Manuel Valls va s’autodétruire pendant la primaire, parce que les intuitions qu’il a toujours eues ne suffiront pas : il lui faudrait aussi des convictions fortes<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls vient de rentrer dans une aventure terrifiante dont il aura du mal à sortir politiquement vivant...
Manuel Valls vient de rentrer dans une aventure terrifiante dont il aura du mal à sortir politiquement vivant...
©REUTERS/Ralph Orlowski

Atlantico Business

Manuel Valls a toujours eu d’assez bonnes intuitions sur l’évolution de la société... mais il a assez peu de convictions personnelles.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Manuel Valls vient de rentrer dans une aventure terrifiante dont il aura du mal à sortir politiquement vivant. Son ambition est donc de gagner le primaire et après, de battre François Fillon au premier tour de la présidentielle, pour ensuite affronter Marine Le Pen.

Le projet est assez délirant puisque lors de la primaire de gauche, il va affronter ce qui reste du Parti socialiste, dont la majorité a juré de lui faire la peau pour crime de lèse-majesté, et pour haute trahison idéologique.

Ses adversaires à la primaire sont, en gros, toutes les personnalités du PS avec lesquelles il s’est fâché pendant le quinquennat pour désaccord de fond sur la stratégie de gouvernement.

Les attitudes et les projets de Manuel Valls, Premier ministre, ont gonflé les bataillons d'opposants au sein du Parti socialiste. L’extrême gauche et le front de gauche, les écologistes, les frondeurs etc. ont accrédité l’idée dans l’opinion que la politique conduite par Manuel Valls était contraire aux engagements socialistes pris par le président (ce qui est vrai). Mais ils vont aussi tous expliquer en boucle que si le gouvernement n’a pas obtenu de résultats, c’est parce que les engagements n’ont pas été respectés.

Manuel Valls lui, et ses quelques amis, ont expliqué que c’est parce qu’il n’était pas allé assez loin dans la réforme sociale-libérale.

Le Premier ministre n’a pas manqué alors de souligner qu'il y avait désormais deux gauches irréconciliables.

Dans ces conditions, Manuel Valls a deux solutions pendant cette primaire.

Ou bien il renie ce qu'il a fait jusqu'à maintenant, et donne des gages à la gauche pour essayer de la récupérer : c’est impossible.

Ou alors, il assume la mutation sociale libérale qu’il a démarrée en se plaignant de ne pas aller plus loin et plus vite. Dans ce cas, il fait le pari qu’il existe à gauche une majorité d’électeurs qui aspirent à un changement qui prendrait en compte les contraintes de la modernité.

C’est possible, sauf que les électeurs de gauche qui s'inscrivent dans cette logique de progrès ont déjà rejoint Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron est le candidat le plus dangereux pour Manuel Valls. D’abord parce qu’il ne va pas s’épuiser dans une primaire incroyablement violente.

Ensuite parce qu’il s’est désolidarisé du gouvernement depuis six mois. Il a pris des risques en pariant que François Hollande ne serait pas candidat et il a eu raison.

Enfin, son offre politique est intéressante parce qu'il présente à la gauche des options libérales en économie, libérales dans l'organisation même de la société mais assez sécurisantes socialement.

Une telle offre peut être tolérée par la gauche et acceptée par la droite traditionnelle ou le centre, pour qui les résultats économiques règlent tout ou presque.

L'offre de François Fillon est très libérale sur le front de l’économie. Son objectif est de faire redémarrer la machine, mais il n’a pas encore finalisé le volet social de sa politique.

Emmanuel Macron et François Fillon sont tous les deux habités par des convictions très fortes.

Manuel Valls, dans cette entreprise, a plus d’intuitions que de convictions. Il a beaucoup appris auprès de Michel Rocard : le respect des faits, le pragmatisme, la nécessité de produire des richesses avant de les redistribuer. Il sait qu’un mécanisme de redistribution trop généreux peut être dissuasif de la production. Il a, ces dernières années, bien compris le rôle de l’entreprise, il a dit et répété qu’il aimait les entreprises. Il a bien compris la  nécessite d’abandonner les vieilles recettes de la relance Keynésienne, chères à tous les socialistes, d’où le CICE et la loi Travail.

Ceci dit, Manuel Valls n’a pas expliqué le projet global qu’il avait pour la France. Dire qu’on aime l’entreprise ne tient pas lieu de conception générale qu'on peut avoir de l’économie de marché.

Or c’est bien la question que pose l’attitude de la gauche. Quelle économie de marché, quelle place de l'Etat, quelle Europe, quel accompagnement ou quelle régulation pour le digital dans un monde complètement ouvert et qu’il faut bien assumer avec autre chose qu’un slogan du "made in France" ?

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