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Najat Vallaud-Belkacem et l'enseignement des langues : en France on arabise, au Maroc on francise
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La mer à traverser

On voit juste de l'autre côté de la Méditerranée. La ministre de l'Éducation nationale serait bien avisée de s'en inspirer.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Une large et radicale réforme de l'enseignement est en cours au Maroc. Après plus de 30 ans d'arabisation forcée, le gouvernement de ce pays a décidé de franciser les cours. Et en particulier ceux de mathématiques, de physique et de chimie. Le but recherché est d'ouvrir les esprits des enfants marocains sur le monde. Le français est un levier pour y parvenir. Pas l'arabe.

Ce qui plaide en outre pour le français, c'est que c'est une langue religieusement neutre. Tel n'est pas le cas de l'arabe, qui est la langue du Coran. Selon nombre de pédagogues marocains, l'arabisation a entraîné avec elle une certaine islamisation. En effet, le Maroc a, pendant la période de l'arabisation, dû recruter des enseignants en Arabie Saoudite et dans les pays du Golfe. Ils étaient pour la plupart profondément attachés à l'islam.

On comprend aisément donc les raisons de la francisation en cours au Maroc. Comme il s'agit d'un pays ami, Najat Vallaud-Belkacem aurait tout intérêt à prendre langue avec Rachid Benmokhtar, son homologue marocain. Il a des choses à lui apprendre. Le ministre marocain de l'Éducation nationale serait fondé à lui dire, amicalement et franchement, qu'elle est tombée sur la tête en annonçant que l'arabe serait enseigné dans les écoles dès le CP. Notre très maligne ministre lui répondrait : "Mais tu n'as pas vu (le vous n'existe pas en arabe) que j'ai ajouté 'dès que possible' ?". Devant un tel et admirable sommet de machiavélisme, Rachid Benmokhtar se pâmerait d'admiration : "Ah, c'est juste pour faire monter le Front national et grappiller quelques voix en banlieue !".

Eh oui, tout ça pour ça. De la même façon, et dans le même but, la gauche se shoote régulièrement avec le droit de vote des étrangers. Reste que Najat Vallaud-Belkacem ne devrait pas jouer ni avec l'arabe, qu'elle voudrait promouvoir, ni avec le français qu'elle abîme quand elle peut. Elle ne peut ignorer que ce qui fait qu'un pays est une nation, et qu'un agglomérat d'individus est un peuple, c'est la langue qu'ils parlent en commun.

Sous la IIIème République, quand on a voulu unifier la France, on s'est attaqué, sans esprit de compromis, aux langues régionales et aux patois. Ce fut brutal. Une seule langue fut tolérée : le français. Et des dizaines de milliers d'élèves parlant breton ou occitan se firent taper sur les doigts chaque fois qu'ils n'utilisaient pas un mot français. Comparaison n'est pas raison, mais à bien regarder la carte de la France, l'arabe est devenu chez nous, et aujourd'hui, une langue régionale. En plus, il est accompagné d'un patois en pleine expansion : le "wesh wesh". Peut-être – et ce serait son rôle – que Najat Vallaud-Belkacem pourrait s'en inquiéter. Mais on a bien du mal à l'imaginer en hussarde noire de la République.

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