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Philippe Juvin, Michel Barnier, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Bruno Retailleau après une réunion du parti Les Républicains, le 20 juillet 2021
Philippe Juvin, Michel Barnier, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Bruno Retailleau après une réunion du parti Les Républicains, le 20 juillet 2021
©LUDOVIC MARIN / AFP

Objectif 2027

Entamée depuis l'été, la course à la présidence des Républicains masque une autre compétition cruciale pour l'avenir de la droite. Les premières étapes du processus de désignation du candidat LR pour l'élection présidentielle de 2027 ont déjà débutées.

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Atlantico : Lors de sa rentrée politique au mont Mézenc, Laurent Wauquiez, l’ex-patron de LR a pris la parole pour appeler la droite à « préparer dès aujourd’hui l’après-Macron ». « Nous devons prendre de la hauteur, se remettre en question, mobiliser les forces du sursaut pour réussir le grand rendez-vous de 2027 ». Se projeter dès aujourd'hui sur la prochaine présidentielle de la manière dont le fait Laurent Wauquiez est-il la chose à faire ? Est-ce prématuré ?

Maxime Tandonnet : 2027, c’est infiniment loin pour les Français confrontés aux difficultés quotidiennes, l’insécurité, l’inflation, les fins de mois à boucler, les difficultés scolaires… Ils se sont massivement abstenus aux dernières élections nationales, présidentielles et législatives. Comment voulez-vous les mobiliser sur une échéance si éloignée ? Parler du grand rendez-vous de 2027 n’a guère de sens pour l’instant. L’effet peut même se révéler contre-productif en aggravant l’image d’obsession carriériste de la classe politique. Dans un contexte national et international extrêmement instable, beaucoup de choses vont inévitablement se produire en cinq ans. Un pays qui souffre et s’inquiète, ballotté d’une angoisse à l’autre (Covid 19, Ukraine, climat, sécheresse, etc.) risque bien au contraire de s’indigner d’entendre déjà parler des élections présidentielles de 2027 !

Laurent Wauquiez dit vouloir « sillonner le pays » au cours des prochaines années afin d’y «trouver des idées neuves» en vue de cette échéance à laquelle il consacrera «toute [son] énergie et [sa] détermination ». Le parti peut-il faire l’économie de la construction d’un vrai projet/d’une identité ?

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La situation est évidemment préoccupante pour le parti LR. Après son effondrement des présidentielles, à moins de 5% et son relatif échec des législatives – perte d’une soixantaine de sièges – sa survie est en jeu sur le plan national. Seulement 16% de l’électorat en a une opinion plutôt positive, selon l’enquête Fondapol du 30 août. L’opinion n’a jamais été aussi à droite mais la droite classique est de plus en plus clairemment écartelée entre un RN en voie de « dédiabolisation médiatique » et le macronisme. Il faut dire la vérité : la droite classique est devenue inaudible en ce moment. Dans un tel contexte, les jeux d’ambitions personnelles paraissent dangereusement décalés. La question n’est pas de désigner un candidat. Elle est plutôt dans la définition de la ligne, le renouvellement de l’image, le retour de la confiance. Quel est le message ? Quelle est la ligne ? quelle est l’identité ? Qu’est-ce que la droite classique peut proposer aujourd’hui qui la distingue de la démagogie extrémiste d’une part et de l’esbroufe autocratique d’autre part ? Et comment dénoncer l’une et l’autre, fermement et sans concession en des termes suffisamment convaincants ? C’est toute la question !

Vouloir se  poser comme le candidat désigné avant d’avoir statué sur la ligne du parti, n’y a-t-il pas un risque de faire les choses dans le désordre ?

Se présenter aujourd’hui comme le candidat désigné pour la présidentielle de 2027 serait probablement suicidaire. La droite classique veut-elle se suicider une fois pour toute ? Cinq ans à l’avance, il est absolument impossible de savoir quel candidat LR pourrait porter les espoirs de la droite classique en fonction de l’état du pays et de l’opinion qui prévaudra alors. Pire : la désignation d’un candidat aujourd’hui raviverait la guerre des chefs et offrirait aux adversaires de la droite classique une cible désignée de tous les mauvais coups. Ce qu’on peut espérer de mieux, ce serait qu’un homme ou qu’une femme politique issu de la droite classique – et n'ayant trempé ni avec le macronisme ni avec le lepénisme – parvienne à cristalliser une espérance autour de lui et entraîner l’opinion en dépassant les frontières partisanes. Mais cela ne peut être le fait que d’un phénomène naturel ou spontané autour de la psychologie de foule. Ce qu’il faut, c’est s’adresser à l’opinion publique, notamment à l’immense majorité des abstentionnistes pour mener la bataille de la crédibilité : regagner la confiance populaire donner à la droite classique une nouvelle identité (un nom ?), la rebâtir sur les idées. Plus que d’un programme précis (un de plus !), la droite classique a besoin de définir son message au pays. Celui de la démocratie française – rendre le pouvoir au peuple – me semble s’imposer à l’évidence.

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