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Le futur État palestinien dans une impasse malgré les promesses d'Obama
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EDITO DE GILLES KLEIN : Favorables à sa création les États-Unis mettent leur veto à l'ONU : la crise au Moyen Orient ne peut que s'aggraver.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Dans une semaine l'Autorité palestinienne va officiellement demander aux Nations-Unies de reconnaître l'État palestinien. La demande n'a aucune chance d'aboutir : au sein du Conseil de Sécurité qui doit valider ce genre de décision, paradoxalement, les États-Unis, bien qu'ils se déclarent en faveur de la naissance d'un tel État, n'ont jamais cessé de répéter qu'ils opposeraient leur veto. Tous les médias le rappellent.

Cette tentative ratée risque de provoquer un durcissement des deux parties, israéliennes et palestiniennes, tout en dégradant l'image des États-Unis dans le monde arabe : le président Obama est en grande partie responsable de cette impasse alors qu'il avait fait des promesses précises au monde arabe au début de son mandat.

L'orage qui s'annonce est une mauvaise nouvelle pour les États-Unis et pour la paix dans la région. Toutes les tentatives de médiations européennes et américaines pour proposer un statut intermédiaire aux Palestiniens ont échoué. Mais l'échec est peut-être surtout celui d'Obama, qui en est le principal responsable. En juin 2009, lors d'un célèbre discours prononcé en Égypte, au Caire, rappelant l'histoire de son père musulman, il avait souhaité que les relations entre les États-Unis et le monde musulman prennent "un nouveau départ".

Obama avait ajouté: "L'Amérique ne tournera pas le dos à l'aspiration légitime du peuple palestinien à la dignité, aux chances de réussir et à un État à lui." Obama ne s'était pas contenté de cette phrase, il avait longuement abordé la question palestinienne, et même précisé "la seule résolution consiste à répondre aux aspirations des uns et des autres en créant deux États, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun dans la paix et la sécurité. C'est dans l'intérêt d'Israël, dans l'intérêt de la Palestine, dans l'intérêt de l'Amérique, dans l'intérêt du monde. C'est pourquoi je compte personnellement poursuivre un tel aboutissement avec toute la patience et le dévouement qu'exige cette tâche."

On n'a pas vu que le processus de paix ait progressé de manière quelconque sous son impulsion. Les implantations de colonies ont continué alors que Barack Obama avait aussi déclaré "Les États-Unis n'acceptent pas la légitimité de la continuation des colonies israéliennes. Ces constructions constituent une violation des accords passés et portent préjudice aux efforts de paix. Le moment est venu pour que ces colonies cessent."

Mais le président n'a pas tenu parole : le 18 février 2011, l'administration Obama a mis son veto pour empêcher que le Conseil de sécurité de l'ONU ne vote une résolution réclamant une condamnation de la colonisation israélienne.

Pourtant le projet de résolution était parrainé par 130 pays, et  14 des 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU, dont les Européens, avaient voté en sa faveur. À partir de ce moment là, les dés sont jetés. L'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas est condamnée à la fuite en avant, il ne pouvait pas abandonner cette demande de reconnaissance. Et il va être désormais, plus que jamais sous la pression du Hamas qui contrôle Gaza, et rêve d'étendre son emprise aux zones tenues par le Fatah qui soutient Habas. Obama a fait un cadeau au Hamas nettement plus dur que le Fatah.

Le revirement d'Obama, et la tentative ratée d'obtenir la reconnaissance de l'État palestinien risquent de conduire Israël à durcir encore sa position en remettant en cause les accords passés. L'affaiblissement d'Abbas et de l'Autorité palestinienne qui n'a plus grande crédibilité aux yeux de la population palestinienne ne peut que favoriser l'exaspération et le retour de la violence. Les espoirs de paix s'éloignent encore un peu plus, et l'image des États-Unis dans le monde arabe, qui aurait pu bénéficier de l'évolution apparue avec le Printemps arabe, va de nouveau se dégrader : beau gâchis.

Si Obama n'avait pas l'intention de s'engager dans un vrai processus de paix pourquoi a-t-il prononcé le discours du Caire ?

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