"Les monuments de Paris" de Violaine Huisman : à la recherche de son illustre ascendance, Violaine Huisman remonte le temps. Un beau récit<!-- --> | Atlantico.fr
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"Les monuments de Paris" de Violaine Huisman est publié aux éditions Gallimard.
"Les monuments de Paris" de Violaine Huisman est publié aux éditions Gallimard.
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Le livre "Les monuments de Paris" de Violaine Huisman est publié aux éditions Gallimard.

Elisabeth Autet pour Culture-Tops

Elisabeth Autet pour Culture-Tops

Elisabeth Autet est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"Les monuments de Paris" 

De Violaine Huisman

Gallimard

Publié le 4 janvier 2024

279 pages

Prix 19 €

Notre recommandation : 4/5

THÈME

Les Monuments de Paris retracent les heures sombres et lumineuses de la famille juive de l’auteur. Il s’agit ici des Huisman, père et fils : Georges (1889-1957) et Denis (1929- 2021).Pour Violaine Huisman, Georges son grand-père et Denis son père sont des “Monuments de Paris”. Georges fut homme politique, haut fonctionnaire, historien. Denis, lui, fut homme d’affaires, philosophe, auteur d’un manuel de philosophie, professeur d’université et créateur de grandes écoles dont la première École française des Attachés de presse. 

Après des décennies en Amérique, Violaine revient à Paris pour se rapprocher de son père nonagénaire dont la fin approche. Par ce livre, elle lui rend hommage alors qu’il vient de décéder. Violaine s’adresse à ce père hors normes, flamboyant et hâbleur, marié 3 fois et père de huit enfants nés de quatre lits différents. Dans cette fratrie échelonnée sur 30 ans, elle est la petite dernière, « le petit ange ». Elle se souvient de ce père homme à femmes et homme secret. Un homme que l’on peut autant admirer que détester et qui cache une fêlure. 

En s’adressant ainsi à lui, Violaine remonte à la figure de l’autre grand homme, Georges cet « esthète sincère… petit juif parti de rien ». Ce grand-père qui fut une personnalité importante dans la vie culturelle d’avant la guerre de 1940. En compagnie d’hommes politiques, il connaîtra la reconnaissance de ses pairs puis, bousculé par l’Histoire, sera un homme déclassé. L’enfance de Denis se passera dans une aile du palais de l’Elysée, sous la présidence de Paul Doumer. Ce sera le Front Populaire avec Léon Blum. Georges Huisman vit parmi différentes personnalités, Jean Zay, Pierre Mendès-France, Georges Mandel. C’est une vie tant dans la maison de campagne à Valmondois mais aussi en Bretagne dans la propriété de l’Arcouest, une vie foisonnante pour ces intellectuels et hommes politiques : moments privilégiés, mondains, mais aussi vie de séducteur pour Georges ! Une vie agitée (la rencontre avec Choute, une jeune duchesse dont Georges sera très épris). 

En prévision de l’Exposition Universelle de 1937, Georges Huisman qui est Directeur des Beaux-Arts (l’équivalent du Ministère de la Culture) lance de grands travaux : la construction de l’Esplanade du Trocadéro, des Palais de Chaillot, de la Découverte. Il fait rentrer dans les Musées des œuvres avant-gardistes, se lie d’amitié entre autres avec Fernand Léger. Il lancera le Festival de Cannes. L’arrivée des Allemands à Paris en 1940 lui fait organiser un grand déménagement de nombreuses œuvres d’art vers des propriétés en zone libre. En 1940, en compagnie de hauts fonctionnaires, Georges Huisman embarque à Bordeaux sur le Massilia afin de sauver des œuvres majeures ainsi que sa famille des mains des nazis. Le Massilia en partance pour Alger, abordera finalement Casablanca au milieu d’une foule hostile. 

Les juifs sont traqués comme ceux qui ne veulent pas se soumettre à l’occupant avec Pétain. La famille Huisman passera la guerre, terrée à Marseille, vivant dans une certaine misère. C’est sans doute à cette époque que Denis Huisman prendra conscience de sa judéité. Au lendemain de la guerre, la vie reprendra ; la famille aura été spoliée de ses biens, Georges spolié de « sa construction » du Festival de Cannes. Des amis le trahiront. Est-ce pour cela que Denis Huisman aura besoin tant dans sa vie professionnelle que privée d’en faire toujours plus ?

POINTS FORTS

Le portrait sans concession de Denis Huisman. Violaine ne cache rien de la vie de son père. Rien, jusqu’à son hygiène douteuse !

La description de son enfance et son adolescence, toutes deux ballottées : Violette ne pardonne pas à son père d’avoir abandonné sa mère bi-polaire, merveilleuse et qui se suicidera.

L’histoire de Georges : fils d’immigrés juifs illettrés qui fera des études à l’Ecole des Chartes et deviendra une personnalité majeure de la vie culturelle d’avant-guerre.

Les périodes de l’Histoire : le Front Populaire, la Seconde Guerre mondiale avec le nazisme, puis les Trente Glorieuses.

La belle écriture de Violaine Huisman nous plonge, avec émotion, dans ce récit familial qui traverse le XXème.

QUELQUES RÉSERVES

La narration des deux vies de son grand-père et de son père dans un récit parfois confus.

ENCORE UN MOT...

En évoquant les vies de Georges et Denis Huisman, l’auteure met en miroir la sienne.

UNE PHRASE

« L’outrance, le trop, le toujours plus, l’hubris a été ton mode opératoire, ton équilibre. Tu avais déjà cinquante ans quand je suis née, tu étais alors riche et célèbre, débordant d’activités, tu te distinguais par ta flamboyance et ta façon de n’être jamais dans les clous. » P. 31

« Être juif, est une évidence, mais une évidence médiocre. Ce serait plutôt une absence, une inquiétude : une certitude, abstraite, lourde, insupportable : celle d’avoir été désigné comme juif ». p. 120

L'AUTEUR

Violaine Huisman est née en 1979. Son premier livre Fugitive parce que reine ( Gallimard, 2018) mettait en scène sa mère.

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