"Médée" d'Euripide : des cris, des convulsions, et des symboles lourdingues. Une Médée larguée…<!-- --> | Atlantico.fr
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"Médée" d'Euripide est à voir à la Comédie française à Paris.
"Médée" d'Euripide est à voir à la Comédie française à Paris.
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Atlanti-Culture

La pièce "Médée" d'Euripide est à voir à la Comédie française à Paris.

Véronique Roland pour Culture-Tops

Véronique Roland pour Culture-Tops

Véronique Roland est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"Médée" 

De EURIPIDE

Traduction: Florence Dupont

Adaptation : Lisaboa HOUBRECHTS

Mise en scène : Lisaboa HOUBRECHTS

Avec Séphora Pondi, Suliane Brahim, Bakary Sangaré et Didier Sandre

INFOS & RÉSERVATION

Comédie Française-Salle Richelieu

Place Colette,

75001 PARIS

01 44 58 15 15

http://www.comédie-française.fr

Du 12 mai au 24juillet 2023, voir les jours et horaires sur le site

Notre recommandation : 3/5

THÈME

À être petite-fille du Soleil et magicienne, on n’en est pas moins femme passionnément amoureuse et blessée. Trahie par Jason, Médée va se venger du héros grec qu’elle a aidé à conquérir la Toison d’or, n’hésitant pas pour cela à user de son habileté et à commettre des crimes.

Après avoir tout donné pour Jason, elle va retourner contre ce dernier et leurs deux fils sa force destructrice ...

POINTS FORTS

La présence scénique de Séphora Pondi. Avec son physique imposant, sa voix tonitruante, sa tignasse et sa peau d’ébène, elle campe une Médée des origines du mythe, de stature à la fois barbare et divine.

La comédienne Suliane Brahim est excellente dans le rôle d’un Jason passé du côté du sexe faible à l’ossature fragile et à la voix cristalline.

Une apparition remarquable de Didier Sandre en Créon

De très beaux chants ( composés et interprétés par Niels Van Heertum et Jérôme Berthier)

QUELQUES RÉSERVES

En dépit de son charisme, Séphora Pondi est peu convaincante : tantôt elle s’époumone, tantôt elle gémit comme une enfant. Elle est une force brute dans laquelle on a bien du mal à percevoir la magicienne, la femme habile redoutée par Créon.

Le chœur mis à part, les comédiens jouent au ras du sol. Un choix qui ne facilite pas la visibilité pour les spectateurs assis à l’orchestre. Prenez des places au balcon !

Les “audaces“ de mise en scène ne vont pas chercher bien loin : ainsi, une Aphrodite ajoutée au texte d’origine se balade dans le théâtre en minaudant avant d’être éliminée par Médée ( allégorie du « Je ne veux plus désirer » ? ).

Donnant dans la grosse ficelle symbolique, la metteuse en scène a aussi choisi de ne pas montrer les enfants de Médée. Elle les évoque par de la layette suspendue à des fils à linge qui traversent la scène et, au moment du meurtre, leur substitue deux ballons de baudruche noirs que la magicienne crève et fait éclater entre ses jambes dans un accouchement inversé ...

ENCORE UN MOT...

Quand on part à l’assaut d’un monument comme Médée, il ne faut pas se louper. Il y a du mystère dans cette pièce où Euripide, tout en allant plus loin que d’autres en introduisant l’infanticide, en repoussant les contours monstrueux du personnage, laisse pourtant Médée impunie… Hélas, on ne sent rien de ce mystère dans l’interprétation outrée de Séphora Pondi et la direction de Lisaboa Houbrechts.

Reconnaissons cependant à la mise en scène la bonne idée de laisser planer l’ambigüité sur le personnage de Jason : est-il comme l’on dit parfois “l’anti-héros grec“, ou bien au contraire le héros grec type qui, en abandonnant Médée, ne fait que remplir son contrat de héros promis à être roi ? La sincérité du jeu de la comédienne Suliane Brahim, laisse l’interprétation ouverte.

Bien sûr, on pourra penser que Lisaboa Houbrechts cède à l’air du temps en distribuant des rôles masculins à des femmes, menues, androgynes, à la voix suave (Jason, Egée). Pour autant, ce contraste entre la force physique de Séphora Pondi et la fragilité de ses camarades de scène ne manque pas d’intérêt.

UNE PHRASE

Jason: « La bouche de mes fils / Je voudrais l’embrasser

Médée: Maintenant tu parles à tes fils / Maintenant tu les câlines / Avant tu les rejetais

Jason: Laisse-moi toucher leurs tendres corps / Au nom des dieux accorde-le-moi

Médée: Impossible / Et parler ne sert plus à rien. »

L'AUTEUR

et la metteuse en scène :

Née en 1992 en Belgique, Lisaboa Houbrechts est considérée comme l’étoile montante de la nouvelle scène flamande. Elle a monté plusieurs spectacles remarqués dont un Hamlet qui l’a fait connaître au public français, et un Bruegel qu’elle a écrit et mis en scène.

Lisaboa Houbrechts aime travailler à la croisée des arts, et la musique tient une place importante dans son travail.

Avec Médée, elle s’attaque pour la première fois à un auteur antique monumental, chef de file de la tragédie grecque avec Sophocle et Eschyle.

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