bleu pâle aux broderies blanches excentriques. C'est Guerilla Science qui a organisé l'événement. Il s'agit d'un collectif scientifique présent à Londres et à New York, qui "crée des événements et des installations pour des festivals, des musées, des galeries et autres clients du secteur culturel".

Il a fait venir plusieurs experts qui vont nous expliquer les expériences auxquelles nous nous soumettons : Carlotta Batres, post-doctorante en psychologie à l'université de Gettysburg et Aaron Owen, biologiste de l'évolution dont les recherches portent sur la "sélection sexuelle". "Les personnes avec des visages symétriques ont normalement un système immunitaire puissant", explique Carlotta Batres pendant que les participants se frottent maladroitement les joues les uns des autres, les yeux bandés. Alors qu'un Français (qui ressemble à Idris Elba) me met dans la bouche un canapé à la carotte, la chercheuse explique que "chez les primates, le fait de donner de la nourriture et de la partager libère de l'ocytocine, l'hormone des attachements".

Le degré de faim influence les préférences faciales, ce qui signifie que plus on a faim, plus on a de chances d'être attiré par quelqu'un, selon le docteur Batres. Mes sens sont surtout assaillis par ce qui ressemble à de la pseudo-science ; apparemment, "les carottes augmentent le charme" tandis que "les fruits et les légumes vous donnent un teint plus lumineux". Vraies ou pas (je suis peut-être en train de nager dans l'ocytocine), les données du docteur Batres semblent n'avoir aucun rapport avec le fait que je sois nourrie en public par un Français en pleine séance de speed-dating.

Le maître de cérémonie, un homme de petite taille aux pieds en canard et au visage poupon, enchaîne les blagues molles avec un ton de présentateur de jeu télévisé. Je regarde autour de moi pour voir si cela fait grimacer d'autres participants, mais non. Les gens ont l'air de passer un bon moment. Les mauvais jeux de mots. Les chutes maladroites. En fait, c'est sans doute moins une question de science qu'une question de goût. Tandis que la foule de célibataires mal à l'aise essaie de transmettre ses émotions par la danse (là encore, les yeux bandés), on nous explique que le toucher est lié à des zones du cerveau qui commandent la compassion ; que les femmes que leurs partenaires prennent plus souvent dans leurs bras sont moins stressées ; que si un homme entre dans un bar et qu'il passe son bras autour d'une femme, il a plus de chances d'obtenir une réponse positive (et de se faire virer du bar).

C'est la même chose pour ceux qui accostent des femmes dans la rue et leur demandent leur numéro de téléphone. Alors que le refrain émouvant de Take My Breath Away résonne dans le bar et que l'on nous demande de former un nouveau groupe pour un autre "exercice scientifique" censé nous aider à trouver un partenaire, il devient malheureusement clair que si la science peut nous fournir des indices sur la façon d'aborder une femme ou de susciter la sympathie d'un homme, elle ne peut pas remédier au mauvais goût. C'est bien de savoir quelle partie du cerveau active les phéromones, mais c'est à vous de décider de ne pas porter un pantalon cargo lorsque vous cherchez l'âme sœur.

Après avoir recouvré la vue, lors d'une brève séance de questions, l'un des participants demande si l'influence de la connaissance des odeurs sur les notes d'appréciation dans l'application de rencontres Tinder a été étudiée (apparemment, oui, il existe une variable "parfum" qui compte dans Tinder). Certains discutent en privé à des tables tandis que d'autres finissent leur conversation au bar. Je m'apprête à sortir lorsque le Français qui avait le nez collé à mes aisselles une heure plus tôt m'arrête pour me donner un conseil : "Ne changez pas de déodorant".

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