Ordre et protection : les mots de la (fausse) unité de la droite<!-- --> | Atlantico.fr
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Xavier Bertrand prononce un discours à Saint-Quentin après les résultats du second tour des élections régionales, le 27 juin 2021.
Xavier Bertrand prononce un discours à Saint-Quentin après les résultats du second tour des élections régionales, le 27 juin 2021.
©FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Ligne politique

Les discours des candidats de droite aux élections régionales étaient axés sur l’ordre et sur leur volonté de protéger les Français et notamment les classes moyennes en difficulté. Quels sont les principaux enseignements de la campagne des élections régionales et départementales pour la droite pour la présidentielle de 2022 ?

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Atlantico : Les maîtres mots des discours des gagnants de la droite aux Régionales ont été l’ordre et la protection. Ils veulent tous protéger les Français et notamment les classes moyennes en difficulté. Dans les faits, il ne s’agit pas d’un discours très éloigné du Rassemblement National. Quelle droite cela préfigure-t-il pour l’élection de 2022 ?

Maxime Tandonnet : Les leaders de droite ont conscience de l’importance prise par les questions de sécurité pour les Français et plus généralement de respect de l’ordre. Certes, les gouvernements ne diffusent plus de chiffres mensuels de l’évolution de la délinquance comme c’était le cas dans la culture de résultat prônée par Nicolas Sarkozy entre 2002 et 2012. Mais les faits divers, les agressions et la violence quotidienne constituent un profond traumatisme pour les Français. D’ailleurs, les crimes de sang, pour la première fois depuis des décennies, sont en augmentation en France. Aujourd’hui, le quinquennat Macron est exposé à un procès en « jospinisation ». On se souvient que l’ancien Premier ministre socialiste, candidat aux présidentielles de 2002 contre le chef de l’Etat Jacques Chirac, devancé au premier tour par M. le Pen, avait suscité un tollé en déclarant, « nous avons été naïfs en matière de sécurité ». Les candidats potentiels de droite sont en train d’essayer de s’engouffrer dans cette faille des deux derniers quinquennats. L’insécurité frappe de plein fouet les milieux populaires qui se sont massivement abstenus. L’objectif évident est de tendre la main, à travers l’image d’un Etat protecteur, à ces catégories.

Les champions de la droite ont affiché leur unité durant cette soirée électorale, mais dans le fond ils n’alignent pas le même discours. Alors que les électeurs semblent plébisciter la droite traditionnelle avec un discours plus proche de Laurent Wauquiez, pourquoi soutiennent-ils plus la candidature de Xavier Bertrand ?

Peut-être qu’ils n’alignent pas tous le même discours sur les questions économiques ou européennes. En revanche, sur le régalien, notamment la sécurité, ils ont des approches similaires. La sécurité est de fait un marqueur fort de la droite, indépendamment du RN. On se souvient qu’en 2002 elle fut au cœur de la campagne de Jacques Chirac pour sa réélection. Elle était aussi la marque de fabrique de Nicolas Sarkozy ancien ministre de l’Intérieur en 2007. Ce dernier avait symbolisé la priorité donnée à l’ordre et au régalien dans le projet de créer un ministère en charge de l’immigration et de l’identité nationale. Puis sa campagne malheureuse de 2012 était aussi centrée sur ces questions, autour de la question de la réforme de Schengen. Idem en 2016/2017 : on se souvient lors des primaires de droite, la plupart des débats étaient consacrés au sujet de la sécurité autour du nombre de policiers et de gendarmes. M. Bertrand, comme M. Wauquiez et Mme Pécresse, entendent bien revenir à ces fondamentaux qui sont cruciaux pour une victoire en 2022.  

Y’aura-t-il un affrontement entre Emmanuel Macron, un président des riches, et un candidat de la droite s’adressant aux classes populaires ? 

Difficile à dire dès lors qu’on ne connaît pas encore ni les candidats et encore moins la composition du second tour et en l’absence de certitude sur la présence au second tour de l’actuel président. En tout cas, ce sera clairement le jeu de son éventuel futur adversaire. Ce dernier aura beau jeu de présenter en lui le candidat de la mondialisation heureuse éloigné des préoccupations des « Gaulois réfractaire ». Le sujet de la sécurité et de la protection sera donc décisif pour marquer ce clivage. Cependant, les leaders de droite auraient un grand tort de négliger le reste dont on parle moins mais qui est aussi sensible dans les profondeurs de la Nation que le régalien : le chômage qui touche 4 à 6 millions de personnes, la défense des libertés publiques, saccagées par un an de crise sanitaire, la succession des confinements et des couvre-feu, la dette publique de 120% du PIB que devront rembourser nos enfants et petits-enfants, l’environnement qui inquiète fortement les Français et enfin l’effondrement scolaire qui est au cœur de notre avenir collectif. S’enfermer dans le seul régalien ne permettra pas de gagner les élections nationales.

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