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Medef : les candidats à la succession de Pierre Gattaz sont plus dans le défilé de mode que dans la confrontation des idées
©Reuters

Atlantico Business

La première réunion (presque publique) des candidats au Medef n’a pas permis de faire émerger un candidat qui puisse renverser la table du politiquement correct.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Sophie de Menthon, la présidente du mouvement Ethic, a pourtant eu la bonne idée de réunir tous les candidats au Medef pour qu’ils puissent s’exprimer publiquement et présenter leur programme. Alors, le public était certes trié sur le volet, puisqu’il s’agissait principalement des adhérents du mouvement Ethic, mais on aurait pu attendre des candidats au Medef, un peu plus d’audace, d’originalité et d’ambition. La présidente de séance elle-même, devait piaffer d’impatience devant autant de propos convenus.

Les candidats à la présidence du Medef ont pourtant un immense chantier devant eux. 

Selon un sondage Opinion way, présenté hier par Ethic, l’image de l’organisation patronale est assez désastreuse dans l’opinion publique. Le Medef est très connu : 86% de la population le connaissent mais 66% en ont une mauvaise opinion. 55 % des personnes interrogées, parmi celles qui connaissent le Medef, considèrent que le Medef représente mal les entreprises françaises. Plus de 75% des français interrogés ne savent même pas que le Medef va élire son nouveau président en juillet prochain.

Il y a donc beaucoup de travail. D’autant que nous sommes entrés dans un écosystème complètement bouleversé par la mondialisation nécessaire des entreprises et par la révolution digitale.

En théorie, les candidats à la présidence devraient donc avoir un programme de restauration et de rénovation à l'échelle des problèmes qui se posent. Or, quand on écoute les premiers discours de ceux qui ambitionnent de succéder à Pierre Gattaz, on se dit que l’élection va se jouer beaucoup plus sur la personnalité que sur les idées ou alors ces patrons cachent bien leur jeu ou se ménagent pour le round final.

Hormis Geoffroy Roux de Bézieux qui a surement des promesses fortes pour affronter la modernité du monde et assumer la révolution digitale, hormis Jean-Charles Simon qui propose de façon cohérente le passage à une organisation économique libérée et donc libérale. En dehors de Frédéric Motte qui semble avoir la fibre régionale la plus sincère et l’énergie pour en démontrer l’intérêt. Ce qui frappe, c’est que les candidats ont du mal à oser affronter les sujets qui fâchent.

Sur le paritarisme, dont tout le monde sait bien qu’il est épuisé par un demi siècle de cogestion souvent maladroite et couteuse, personne (en dehors de Jean-Charles Simon) n’expliquera qu’il faudrait mieux avoir le courage de s'en débarrasser et remettre aux accords d’entreprise le soin de fabriquer le droit social et renvoyer au marché tous les services qui ne s’inscrivent pas dans la sphère de la solidarité. Mais il en faut du courage pour reconnaitre que le Medef, comme les autres syndicats ont vécu et continuent de vivre sur le système, tout en le critiquant.

Le financement des syndicats est visiblement pour nos candidats un sujet tabou et pour cause, les syndicats vivent des organismes paritaires. Pourquoi réfléchir à d’autres formes de financement? A partir de cette situation, le patronat est une force conservatrice alors qu’il devrait être une force de progrès.

L’offre syndicale est par conséquent très limitée. Quoi offrir aux entreprises comme services qui pourraient rendre le Medef « désirable »? Organiser une pédagogie de la révolution digitale est dans le discours de tout le monde, mais un seul (G Roux de Bézieux) en fera sa première des priorités.

L’organisation, la gouvernance, son périmètre, sa cohabitation avec les chambres de commerce, le partage des taches avec soit l’Etat soit les ONG devra évidemment être traité dans le monde nouveau.

Ne voulant ou ne pouvant pas aborder les sujets qui fâchent, chaque candidat se positionne comme défenseur de l’entreprise et des entrepreneurs. Bref.

Chacun campe sur l’ADN d’origine en espérant aller au-delà de la famille patronale à laquelle ils appartiennent. Et quand un sujet surgit, concernant le projet de changer, par exemple, la raison d’être de l’entreprise, mais capable aussi de cliver ce monde patronal, on a vite fait de calmer le jeu. Le rapport Notat-Senard sera sans doute très vite oublié parce qu’il dérange.

La campagne pour la présidence du Medef ne fait que commencer. Elle a encore trois mois, pour étonner ses électeurs, et proposer le changement ou alors pour s’étouffer dans le conformisme.

Le futur premier patron de France, est dans cette liste :

Pierre Brajeux – le plus réactif

Patron du Medef Hauts de Seine et PDG de Torann France (2000 personnes)

Dominique Carlac’h – la plus 4.0

Ancienne coureuse de 400 mètres, fondatrice de D & Consultants, cabinet de conseil spécialisé dans le financement de l’innovation et présidente du Comité Sports du Medef

Olivier Klotz – le plus intransigeant

56 ans

Président du Medef Alsace et directeur de filiale du groupe allemand Heuft

Fabrice Le Saché – le plus jeune

35 ans, diplômé en droit international public. Serial entrepreneur et co-fondateur du groupe Aera

Patrick Martin – le plus représentatif

57 ans, diplômé de l’ESSEC et de Sciences Po Paris

Directeur Général de Martin Belaysoud Expansion (ETI) et président du Medef Auvergne - Rhônes-Alpes

Frédéric Motte – le plus social

53 ans, titulaire d’un MBA d’HEC

Président du Groupe Cèdres Industries et président du Medef des Hauts-de-France

Geoffrey Roux de Bézieux – le plus moderne et le plus connu . 

55 ans, diplômé de l’ESSEC.

Vice-président du Medef

Geoffroy Roux de Bézieux a d’abord eu une carrière de salarié très remplie à l’international, chez L’Oréal. Il a ensuite créé le réseau Virgin Mobile et s’est consacré à reprendre une petite entreprise d’huile d’olive.

Alexandre Saubot – le plus industriel

53 ans et Polytechncien.

Directeur général de Haulotte Group 1700 personnes et patron de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM)

Jean-Charles Simon – le plus libéral

47 ans,

Fondateur de Stacian, cabinet d’analyse de données statistiques

L’ancien trader connaît bien les bureaux de l’avenue Bosquet puisqu’il a déjà été directeur général délégué du Medef de 2008 à 2010.

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