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"Mélusine" : Cécile Mc Lorin Salvant, au sommet des chanteuses de jazz moderne
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De : Cécile Mc Lorin Salvant Producteur : Tom Korkidis Maison de disques : nonesuch records

Philippe Hansebout

Philippe Hansebout

Philippe Hansebout est chroniqueur pour Culture-tops.fr

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THÈME

La remise récente du grand prix de l’académie du jazz redonne une actualité particulière à ce disque de Cécile Mc Lorin Salvant paru il y a un an. Cette chanteuse de 34 ans seulement est déjà, malgré son jeune âge, couverte des prix les plus prestigieux : trois Grammy Awards, Victoire du jazz, le coup de cœur de l’académie du jazz et maintenant finaliste pour son grand prix, finalement décerné au duo Pedron et Rubalcaba.

L’art de la vocaliste, compositrice, performeuse et comédienne Cécile Mc Lorin Salvant la place désormais au sommet des chanteuses de jazz moderne aux côtés de Sarah Vaughan, Anita O’Day, Helen Merrill, Nina Simone, ou Carmen Mac Rae.

POINTS FORTS

L’art vocal de Cécile est parfaitement original et sa voix est immédiatement reconnaissable, même si les influences croisées de Betty Carter, Sarah Vaughan ou Blossom Dearie pour la tessiture et le côté faussement enfantin de la voix sont perceptibles dans son jeu. Sa technique vocale est brillante, sa sensibilité à fleur de peau et ses talents de comédienne lui permettent d’interpréter avec ferveur, un sens hypertrophié de la dramaturgie les thèmes et les chansons inscrites à son répertoire. Elle est capable de métamorphoses surprenantes et fait subir à sa voix des changements de timbre, de registre et de ton qui peuvent la rendre parfois méconnaissable. Elle pousse à ses extrêmes l’art de l’interprétation, à l’instar de la grande Billie Holiday, dans ses faneuses Torch Songs.

 Son répertoire, qui inclut régulièrement certaines compositions de son cru, est particulièrement étendu et intègre aussi bien les standards de jazz que les tubes de la pop music, ou certaines chansons tirées du répertoire baroque ou encore quelques grands classiques de la chanson française.
Nous autres Français, connus dans le monde entier pour notre arrogance et notre ethnocentrisme, ne pouvions pas demeurer indifférents au répertoire, parfois emprunté à la variété et choisi pour le présent opus où notre langue domine avec une version d’anthologie du légendaire Est-ce ainsi que les hommes vivent de Léo Ferré et Aragon, à Michel Berger ou Véronique Sanson en passant par La route enchantée du grand Trénet.
Mais l’approche de Cécile est en réalité transfrontalière, les Américains diraient qu’elle pratique avec brio le Cross Over, qui nous mène du métissage caribéen à une reprise d’une chanson majeure de Véronique Sanson, dont il faut écouter attentivement les paroles, et où je n’hésite pas à dire qu’elle prend des accents canadiens. Il faut goûter à plusieurs reprises l’accompagnement baroque des cordes dans une ambiance de musique de cour.

Mélusine, figure irénique de la mythologie européenne, qui donne son titre à l’album et dont elle est l'auteure, c’est elle. Quel talent transformiste!

Je ne serais pas complet en passant sous silence les musiciens qui accompagnent la diva qui sont tous de premier plan et dont le détail est explicité dans les liner notes.

QUELQUES RÉSERVES

Cette réalisation porte à la perfection toutes les qualités connues de Cécile. Il reste qu’elle n’improvise guère, alors que c’est l’essence même du jazz ; à moins que improviser ce soit jouer des notes qui n’existent pas sur la partition, auquel cas Cécile mérite ici et, pleinement, le titre prestigieux d’improvisatrice.

ENCORE UN MOT...

Vous avez compris qu’avec Cécile Mc Lorin Salvant, nous avons affaire à un sommet -Top ? - qui m'a permis de renouer avec certaines hautes figures de mon panthéon personnel. Je ne voudrais pas être injuste à l’égard de certaines de ses devancières des générations intermédiaires comme Dianne Reeves ou Cassandra Wilson, mais avec Cécile, on se hisse à une altitude qui donne parfois le vertige. On n’avait pas entendu cela depuis l’avènement de la divine Sassy.

L'AUTEUR

CécileMc Lorin Salvant est française par sa mère et haïtienne par son père. Elle voulait se consacrer à l’art baroque mais c’est le responsable du département jazz du conservatoire d’Aix-en-Provence, Jean-François Bonnel, qui l’a remarquée. Elle a suivi son enseignement et devient chanteuse de jazz. Elle obtient reconnaissance et succès dès la parution de son premier disque sous son nom For one to love en 2015 en obtenant son premier Grammy Award. Elle chante aussi bien en Anglais, qu’en Français ou en Espagnol. Son plurilinguisme l’aide considérablement dans la maîtrise de toutes ces langues qu’elle parle sans accent aucun.

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