LeWeb 2013 : ce qu'Internet aura (encore) changé à nos vies dans 10 ans

Atlantico : LeWeb fête cette année ses dix ans d'existence. Quel regard portez-vous sur les évolutions qu'a connues Internet ces dix dernières années ?

Franz Caduc : Quand vous regardez tous les thèmes abordés par les dernières éditions de LeWeb, on constate qu’ils révèlent à juste titre ce qui s’est passé sur Internet ces dix dernières années. Il y a trois ans, par exemple, LeWeb a abordé le thème du Social Local Mobile (SoLoMo), très révélateur des évolutions auxquelles on a assisté ces dernières années à l’instar de l’émergence des réseaux sociaux, des applications mobiles…La dernière édition de LeWeb à Londres a également permis d’aborder l’aspect du sharing economy. Toutes ces évolutions ont principalement attrait à l’interconnexion.

Le thème de l'édition 2013 de LeWeb est "The Next 10 years". Doit-on s'attendre à des révolutions majeures en termes de technologies au cours de la prochaine décennie ? Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent ? 

Parmi les grandes tendances, on peut penser aux objets connectés qui permet d’analyser comment ces technologies vont faire évoluer la façon dont on vit, interagit…Cela va impacter directement notre vie quotidienne, et pas seulement les acteurs économiques du secteur. Une deuxième tendance est à souligner pour les industriels :la 3D en tant qu’innovation d’impression.

On peut également citer, parmi les tendances qui vont émerger, le crowd-sourcing en matière de financement. Les entrepreneurs vont pouvoir ainsi y avoir de plus en plus recours. Ceci va bouleverser le business model plus classique des secteurs reposant sur les business angels. Il sera intéressant de voir comment les investisseurs vont réagir à ces nouvelles tendances.

Toutes ces grandes tendances constituent des révolutions en ce sens qu’elles ont un impact sur le business model  traditionnel des industries. L’économie de partage impacte également un nombre très important d’économies. Prenons l’exemple d’Airbnb, qui influence considérablement l’industrie hôtelière.

Selon vous, quel visage aura Internet dans dix ans ? 

Sans faire de la prospective à très haut niveau, il est évident qu’il y aura de plus en plus de technologies similaires à celle utilisée pour les Google Glass. Peut-être nous promènerons-nous tous avec des Google Glass dans la rue. Quoi qu’il en soit, il est certain que leur ergonomie sera améliorée par rapport à la première version.

De même, l’usage des virtual currencies, à l’instar du Bitcoin, sera plus répandu, au point de devenir probablement une norme d’utilisation.

Les évolutions technologiques qu’on voit aujourd’hui vont donc se généraliser dans dix ans. Face à cela, il y a des enjeux qu’il faudra prendre en compte à l’instar de la protection de la vie privée. Ceci va avoir un impact sur la manière dont ces technologies vont se développer. Cet enjeu va devenir d’ailleurs de plus en plus important au regard du scandale suscité récemment par la NSA.  

LeWeb est un évènement qui réunit à la fois de grands noms de l'industrie d'Internet, mais également de jeunes entrepreneurs encore inconnus. Le Web se conçoit-il comme une pépinière à talent ? A-t-il vocation à trouver le nouveau Steve Jobs ? 

Oui, tout à fait. Nous avons une compétition de start-ups très reconnue, qu’il s’agisse de celle de Paris ou de Londres. Pour cette nouvelle édition parisienne, nous avons reçu plus de 750 candidatures pour provenant de 54 pays différents, parmi lesquels sont représentés tous les pays européens. Sur les seize demi-finalistes, on compte des sociétés européennes, mais également des sociétés américaines et une société japonaise.

Ce nombre significatif de candidatures s’explique par le fait que la compétition de start-ups de LeWeb compte énormément.Si on regarde le parcours des vainqueurs des précédentes éditions, les entreprises lauréates ont fait un joli parcours : l’entreprise Waze, qui a remportée l’édition 2010, a été rachetée par Google pour 1,3 milliards de dollars ; le lauréat 2012, Be-Bound, a réussi à lever près d’un million d’euros.

Certains reprochent à l'économie du numérique d'avoir créé une nouvelle forme de prolétariat. Comment en sortir ?

De la même façon que dans les industries classiques, comme l’industrie textile par exemple, on a toujours fait faire des choses à faible valeur ajoutée dans des pays où le coût de la main-d’œuvre est plus faible. Voyons plutôt le côté positif des choses : Internet est une formidable opportunité de création d’emplois à forte valeur ajoutée pour les jeunes, et notamment en France, dans un contexte de stagnation économique où les emplois dans les grosses entreprises se font de plus en plus rares.

Ce phénomène du traitement des données numériques par les pays où la main-d’œuvre est bon marché existe depuis un certain temps. A cela s’ajoute le fait qu’il y a de plus en plus de tâches qui sont automatisées. Dans le même temps, certains de ces pays sont réputés dans le développement de start-ups à forte valeur ajoutée. C’est le cas de l’Inde notamment mais aussi de l’Afrique.

Dans toute révolution industrielle, vous avez des pays qui, en se développant, acquièrent une plus grande expertise de leurs activités à forte valeur ajoutée. Aujourd’hui, la concurrence pour les innovations technologiques et l’Internet est vraiment mondiale.

Comment voyez-vous la part d'internet dans l'économie évoluer dans les prochaines années ?

Je ne sais pas ce qu’on appellera la part d’Internet car Internet est partout. Dans toutes industries, la part que représente Internet est de plus en plus importante. D’ailleurs, les sponsors de LeWeb viennent de toutes les industries, à l’instar de Renault, qui depuis plusieurs années est l’un de nos plus gros sponsors alors qu’il ne s’agit pas d’une industrie du secteur à proprement parler. Ceci s’explique par le fait que des entreprises comme Renault ont besoin d’être en relation avec les développeurs Web et avec la communauté Internet dans son ensemble pour comprendre comment faire évoluer la voiture de demain par exemple.

Propos recueillis par Thomas Sila