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Mohamed Merah 
vu par les sites djihadistes
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Impie

Si Mohammed Merah est salué sur de nombreux réseaux sociaux français, les djihadistes sont plus circonspects sur leurs forums : adepte des boîtes de nuit, le Toulousain n'a pas le profil d'un martyr pieux.

Dominique Thomas

Dominique Thomas

Dominique Thomas est chercheur à l'Ehess, spécialiste des mouvements islamistes.

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Atlantico : Plusieurs pages d’hommage à Mohammed Merah ont été publiées sur les réseaux sociaux, notamment Facebook. Sur les forums fréquentés par les djihadistes, devient-il également une icône ?

Dominique Thomas : Il faut d’abord noter que depuis quelques jours, beaucoup de forums djihadistes sont difficilement accessibles, voire hors-ligne. Il y a peut-être une relation de cause à effet.

Globalement, les messages postés intègrent cet événement dans une réflexion classique sur le djihad contre l’Occident, même si les actes commis par Merah ne sont pas nécessairement cautionnés. Il est affublé du terme de martyr, mais on ne voit rien de structuré se greffer à lui. A part pour quelques individus isolés, Mohamed Merah n’est pas une star.

Comment expliquer qu’il soit si peu soutenu sur ces sites ?

Il n’était pas connu auparavant et n’a pas fait de discours structuré et rationnel comme on peut en entendre chez d’autres acteurs du mouvement. Par conséquent, les membres influents et reconnus de la toile djihadistes le considèrent comme un événement périphérique qui ne mérite pas qu'ils s'expriment. Seuls des membres secondaires commentent cet événement, mais ils n’ont pas forcément connaissance de la langue française et ont donc peu de données précises sur le personnage.

Le peu qu’ils ont vu montre que Mohamed Merah a une trajectoire de vie qui ne correspond pas à celle d’un djihadiste. Ses écarts de comportement ne sont pas cautionnés.

Merah a pourtant émis une revendication, disant vouloir venger les enfants palestiniens. Cette justification n’était pas assez forte ?

D’une manière générale, ils conçoivent la justification de ces actes. C'est la personnalité du personnage qui pose question. Il n'a pas le profil du djihadiste féru de religion qui a un comportement sain. Par exemple, ça pose problème qu’il soit allé en boite de nuit. On peut faire le djihad, mais pas le faire n'importe comment, en ayant un comportement impie en marge d'une telle opération. Il y a un sentiment de confusion et de malaise.

La situation aurait-elle été différente si Al-jazeera avait décidé de diffuser ses vidéos ?

Oui, la résonance de son action aurait été décuplée. Mais Al-jazeera ne diffuse plus que des vidéos qui ont un contenu politique, et encore. Les trois derniers messages d'Ayman al-Zawahiri, par exemple, ne sont pas passés par la chaîne. Les dernières vidéos d’actions terroristes diffusées doivent remonter à 2005 ou 2006.

Depuis longtemps, les grandes formations djihadistes se passent des chaînes pour propager leur discours. Le climat de confiance s'est dégradé, car plusieurs vidéos envoyées à Al-Jazeera ont été censurées avant d'être diffusées. Les djihadistes préfèrent donc mettre leurs vidéos en ligne, car ils savent qu'il n'y aura ni censure ni commentaire critique. Sur les chaînes satellitaires, ce n'était pas le cas non plus dans les années 2000, où les documents étaient diffusés de manière brute.

Propos recueillis par Morgan Bourven

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