Manouchian enfin au Panthéon<!-- --> | Atlantico.fr
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Missak Manouchian fera son entrée au Panthéon le 21 février 2024, soit tout juste 80 ans après sa mort, a précisé l'Elysée.
Missak Manouchian fera son entrée au Panthéon le 21 février 2024, soit tout juste 80 ans après sa mort, a précisé l'Elysée.
©Ludovic MARIN/AFP

Ce n’est pas trop tôt

Mais pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Son nom a été rendu célèbre par l’Affiche Rouge. C’était une affiche de la propagande de Vichy qui dénonçait « l’armée du crime ». Sur cette affiche, ils étaient 24 avec lui.

Presque tous juifs (à l’exception notable de Manouchian, qui était arménien). Tous fusillés mais pas la femme qui était avec eux, Olga Bancic, qui fut décapitée. Ainsi le voulait le code de la Wehrmacht.

Pendant longtemps, le Parti communiste, dont ils étaient sympathisants ou membres, passa leur mort héroïque sous silence. Le PC ne voulait pas apparaître comme le parti des étrangers. On l’appelait déjà le « parti de Moscou ». Il lui fallait être français, rien que français.

Puis, ce silence fut rompu par un poème d’Aragon. Léo Ferré le chanta. Ainsi l’Affiche Rouge fut immortalisée. Si je peux me permettre une note personnelle, mon père fut le chef politique de Manouchian. Il ne fut pas pris par les Brigades Spéciales de Vichy qui secondaient efficacement la Gestapo. 

Un jour, grâce à ma filiation, je fus convié pour parler de l’Affiche Rouge dans une ZEP de Sarcelles. La prof d’histoire qui m’avait convié m'a demandé d’insister sur le fait que les martyrs de l’Affiche Rouge « étaient immigrés et étrangers ». « Ça va plaire à mes élèves », m’a-t-elle dit. Puis elle a ajouté : « Mais surtout, ne dites pas qu’ils étaient juifs ». « Mais pourquoi donc ? », ai-je demandé. Réponse : « Parce que la plupart de mes élèves sont arabes ». J’ai fait immédiatement demi-tour. 

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