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Nations-Unies : dossiers brûlants pour une assemblée générale qui s’annonce explosive
©DON EMMERT / AFP

Débats houleux

La séance de l'Assemblée générale des Nations-Unies ce mardi s'annonce particulièrement sensible sur la question de la Corée du Nord et après l'attentat d'Ahvaz qui a ravivé les tensions entre le gouvernement iranien et l'Arabie Saoudite.

Cyrille Bret

Cyrille Bret

Cyrille Bret enseigne à Sciences Po Paris.

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Atlantico : Le gouvernement iranien a accusé l'Arabie Saoudite et "ses alliés occidentaux" d'être à l'origine de l'attentat d'Ahvaz qui a provoqué la mort d'au moins 29 personnes lors d'un défilé militaire. La tenue dès mardi de la séance de l'Assemblée générale des Nations-Unies ne risque-t-elle pas d'être particulièrement explosive, comme elle l'avait été lors du du discours d'Ahmadinejad en 2011 ? 

Cyrille Bret : L'Assemblée générale des Nations-Unies offre traditionnellement une tribune internationale de premier plan aux leaders politiques. Depuis la création de l'ONU à l'issue de la Deuxième Guerre Mondiale, tous les mois de septembre, le monde se donne rendez-vous à New York. Cela permet aux chefs d'Etats ou de gouvernements de faire valoir leurs points de vue, leurs intérêts et leurs visions du monde. En traitant tous les Etats à égalité en termes de temps de parole, la tribune de l'ONU permet à certains leaders de peser sur les débats bien au-delà de leur poids politiques ou économiques. On se souvient de l'allocution de Fidel Castro en 1960 où il avait dénoncé tout à la fois l'ingérence américaine dans la vie politique de son île, le système capitaliste, etc. PLus récemment, comme en réponse au discours du président iranien en 2011 que vous mentionnez, le Premier ministre israélien Netanyahou avait, en 2012, au plus fort des craintes sur le programme nucléaire iranien, présenté à la tribune un schéma expliquant les risques de prolifération et d'attaque nucléaire en provenance d'Iran.
La tribune de l'Assemblée générale des Nations-Unies tend un miroir au monde, sur sa situation et sur ses conflits en cours. Ainsi, en 2018 se manifesteront sans conteste les conflits les plus aigus : l'affrontement direct et indirect entre Arabie Saoudite et République Islamique d'Iran, les tensions entre la Russie et l'Europe mais également les préoccupations concernant les engagements pour la protection de l'environnement.
La dramaturgie de l'ONU ne va pas sans crises. Mais elle remplit ainsi une fonction de manifestation de clivages sourds. Mieux vaut une séance houleuse à l'ONU qu'une guerre secrète sur le terraion.

D'un autre côté, on attend des propos plus rassurant de la part de la Corée du Nord, malgré l'absence de Kim Jong-un. Le rapprochement avec la Corée du Sud opéré la semaine dernière pourrait-il aboutir à une déclaration prônant l'apaisement de la part du ministre des Affaires étrangères de la Corée du Nord ? Ou les avancées sont-elles encore trop insuffisantes ?

L'Assemblée générale interviendra cette année à l'issue d'une séquence intercoréenne très favorable. Alors que la décennie écoulée a été marquée par une monté des tensions dans la Péninsule, la tendance depuis le début de 2018 est à l'apaisement relatif. On se souvient que les présidences sud-coréennes de la décennie 2010 avait été marquées par une politique de fermeté après la diplomatie du rayon de soleil de la présidence Roh. Du côté nord-coréen, l'accession au pouvoir de Kim Jong Un avait conduit à une succession d'essais sur le nucléaire et sur les vecteurs. Mais, à partir des Jeux Olympiques d'hiver de Pyeongchang, les tensions ont commencé à décroître : les deux chefs d'Etat se sont rencontrés à trois reprises, en avril, en mai et en septembre. A chaque fois, des initiatives limitées mais symboliques ont été prises : les officiels des deux côtés se rendent dans l'autre partie de la Péninsule, une représentation diplomatique limitée a été ouverte sur la zone démilitarisée...
Techniquement, les deux pays sont encore en guerre : seule une armistice a été signée à 1953 et aucun traité de paix ne stabilise la situation. De nombreuses étapes sont encore à franchir avant d'atteindre un traité de paix. D'autant plus que le conflit intercoréen s'inscrit dans la rivalité plus générale entre la République Populaire de Chine et les Etats-Unis. L'assemblée générale pourra assurément saluer les efforts réalisés en 2018 mais les risques de proliférations nucléaires sont encore à traiter.

Plus globalement, que faut-il attendre d'une Assemblée générale des Nations-Unies ?

Une Assemblée générale des Nations-Unis a le pouvoir non pas de résoudre les conflits mais de transformer les représentations générales sur l'état du monde. On se souvient, en 1968 de la visite de Nikita Khrouchtchev historique à plus d'un titre : première participation d'un dirigeant soviétique à cet événement, elle avait permis au bouillonnant successeur de Staline de dénoncer le capitalisme mondial et l'impérialisme américain depuis une tribune installée au coeur même des Etats-Unis. On ne pouvait mieux manifester l'étendue et les limites du dégel entre les deux superpuissances de l'époque. De même, on se souvient du discours de Yasser Arafat, le leader palestinien en 1974. Il avait à la fois ouvert les perspectives vers la paix en se déclarant porteur d'un rameau d'olivier mais aussi menacé Israël de lutte armée en se déclarant également porteur d'un fusil révolutionnaire. Au milieu des années 1970, on ne pouvait plus éloquemment manifester les termes du débat : la question palestinienne servait alors de point de ralliement non seulement à plusieurs Etats arabes mais également à bien des Etats non alignés ou marxistes. 
Une Assemblée générale des Nations-Unies est souvent à l'image de ce discours : à la fois pleine d'espoir de paix et plein de risques pour elle 

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