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Pour les patrons de PME, Fillon l’emporte largement devant Macron et Le Pen
©CGPME

Atlantico Business

Bien que les programmes de Macron et de Fillon soient très proches, les patrons de PME font plus confiance à François Fillon pour faire aboutir les réformes.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les patrons de PME ont, à l’initiative de la CGPME, passé au scanner les projets et les programmes présidentiels en matière économique des trois principaux candidats à la présidentielle : Marine Le Pen, Emmanuel Macron et François Fillon. 

Les PME en France sont des petites et moyennes entreprises qui, pour la plupart, vivent et travaillent en province. Elles emploient entre 10 et 250 salariés. Rarement plus, ce qui est une des faiblesses de l’économie française. Au-delà de 250, ces entreprises sont classées dans la catégorie des ETI, elles sont extrêmement rares alors qu’elles se développent très bien en Allemagne.

Toujours est-il que la France compte 3,5 millions de PME, soit 99,9 % des entreprises, et surtout 48,3 % de l'emploi salarié (en équivalent temps plein). Donc ça n’est pas rien. On dit toujours que si chaque entreprise créait un emploi, le problème du chômage en France serait réglé. 

L’armée des PME est influente et puissante. Elle n’est sans doute pas homogène sur tous les terrains. Entre le bâtiment et l'électronique, on ne parle pas toujours la même langue, mais en général ce monde-là se reconnaît mieux dans la CGPME qu’au Medef.

La CGPME a donc passé au crible et au scanner devant ses adhérents, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et François Fillon. Le résultat est sans appel, ni débat. Marine Le Pen les inquiète, Emmanuel Macron les intrigue, et François Fillon les intéresse le plus.

La présidente du Front National a beau présenter un programme « entièrement tourné vers les TPE et les PME, qui forment l’âme économique de la France » dit-elle, les patrons auxquels elle s’adresse sont assez peu convaincus de la crédibilité de ce qu’elle promet. Impossible de financer tout cela. Notamment en matière sociale. Mais ce qui rebute les petits patrons c’est la tendance au protectionnisme de son programme, la préférence nationale, et sa remise en cause de l’euro. Le Front National n’a pas pris la mesure de l’attachement des petits patrons à la capacité d’exporter. L’internet, le digital leur ont donné la possibilité de se vendre à l’extérieur du territoire et cela ne concerne pas seulement les entreprises de la Tech, mais tous les corps de métier y compris dans les secteurs industriels les plus traditionnels qui vivent à l’ombre d’un grand groupe donneur d’ordre lequel travaille à 80% pour l’étranger. Le Front National n’a pas compris que, quand Peugeot ou Renault construit une usine en Chine, ils emmènent avec eux des centaines de sous-traitants.

Les patrons de PME ont donc besoin d’un environnement qui leur permettent de développer une offre à valeur ajoutée, ce qui veut dire, beaucoup de souplesse dans le droit du travail, et beaucoup de souplesse dans la fiscalité du capital. Sans parler de la stabilité monétaire et de l’euro. D’une certaine façon, le Front National s’adresse plus aux couches très populaires, qu ‘aux entrepreneurs si modestes soient-ils, mais dont la population grandit de jour en jour.

Marine Le Pen répond à la grogne ambiante, mais pas à la demande de patrons de PME. Emmanuel Macron et François Fillon proposent des projets et des programmes très convergents mais les méthodes pour arriver aux objectifs qu’ils se fixent sont divergentes et là, François Fillon prend un net avantage.

Sur les programmes économiques et sociaux, Fillon-Macron c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Ils partent tous les deux du même diagnostic, la France a un problème de compétitivité, et c’est vrai. Il suffit d’analyser la balance commerciale. Notre déficit est abyssal. Ce qui veut dire que nous avons de la demande, mais nous n'avons pas d’entreprises pour la satisfaire. On va donc acheter ailleurs.

Fillon-Macron développent donc tous les deux, des projets qui visent à améliorer l’écosystème des entreprises, soit une baisse du coût du travail, une baisse de l’impôt sur le capital et les investissements (une flat tax à 30%), un assouplissement du droit du travail, une diminution du périmètre de l’Etat par la baisse du nombre de fonctionnaires et le passage au privé de certaines activités, un redressement des finances publiques, un respect des engagements européens et même un approfondissement de la coopération européenne avec plus de fédéralisme .

Sur le terrain social, ils proposent tous les deux une inversion de la hiérarchie des normes sociales avec un transfert de pouvoir syndical au niveau de l’entreprise ou de la branche.

Alors, il y a quelques nuances dans les présentations, Fillon est sans doute plus dans la rupture du modèle social précédent mais c’est parce qu’il a fait faillite, ce que reconnaît Emmanuel Macron. L’ancien ministre de l’économie est en revanche plus radical que Fillon sur la réforme des retraites.

Mais tout cela est très compatible parce qu’à aucun moment, les candidats renoncent à assumer les mutations auxquelles nous sommes confrontés et les contraintes. Le digital, l‘environnement, la mondialisation, l’euro, l’Europe.

Là où  les deux candidats creusent la différence aux yeux des patrons, c’est au niveau de la méthode. La grande majorité des patrons de PME ne font pas confiance à Macron pour mettre en œuvre ses projets. Ils le considèrent sincère, mais ils estiment qu’il n’aura pas les moyens politiques. Emmanuel Macron n’a pas de majorité évidente. Il a des soutiens qui ne sont pas soudés par une conviction commune, donc ce pack de soutiens peut se fissurer et exalter très vite. Sans majorité au parlement, Macron est condamné à l'immobilisme donc à faire du Hollande.

En revanche, ils ont tendance à faire crédit à François Fillon sur sa capacité à sceller une majorité autour de son projet. D’autant plus qu’aujourd’hui, Alain Juppé, qui avait tendance à arrondir les angles, est sorti du jeu et les troupes de Nicolas Sarkozy sont partantes pour défendre un projet de rupture.

Maintenant, les patrons de Pme sont positifs par nature, ils sont nombreux, mais pas assez pour faire une majorité présidentielle. Tout le problème de François Fillon, est d’élargir son électorat, sans pour autant édulcorer son programme.

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