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Les Républicains : Laurent Wauquiez affine sa ligne...  et creuse le fossé avec l'autre droite
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Irréconciliables ?

Le Conseil national des Républicains, ce samedi, a été marqué par l’affrontement à fleurets mouchetés entre la droite "plus conservatrice" de Laurent Wauquiez et celle "progressiste" représentée par Valérie Pécresse.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Changement d'ère chez les Républicains. Laurent Wauquiez, élu à la tête du parti avec près de 75% des voix en décembre dernier, a réuni le premier Conseil national du parti et désigné les membres des instances (Bureau Politique et Commission d'Investiture) qui vont l'entourer. C'est toujours un moment délicat dans la vie d'un parti, car c'est celui où le nouveau chef imprime sa marque, et il y a forcément des promus heureux et des évincés furieux. Si l'ère de l'UMP était déjà forclose en raison des départs ou mises en retrait des fondateurs (Alain Juppé, Dominique Bussereau, Jean-Pierre Raffarin) de ce qui se voulait le parti unique de la droite et du centre, la page Sarkozy est elle aussi tournée même si Laurent Wauquiez a largement puisé dans le programme (préconisé mais non appliqué) de l'ancien président.

Ce premier conseil national a surtout  permis au nouveau chef de clamer "qu'il n'y a qu'une droite". C'est son credo, mais samedi c'était  avant tout  la réponse à Valérie Pécresse venue dire à la tribune qu'il y a "deux droites, une droite plus conservatrice" (celle de Wauquiez), "et une droite plus progressiste" (la sienne), "une droite plus protectionniste et une droite plus ouverte, une droite plus souverainiste et une droite plus européenne, une droite plus rigoureuse et une droite plus généreuse". La présidente de la Région Ile-de-France qui, à l'inverse de Xavier Bertrand, n'a pas quitté LR, tout en prenant ses distances, a créé son propre mouvement "Libres" ; elle est venue solliciter le statut de mouvement associé, ce qui lui a été accordé. Accueillie par des huées, et sifflée à de nombreuses reprises, elle ne s'est pas laissée démonter, mais on a du mal à imaginer une future association fructueuse tant le fossé qui sépare désormais les deux leaders semble grand.

Pour l'heure les militants ont choisi : c'est la ligne Wauquiez qui l'a emporté. Fort de pouvoir rappeler qu'il avait  eu raison avant tout le monde "sur le fossé qui se creusait entre l'Europe et les peuples, les questions identitaires, sur l'assistanat", le nouveau patron de LR a martelé "la droite ne sera plus une "non gauche" La droite doit retrouver sa colonne vertébrale… Nous devons forger le nouveau logiciel de la droite". Pour l'heure, il s'agit essentiellement d'un programme : "le patriotisme économique, en défendant mieux nos entreprises et en fermant notre marché à ceux qui ferment le leur à nos produits... La droite ne doit plus présenter de programme d'augmentation d'impôts, Il faut avoir le courage de sortir des 35h", a-t-il encore ajouté. Dans le domaine social  Laurent Wauquiez  dit non à la solidarité avec les étrangers n'ayant jamais cotisé. Seule différence avec certains programmes de la droite, et notamment celui porté par François Fillon lors de la présidentielle de 2017 : Laurent Wauquiez  rejette un "démantèlement de l'assurance maladie". A ce propos on devine la concession faite au président du Sénat Gérard Larcher qui soutient la démarche du président de LR et  qui avait vainement demandé à François Fillon de réviser son  programme  sur ce point au moment de la présidentielle.

Au chapitre immigration, le président de LR demande la remise à plat de la politique migratoire ; il s'insurge  contre l'augmentation du nombre de titres de séjours délivrés en France et s'en prend vivement à Emmanuel Macron, accusé de pratiquer la fuite en avant en préconisant l'élargissement de l'Union  Européenne aux pays des Balkans. Laurent Wauquiez est favorable à un noyau dur de douze pays européens, et cite Charles Pasqua et Philippe Séguin, qui s'étaient désolidarisés de ligne du RPR en son temps sur cette question... Enfin, sur le plan de la Sécurité, "nous demandons l'abaissement  de la majorité pénale pour répondre  une violence de plus précoce", a-t-il précisé. C'est le cadre qu'il fixe pour des "débats animés".

La composition des instances contestée

"Le débat ne doit jamais être une déchirure", a déclaré pour sa part le président du Sénat, Gérard Larcher qui a apporté son appui à l'action de Laurent Wauquiez. Avec l'ancien président de l'assemblée Nationale, Bernard Accoyer, il est un des rares anciens dirigeants de l'UMP à afficher son appui au nouveau dirigeant. Dans l'immédiat Laurent Wauquiez est vivement attaqué par ses anciens challengers Florence Portelli (qui a boudé le Conseil National), et Maël de Calan. A eux deux ils ont réuni 25% des voix mais n'ont aucun représentant dans les instances (à part eux même)." Je ne me reconnais pas dans sa démarche. Il parle efficacement à la base qui est de plus en plus restreinte" déclarait hier Maël de Calan qui a quitté le Conseil avant le discours de clôture du chef. Dans la foulée de la publication de la liste du BP et de la CNI, le  sénateur de Seine-Saint-Denis Philippe Dallier, vice président du Sénat,  écarté de la Commission d'Investiture, a aussitôt démissionné de son mandat de président de la Fédération LR de son département. La nouvelle sénatrice de l'Essonne, Laure Darcos subit le même sort, tout comme Jean-François Copé qui ne siègera au Bureau Politique qu'au titre d'ancien secrétaire général. "Je ne laisserai plus les petites chapelles et les querelles d'égos affaiblir notre famille politique. Je ne distribue pas de  postes aux enchères pour acheter le silence des uns ou des autres... le temps des écuries est révolu", a martelé Laurent Wauquiez devant une salle acquise a applaudi. Valérie Pécresse qui l'avait  précédé, s'était, elle référé à Nicolas Sarkozy en le citant : "quand la droite se rétrécit, elle perd". Elle  avait été sifflée quand elle avait déclaré être convaincue que "deux  droites sont réconciliables". Pour l'heure cela n'en prend pas le chemin et la première réponse viendra au moment des élections européennes. Même si le monde change, l'Europe reste un sujet de controverse éternel pour la droite.

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