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Personne ne peut croire que la réforme du travail va créer des emplois : le problème est ailleurs !
©Reuters/Charles Platiau

Atlantico Business

Beaucoup d’hommes politiques expliquent qu’une simplification du code du travail peut relancer l’emploi, mais le problème est ailleurs...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La force d’Emmanuel Macron est de ne pas avoir fait de promesse. Comme un médecin, il ne s’est engagé que sur la mobilisation de tous les moyens possibles. Pourvu que son Premier ministre Edouard Philippe et sa ministre du travail, Muriel Penicaud, respectent la consigne. Ecouter, écouter. Toujours.

S’il suffisait d’alléger le code du travail, de le simplifier pour relancer les embauches et résoudre le chômage de masse, ça se saurait. Si François Hollande et Manuel Valls ont lancé le chantier qui a fini de faire exploser leur majorité, c’est qu‘ils n’avaient pas d’autres solutions à mettre en place rapidement. Et s'ils en avaient l’idée, ils étaient barrés immédiatement par l’opposition d'extrême gauche. On leur a fait croire, et ils ont finalement cru qu’introduire plus de flexibilité dans l’organisation du travail pouvait débloquer le marché.

Résultat : ils se sont plantés et en ont oublié l’essentiel.

Emmanuel Macron s’y prend un peu différemment. Une loi travail qui assouplit l‘organisation du travail, qui fluidifie le marché de l’emploi tout en améliorant la sécurité des personnes, oui ... c’est surement nécessaire, mais ça ne sera jamais suffisant.

Les partenaires sociaux ont, semble-t-il compris, cette évidence même si les syndicats d’un côté, le Premier ministre de l'autre, sont obligés de suivre le rituel français du dialogue social, qui commence toujours par purger les sources de conflits pour aborder sur les rives du compromis.

Le compromis social sera d’autant plus sérieux qu’on acceptera de traiter tous les problèmes qui bloquent le marché du travail.

1ère réforme : un changement de discours. A partir du moment où la gouvernance française adopte un discours et une attitude pro-business, l’attitude des chefs d’entreprises va changer. Manuel Valls avait commencé cette mue sémantique, Emmanuel Macron est apparu comme un pédagogue de l’économie de marché, un thuriféraire de l’entreprenariat. Comme il est relayé par ses ministres et qu’il sera surement soutenu par une majorité de députés, cette ambiance hostile dans laquelle baignaient les patrons d’entreprises va sans doute s’estomper. Pendant le précédent quinquennat, le chef d’entreprise était l’adversaire de classe, l’allié de la finance, donc l’ennemi numéro 1. Avec le quinquennat qui démarre, le chef d’entreprise devient l’acteur central de la création de richesses.

Le chef d’entreprise ne va plus chercher à se cacher, ou à préparer une délocalisation, il va refaire ses plans de développement et peut être recommencer à embaucher. Enfin !

2ème réforme : l’assouplissement des conditions de l’emploi. C’est l’objet de la loi travail qui se prépare, avec un renversement de la hiérarchie des normes qui ramènera les syndicats au niveau de l’entreprise, avec une simplification administrative et financière des conditions de licenciement, avec un allègement des obligations de la représentation syndicale dans l’entreprise par un déplacement des fameux seuils, et une modification des procédures de mesures de la pénibilité.

3ème réforme : une amélioration de la compétitivité. On peut raconter ce que l’on veut sur la nécessité de regonfler les carnets de commande, relancer la demande par une hausse du pouvoir d’achat... Le vrai et seul problème des entreprises françaises, c’est qu‘elles ne sont pas compétitives. Les entreprises françaises ont perdu leurs clients parce que les clients ont choisi d’aller se fournir à l’étranger.

C’est sans doute la réforme la plus importante.

Contrairement à la gouvernance précédente qui voulait un compromis compliqué entre la logique de la demande et la logique de l’offre, le programme d’Emmanuel Macron est construit sur un diagnostic sans complexe d’un déficit de compétitivité.

Ce déficit de compétitivité explique que l’industrie française a perdu ses capacités de production, ses parts de marché, ses emplois, ses exportations et ses salaires qui sont en permanence orientés à la baisse.

Il faut donc reprendre le modèle économique à la base et le reconstruire.

Ça passe par la hausse du niveau de gamme des produits que nous fabriquons, par le maintien ou la baisse du coût du travail ce qui n’entraine pas mécaniquement une baisse des salaires. Ça passe également par la formation professionnelle.

Toutes les réformes qui vont suivre la loi travail et qui vont porter sur l’Unedic, les retraites, le fonctionnement de l'Etat, la fiscalité des entreprises et du capital, l’Education nationale, la formation professionnelle et permanente sont toutes orientées vers l’amélioration des marges de manœuvre pour redresser la compétitivité des entreprises et par conséquent le marché de l’emploi. 

Beaucoup d’hommes politiques expliquent qu’une simplification du code du travail peut relancer l’emploi, mais le problème est ailleurs...

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