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Ohé Macron et la tendresse bordel ?
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Salauds de pauvres

Le président de la République n'aime pas les petites gens. Mais quand même d’où vient le mépris qu'il leur porte ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Jadis De Gaulle eut une phrase restée célèbre : "la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille". Il répondait à un de ses collaborateurs qui lui faisait remarquer qu'une de ses mesures avait entraîné une baisse de la Bourse. La Corbeille était en effet l'endroit du palais Brongniart où, à la criée, on vendait ou achetait des actions. Depuis, quelques clics sur un ordinateur suffisent à faire valser des millions.

De Gaulle ne détestait ni la Bourse, ni l'économie, ni même la finance. Il pensait simplement que la France ne pouvait se résumer à des résultats d'exploitation ni à des dividendes. Pour lui notre pays avait une identité et une âme. Emmanuel Macron ferait bien de méditer cet exemple.

Le président de la République voit la France comme une entreprise vieillissante et poussiéreuse : il entend la transformer en start-up. Adepte de la "new economy", fasciné par la SiliconValley, il est pressé. Car à la place du cœur, il a un logiciel informatique. Et son cerveau n'est capable de ne comprendre qu'une chose : la réussite, à commencer par la sienne.

Il paraît que ses réformes sont nécessaires, utiles, et seront bénéfiques pour l'avenir. Sans doute. Beaucoup de gens le disent y compris sur Atlantico. Va donc pour la loi travail, pour la hausse de la CSG, pour la flat tax. Le MEDEF en dit du bien : ce n'est pas pour cela que l'on va en dire du mal.

Mais ce que Macron ignore, et que De Gaulle savait, c'est que l'homme ne vit pas que de pain même s'il lui arrive d'en chercher. L'homme a besoin de savoir qu'il réside dans un pays et non pas dans une succursale du marché mondialisé. L'homme veut être respecté dans son identité. Respecté dans sa pauvreté quand il est pauvre. Ces considérations humaines échappent entièrement au chef de l'Etat.

Il y a eu beaucoup de bruit autour de sa sortie sur "ceux qui foutent le bordel et feraient mieux de chercher un travail". Du bruit, il y en aurait eu beaucoup moins si cette phrase n'avait pas été précédée par les "illettrées" et les "fainéants". Chez Macron c'est naturel. Ca sort tout seul. Il parle comme quelqu'un de la haute qui s'adresserait aux manants, aux gueux, aux pue-la-sueur.

On l'accuse d'être le président des riches; C'est faux. Il est le président des parvenus. Ceux qui ne savent pas se tenir. Ceux qui, sans vergogne, méprisent les pauvres car ils voient la pauvreté comme une maladie salissante et contagieuse.

Si on voulait chercher un modèle pour Macron on le trouverait chez Balzac, Flaubert et Maupassant. Le petit bourgeois qui bombe le torse précédé par sa devise arrogante : "il vaut mieux faire envie que pitié". Bien que recyclé par la SilliconValley, Macron reste ce petit bourgeois là…

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