Moody’s donne le ton. La France dans le collimateur des agences de notation ? Même pas peur ! <!-- --> | Atlantico.fr
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La France conserve sa note Aa2 avec perspective stable sur la dette auprès de l'agence de notation Moody's.
La France conserve sa note Aa2 avec perspective stable sur la dette auprès de l'agence de notation Moody's.
© EMMANUEL DUNAND / AFP

Atlantico Business

Moody’s n’a pas bougé la note de la France, alors que beaucoup pensaient que la gouvernance française serait sanctionnée pour manque de rigueur. Voilà les 5 questions qu’ils faut se poser.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Moody’s n’a donc pas dégradé la France, les observateurs pessimistes en majorite vont donc attendre les deux autres grandes agences mondiales qui vont, elles dégainer à partir de la semaine prochaine. Après Moody’s ce sera donc  Fitch le 27 octobre et Standard & Poor’s (S & P) le 1er décembre. Dure semaine en perspective.

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est évidemment satisfait du résultat Moody’s qui reconnaît ainsi la « crédibilité de son action » ce qui lui permettra de passer un week-end plutôt calme. En fait sans attendre le verdict, les acteurs sérieux du système économique restent très calmes. Certains sont certes vaguement inquiets de l'impact qu'aurait une dégradation de la France dans le système de notation international, mais d'autres tres politiques s'en réjouissent sans vergogne, car politiquement, ils pensent que cela leur rend service dans leur croisade contre la gouvernance française. Tout est bon pour gêner un ministre important du régime. Leur attitude est d'ailleurs assez cocasse, ils en sont à utiliser les agences de notations, qu’ils considèrent comme un rouage-clef du système capitaliste , pour prouver que le système ne fonctionne pas, alors même qu'ils souhaitent son échec. Mais en politique, tout est permis. Pour comprendre ce débat, il faut se poser 5 questions tres simples :

1ère question : À quoi servent les agences de notations ? En fait, leur rôle est très simple. Les agences de notation ont pour vocation de noter la solidité financière d'une entreprise ou d'un État et de dire quelle est la capacité réelle de l'entreprise à « soutenir » leur endettement, c'est-à-dire à garantir leur crédibilité. En clair, tout organisme (entreprise, collectivité, État) doit se faire noter pour accéder au marché financier, dont les acteurs (les banquiers) vont élaborer les financements, accorder des prêts et dire combien ils coûtent. Parce que le coût d'un emprunt dépend du risque que porte l'emprunteur.

2e question : Sur quels critères se fondent les agences pour noter ? Les agences prennent d'abord les critères objectifs et factuels, c'est-à-dire le montant de la dette globale, son coût en taux d'intérêt, sa capacité à financer le coût et à rembourser les prêteurs. Les agences analysent aussi les perspectives, le sérieux des promesses de redressement et plus généralement ce qu'on appelle la soutenabilité de la dette.

3e question : Quels sont les effets de la note ? La note rassure ou inquiète les milieux financiers. Si elle est bonne, ça passe. Si elle est mauvaise, ça risque de pousser les prêteurs à demander des taux d'intérêt plus élevés et des conditions plus sévères. Jusqu’alors , les agences n’ont pas pénalise l’économie francaise parce qu’elles considéraient que la France était plutôt bien gérée compte tenu des fragilités de la croissance et l’incertitude de la conjoncture internationale .

4e question : La France a-t-elle des raisons de craindre le verdict des agences de notation ? Oui et non.

Oui, parce que factuellement, la situation budgétaire est très déséquilibrée. La France a déjà 3 000 milliards de dettes, il lui faudra lever 285 milliards d'euros en 2024, et que les taux d'intérêt ont tendance à monter. Oui, parce que les signaux qui indiquent une volonté de faire baisser l'endettement sont très faibles.

Non, parce que le ministre de l'économie a défendu depuis plusieurs années une stratégie de redressement fondée sur l'offre et qu'il la tient. Non, parce que la France a un consentement à l'impôt qui est fort, et qu'il y a une épargne disponible ou réalisable très importante (6 000 milliards d'euros). Par ailleurs, le poids de la dette est très relatif, car l'essentiel de cette dette a été contractée avant la hausse des taux.

5e question : Est-ce que les agences ont une réelle influence ? Elles ont une influence politique, car leur note est utilisée par la classe politique pour apprécier l'action d'un gouvernement, donc en termes d'image, oui, mais en termes techniques, de moins en moins. Le monde financier attache aujourd'hui beaucoup moins d'importance aux agences qu'autrefois. Les agences ont été soupçonnées et accusées de conflit d'intérêts pendant la grande crise financière. Elles n'ont pas prévenu des risques que faisaient courir les subprimes américains au monde entier. Donc elles ont perdu beaucoup de crédibilité.

En fait, la France n'est pas la Grèce, ni l'Italie, ni l'Espagne, trois pays qui sont pénalisés par les marchés financiers qui leur imposent d'ailleurs des spreads très élevés. Les taux en Italie dépassent les 5% sur le 10 ans, alors que la France emprunte au taux moyen de 2% actuellement."

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