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Nous avons déjà obtenu de bons résultats : le vrai/ faux des déclarations d’Emmanuel Macron sur sa politique économique
©LUDOVIC MARIN / AFP

Poudre de perlimpinpin ?

Dans son intervention, le Président de la République a affirmé que son gouvernement avait déjà obtenu des résultats, notamment sur la croissance et l'emploi (+500.000 emplois créés).

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Selon vous, cette déclaration est-elle justifiée ?  

Philippe Crevel : Lors de ces deux dernières années, l’économie française a créé plus de 460 000 emplois dans le secteur privé. Pour 2017, le Président ne peut guère s’en prévaloir car ces créations sont plutôt le produit de son prédécesseur. En outre, il faut souligner que c’est la reprise rendue possible par la baisse du pétrole et des taux d’intérêts qui ont permis à l’activité de reprendre. Le ralentissement de la croissance s’est traduit, en 2018, par un plus faible nombre de créations d’emploi.

Sur l'ISF, il affirmé qu'il ne devait pas être changé, notamment parce qu'il devait permettre d'investir dans l'économie. L'augmentation de l'épargne des Français ne dit-elle pas l'inverse ?

 L’augmentation de l’épargne constatée depuis la fin de l’année 2018 est plutôt à mettre en compte sur la volonté des Français de mettre de l’argent de côté face à la montée des incertitudes. Par ailleurs, Si les anciens redevables de l’ISF ont opté pour le réinvestissement dans l’économie de leur ancienne contribution, cela passe par l’épargne. En effet, cet investissement passe par l’acquisition d’actions cotées ou non cotées ou d’obligations d’entreprises. Même si cela ne porte que sur 3 milliards d’euros, la réintroduction de l’ISF serait un signal fort d’instabilité fiscale. Il faudrait de nombreuses années avant de rassurer les investisseurs. Or, les entreprises françaises ont besoin de fonds propres.

 Plus largement, comment analyser la cohérence des annonces en matière économique ?

 Les mesures annoncées ce 25 avril sont, en grande partie, celles qui avaient été dévoilées par la presse après l’incendie de Notre Dame. Il a ainsi confirmé une baisse d’impôt sur le revenu portant sur 5 milliards d’euros, la défiscalisation des heures supplémentaires ainsi que celle de la prime annuelle, la réindexation des pensions en 2020 pour les retraités ayant moins de 2000 euros de revenus mensuels et en 2021 pour toutes. Ce plan poursuit celui annoncé au mois de décembre. Au total, c’est près de 19 milliards d’euros qui pourraient être réinjectés entre 2019 et 2020. Pour le financement, il a mis en avant la suppression de niches fiscales concernant les entreprises afin de ne pas pénaliser les électeurs. Mais, il faut savoir que dans les faits un alourdissement de la fiscalité des entreprises est toujours payé par les salariés, les consommateurs ou les actionnaires. En revanche, le plan est très timide sur la durée du travail.

 Il ne crée pas le choc dont le pays a besoin. Il n’y a pas de rupture avec la tendance de laisser-aller keynésien. Après le tremblement de terre provoqué par les gilets jaunes et la dictature des sondages d’opinion sur toutes les annonces, par définition, l’annonce de mesures choc était peu probable. Compte tenu des règles médiatiques et d’opinion actuelles, un Président serait bien en mal aujourd’hui de décider l’adhésion de la France à la CEE comme en 1957, l’adoption un plan de même ampleur que celui de 1958 sur le redressement économique et financier.

 En gelant les fermetures des hôpitaux, des écoles, de maternité, le Président répond à une demande mais cela vise surtout à reporter les nécessaires adaptations. De même, en annonçant qu’il pourrait remettre en cause son objectif de 120 000 suppressions d’emplois dans les fonctions publiques, il renonce à réaliser des économies et à restructurer en profondeur le système public. La France demeurera un des pays les plus administrés de l’OCDE et sans nul doute celui où les dépenses publiques sont les plus élevées. 

Le Président a confirmé la réforme des retraites qui vise à instituer un système par points. Il a annoncé qu’il revenait sur l’idée d’abandonner la référence à la durée de cotisation. Celle-ci qui sera de 43 ans pour les générations nées après 1973 pourrait être allongée. Cela aboutira à reporter l’âge de départ à la retraite sans changer l’âge légal. Il a joue sur les mots.

Qui sont les "gagnants" de ces annonces, et quels sont ceux qui pourraient être considérés comme laissés pour compte ?  Cela correspond-il aux objectifs poursuivis de réponses aux Français qui se sentent abusé par le fonctionnement actuel de la fiscalité notamment ?

 Les gagnants sont ceux pourront avoir accès aux heures supplémentaires, aux primes. L’indexation des petites pensions est une mesure chère mais qui est un simple retour à la norme de ces dernières années. Les mères isolées qui pourront recevoir leur pension seront satisfaites que l’état de droit soit respecté. La baisse de l’impôt sur le revenu devrait bénéficier aux classes moyennes mais sera a priori assez limitée. En revanche, les retraités gagnant plus de 2000 euros, les classes moyennes supérieures continueront à contribuer fortement aux impôts sans réelle contrepartie. La France restera très éclatée.

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