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Violences et dégradations dans le cadre des manifestations contre la loi Travail : pour Nicolas Dupont-Aignan, "l'autorité de l'Etat est en miettes, le pays à genoux, la République bafouée"
©Reuters

Trop, c'est trop

En plein état d'urgence, en plein Euro de football et au lendemain d'un double meurtre revendiqué par l'Etat Islamique, la manifestation qui s'est tenue le 14 juin a été le théâtre de violences à l'encontre des policiers présents pour l'encadrement.

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan préside Debout la France, parti politique se revendiquant du gaullisme et est l'auteur de France, lève-toi et marche aux éditions Fayard. 

 

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Atlantico : En dépit de l'état d'urgence, de l'Euro 2016 et de l'attentat perpétré dans la nuit du 13 au 14, la manifestation du 14 juin a été perturbée par une centaine d'individus cagoulés qui s'en sont violemment pris aux policiers présents. Comment peut-on expliquer une telle situation ? Qu'est-il advenu de l'autorité de l'État ?

Nicolas Dupont-Aignan :  L'autorité de l'État est en miette. Je pense tout d’abord à nos deux policiers massacrés à leur domicile. Du jamais-vu dans notre République. Cela n'est pas dû à une seule raison, mais bien à plusieurs. Il y a d'abord une faiblesse politique impardonnable, couplée à un laxisme judiciaire évident. N'oublions jamais  que les incendiaires de la voiture de police d'il y a quelques semaines ont été libérés par le juge des libertés et de la détention. À partir de ce moment-là, comment espérer que le Gouvernement ou que les forces de police soient respectés, quand les juges sont si faibles ? Il y a, enfin, un problème de moyens et de tactique. Or, si l'on additionne un pouvoir faible, une justice laxiste et l'absence de moyens évident, on comprend que face à des gens très déterminés et qui ne risquent rien l'on assiste à des scènes intolérables. Elles révèlent un pays à genoux, une République bafouée. 

Quelles seraient, selon vous, les mesures adéquates à mettre en œuvre dans un tel climat ? Comment faire la part des choses entre un besoin de sécurité exprimé par la population et d’éventuelles atteintes aux libertés publiques ? Au-delà de l’apathie, comment éviter la sur-réaction ?

Nous sommes encore très loin des atteintes aux libertés. Il y a plusieurs mesures que je réclame depuis des mois, sinon des années.

Nous devons également revoir complètement la surveillance, et je parle ici des terroristes et autres personnalités dangereuses qui sont en liberté. J'ai demandé, et j'ai été gravement moqué pour cela, l'éloignement des djihadistes français au retour de Syrie, qu'il faudrait envoyer sur un territoire lointain. Il n'en a rien été. J'ai demandé l'expulsion des étrangers fichés S. Il n'en a rien été. Il faut bien évidemment rétablir les contrôles aux frontières, aléatoires, mais il faut aussi abroger la loi Taubira et reconstruire au moins 40 000 places de prisons. Si nous ne changeons pas la procédure pénale, si nous ne nous redonnons pas des moyens de surveiller les bombes volantes qui se trouvent dans notre pays, le massacre d'hier soir ne pourra être que le début d'une longue lignée.

L'heure est grave. Il n'y a pas besoin de ficher l'ensemble de la population française pour surveiller les quelques centaines ou milliers que l'on connait. Depuis les événements de Charlie Hebdo on s'aperçoit que l'ensemble de ces terroristes étaient connus, avaient franchi nos frontières et fait l'objet de condamnation – le plus souvent rarement exécutées. C'est un petit nombre de personnes qu'il nous faut surveiller… Simplement, on paye très cher le démantèlement des Renseignements Généraux par le gouvernement précédent. On paye très cher, également, la loi Taubira ainsi que le laxisme général qui inspire tant nos lois que nos pratiques judiciaires. Il me semble essentiel que toute agression d'un policier soit sanctionnée d'une peine plancher de prison ferme. Dans la même logique, toute insulte à l'égard d'un membre des forces de l'ordre doit donner lieu à une inscription au casier judiciaire.

Enfin, on paye très cher l'absence de priorités pour les forces de l'ordre.

Outre l'autorité étatique qui fait défaut, n'y a-t-il pas également une erreur claire d'ordre stratégique, dans la façon dont sont mobilisés les forces de polices et nos militaires ? Comment pourrait-on repenser cette organisation pour l'optimiser ?

Nos forces de l'ordre sont à bout. Leurs heures supplémentaires ne sont pas payées correctement, leurs congés n'ont pas été accordés. Cela ne peut pas continuer ainsi.

Il est crucial de parvenir à cerner et établir des priorités. J'avais contesté la mise en œuvre des fan zones qui sont dangereuses et monopolisent des milliers de policiers. La coupe du monde de 1998 a été une grande fête populaire et n'avait pas de fan zone. J'estime que le Gouvernement a commis une grave erreur en voulant tout concilier : il était largement possible de se passer de ces fan zones. Les policiers qui sont chargés de les surveiller seraient mieux employés s'ils s'occupaient de surveiller des djihadistes ou des complices d'actes terroristes. C'est là que se trouve la priorité absolue.

Quant à la question de la gestion du maintien de l'ordre pendant les manifestations. Je ne suis pas un spécialiste, mais plusieurs d'entre eux me disent qu'à force d'être passifs de peur de provoquer des incidents, ce sont les forces de l'ordres qui deviennent des cibles passives. Il est vital de pouvoir attraper sur le fait les casseurs, comme il est vital que les témoignages de policiers soit recueillis et pris en considération par les juges. Aujourd'hui, ils ne donnent plus foi au témoignage d'un policier et libèrent systématiquement des casseurs. C'est gravissime. C'est pourquoi j'ai proposé une loi anti-casseurs qui permettrait des incriminations groupées. Concrètement, il s'agirait de pouvoir mettre en examen toute personne ayant participé à une manifestation au cours de laquelle il y a eu agression grave de policier. C'est essentiel.

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